Séries

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L’Amour flou

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Par Phil Inout

Le Pitch

Après 10 ans de vie commune, deux enfants adorés et un chien. Romane Bohringer  et Philippe Rebbot se sont séparés… En continuant à habiter (presque) ensemble dans deux appartements mitoyens.  De cette aventure singulière, ils ont fait un film sorti en 2018 : L’AMOUR FLOU. Depuis,  ils sont installés dans cette drôle de vie, qui par bien des aspects, se révèle miraculeuse : la menace de se séparer n’existant plus puisque c’est fait, les tensions entre Philippe et Romane semblent avoir disparu et ils parlent désormais le langage de l’amitié. Les enfants, quant à eux, semblent baigner dans le bonheur, leurs deux parents à portée de main. Mais le quotidien de la famille Rebbot-Bohringer est toujours aussi fou et flou.

Ce qu’on en pense

Bonne surprise de l’année 2018, L’Amour flou (le film) racontait comment le couple Bohringer-Rebbot avait inventé le concept de « Sépartement«  : deux appartements séparés mais communicants par la chambre des enfants, pour continuer à élever leurs enfants ensemble tout en étant séparés. On y découvrait le quotidien,  effectivement assez flou,  du couple d’acteurs,  dans des scènes de pure comédie inspirées de leur propre vécu. Comme ils ont apparemment poursuivi l’expérience depuis , l’idée d’en faire une télé réalité ou une série trottait dans la tête des producteurs. On ne sait pas s’ils ont fait le bon choix,  mais voici donc la série dérivée du film,  avec les Bohringer-Rebbot (parents, enfants, grands parents, chien) dans leur propre rôle et quelques acteurs (dont l’excellent Eric Caravaca) dans celui des amants, voisins et commerçants du quartier. Si on n’a pas vu le film, la découverte de cette vie de famille originale occupera agréablement les premiers épisodes. Si on l’a vu, on risque d’être déçu. L’humour y est plus appuyé,  avec des scènes qui se veulent burlesque mais qui s’avèrent plutôt génantes,  comme quand Romane va s’acheter des sextoys. L’actrice se filme en quadra frustrée, fauchée, mal fagotée et obsédée par son poids. Rebbot est montré comme un traine savate, chômeur, alcoolo et dragueur, Richard Bohringer a l’air misérable sur son lit d’hopital,  les enfants jouent mal, le chien est malade et les situations se répètent d’un épisode à l’autre. On ne renouvelera pas le bail.

VTC

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Par Phil Inout

Le pitch

Chauffeuse de VTC, Nora (Golshifteh Farahani) est dans une situation extrêmement précaire : accro aux amphétamines, elle vit dans sa voiture en attendant de réunir l’argent nécessaire pour louer un petit appartement et obtenir la garde partagée de sa fille. Quand son frère Ben (Vincent Heneine), lui-même chauffeur, a un accident, Nora se propose de livrer un colis urgent à sa place. Sans s’en douter, elle vient de se mettre au service d’un dangereux réseau.

Ce qu’on en pense

La délicieuse Golshifteh Farahani (Un Divan à Tunis, Invasion, Tyler Rake) est la tête d’affiche de cette petite série imaginée par Julien Bittner autour d’une « taxi driveuse » sous amphètes  qui sillonne la nuit parisienne et dort dans sa voiture en attendant de pouvoir se payer un studio. Mélée malgré elle à un mystérieux trafic assorti de règlements de comptes sanglants, elle va devoir sauver sa peau (et sa licence de VTC) au cours d’une nuit de tous les dangers.  Paris la nuit, superbement filmé,  est l’autre personnage principal de la série qui dispense une ambiance à la Drive (musique électro comprise)  pour un scénario minimal et sans surprise. Dix courts épisodes de 20 minutes suffisent à torcher l’affaire,  qui ressemble plus à un ballon d’essai qu’à une oeuvre véritablement aboutie. On aurait volontiers laissé tourner le compteur pour passer un peu plus de temps avec Nora/Golshifteh.

Impeachment

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Par Phil Inout

Le pitch

Mutée de la Maison Blanche à un poste subalterne au Pentagone suite à l’affaire Whitewater et au suicide de son patron, la secrétaire Linda Tripp (Sarah Paulson) remâche sa vengeance. Quand la jeune Monica Lewinsky (Beanie Fledstein) arrive dans son service et lui raconte qu’il lui est arrivé la même mésaventure,  à cause de ses « relations » avec Bill Clinton (Clive Owen), Linda va tout faire pour que le scandale éclate. L’occasion se présente alors que l’équipe du Président tente d’étouffer l’affaire Paula Jones (Analeigh Ashford), une autre jeune femme victime du donjuanisme maladif de l’ex- Président…

Ce qu’on en pense

Après L’Affaire OJ Simpson et L’Assassinat de Gianni Versace, la 3e saison de la série American Crime Story s’intéresse au scandale Monica Lewinsky, qui faillit faire destituer Bill Clinton. Ryan Murphy est particulièrement à son affaire dans cette saison,  qui met en scène des personnages haut en couleurs et des situations scabreuses sur fond d’intrigues politiques. Sarah Paulson est méconnaisable dans le rôle de la secrétaire revancharde Linda Tripp,  par laquelle le scandale éclata. La débutante Beanie Feldstein campe une Monica Lewinsky naïve et manipulée par sa collègue de travail (la vraie Monica co-produit la série). Annaleigh Ashford joue une Paula Jones un peu caricaturale et Clive Owen un Bill Clinton fantômatique et assez peu ressemblant malgré plusieurs couches de maquillage. De ce côté-ci de l’Atlantique,  l’affaire Lewinsky a pu se résumer au fameux « sucer n’est pas tromper » qui fut la ligne de défense du président aussi bien auprès de sa femme Hillary que du Grand Jury. Mais aux Etats-Unis, le scandale a pris des proportions homériques et la série en rappelle les tenants et les aboutissants avec une vraie gourmandise. Ca va à 100 à l’heure, les acteurs s’éclatent visiblement à jouer des personnages réels aussi délirants  (Sarah Paulson notamment,  dans une performance transformiste à la Merryl Streep) et on peine à croire que tout est vrai, ce qui est pourtant le cas. On n’en attendait pas moins vu le sujet , mais cette saison s’avère particulièrement… jouissive !  

Scenes From a Marriage

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Par Phil Inout

Le Pitch

Mira (Jessica Chastain) et Jonathan (Oscar Isaac) vivent confortablement  dans une banlieue résidentielle des Etats-Unis. Elle a un poste haut placé dans une société de technologies et lui enseigne à la fac et s’occupe de leur fille lorsque Mira doit voyager pour son boulot. Justement une fusion se profile avec une boite israélienne qui risque de beaucoup accaparer la jeune femme et de bouleverser la vie du couple… 

Ce qu’on en pense

Comme son titre le laisse deviner, Scenes From a Marriage est l’adaptation US de la mini-série éponyme (devenue un film)  d’Ingmar Bergman qui radiographiait sans concession toutes les étapes de la vie (et de la mort) d’un couple lambda. En faire une mini série moderne était un pari risqué, vu la dévotion quasi religieuse qu’inspire l’oeuvre de Bergman.  L’israëlien prodige Hagai Levi (Our Boys, BeTipul, In Treatment)  y réussit pourtant au delà de toute espérance. Bien aidé, il est vrai,  par le formidable couple de cinéma que forment Jessica Chastain (qui coproduit la série) et Oscar Isaac.   Chaque épisode est introduit par un plan séquence montrant les acteurs se mettre en place pour le tournage,  puis l’épisode démarre comme si de rien n’était. Une mise en abyme qui permet de marquer le respect dû à l’oeuvre de Bergman : oui il s’agit bien d’un remake et on vous le montre.  Dans le premier épisode, une étudiante qui prépare une thèse sur les couples monogames vient interroger Mira et Jonathan. Lui se répand  en confidences alors qu’ elle reste sur sa réserve, l’air préoccupée.  Effectivement,  il y a de la tempête dans l’air: le deuxième épisode nous plonge directement dans le drame. Mira a un amant et a prévu de partir avec lui séance tenante. Désir, jalousie, poly amour, frustration, lassitude, haine, divorce,  réconciliationToutes les phases d’une relation de couple sont explorées à travers les discussions entre les deux protagonistes qui n’en finissent pas de se prendre la tête. Ce pourrait être saoulant ou plombant : ça ne l’est jamais,  grace au talent des deux acteurs et à celui du réalisateur, dont la caméra circule autour d’eux avec une virtuosité époustouflante. Une des grandes séries de l’année, à n’en pas douter. Mais à ce niveau de cinématographie, peut-on encore parler de série? Plus qu’une mini-série, Scenes From a Marriage est un grand film.

Sermons de minuit

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Par Phil Inout

Le Pitch

Sur la petite île reculée de Crockett, la vie est si tranquille que cela en devient presque inquiétant. Mais avec l‘arrivée d’un jeune prêtre mystérieux et charismatique (Hamish Linklater) , les habitants  font l’expérience d’événements miraculeux et de terrifiantes manifestations...

Ce qu’on en pense

Après les excellents  The Haunting of Hill House et The Haunting of Bly ManorMike Flanagan confirme avec Sermons de minuit qu’il est bien le Stephen King de la mini-série. La série débute avec la libération de Riley Flynn (Zach Gilford) un enfant de Crockett Island exilé volontaire sur le continent,  qui vient de purger une peine de prison  pour avoir provoqué un accident mortel alors qu’il était ivre.  Sans emploi, ni ressources, il  retourne vivre chez ses parents et constate que rien n’a changé sur l’île. Les jeunes s’ennuient à mourir, les adultes ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts depuis qu’une marée noire a fait fuir les poissons (la pêche étant l’unique industrie de l’île) et se réfugient à l’église pour prier pour des jours meilleurs. Justement,  là quelque chose a changé : le prêtre de la paroisse, vieux et malade,  a été remplacé par un jeune pasteur sombre et charismatique, le père Paul (formidable Hamish Linklater ) dont les prêches enflammés attirent de plus en plus de monde à l’église. Ce qui réjouit la bigote Bev Keane (Samantha Sloyan, formidable également) qui lui sert de bonne. D’autant plus que de petits miracles commencent à se produire parmi les paroissiens: des vieillards malades retrouvent une seconde jeunesse, une jeune handicapée remarche, les alcooliques renoncent à boire… Evidemment, ça va se gâter sérieusement… L’intégrisme religieux et le discours sur la Foi sont au coeur de cette série qui part un peu dans tous les sens (policier, comédie sentimentale, drame, fantastique…) avant de plonger dans l’horreur pure, avec un final grand guignolesque à souhait. Si on ne craint pas une overdose de bondieuseries et de blablas philosophico-religieux , on peut y aller comme à confesse: Monseigneur Flanagan connaît sa bible du cinéma d’épouvante sur le bout du missel.  A binger le dimanche de préférence.

Maid

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Par Phil Inout

Le Pitch

Alex (Margaret Qualey) quitte Sean (Nick Robinson) du jour au lendemain  pour protéger leur fille de son alcoolisme chronique et de ses accès de violence. Elle se retrouve à la rue, sans le sou et doit accepter un travail de femme de ménage sous payé pour  subsister tant bien que mal. Rêvant de reprendre ses études un jour pour devenir écrivain, elle consigne dans un cahier ses expériences tragicomiques dans les maisons où elle est employée

Ce qu’on en pense

Portée par Margaret Qualey, qui en deux scènes d’auto stop avec Brad Pitt bouffait la pellicule dans le dernier Tarantino (Once Upon a Time… In Hollywood),  Maid est une tentative réussie de fiction prolo à la Ken Loach. La série met en scène une quasi SDF dans ses efforts pour survivre au sein d’un système social ubuesque, archaïque et inhumain. Loin d’être plombante ou misérabiliste, elle dresse le portrait empathique de femmes maltraitées par la vie qui se révèlent être de sacrées guerrières lorsqu’on les pousse dans leurs derniers retranchements. La réalisation est digne d’un bon film indé, avec des trouvailles visuelles comme le décompte de l’argent que gagne (et dépense aussitot) l’héroïne qui s’affiche dans le coin supérieur droit de l’écran,  avec un bruit de caisse enregistreuse et une alarme lorsqu’elle passe dans le rouge. Une série aussi actuelle dans ses thématiques que dans son traitement. A voir

Foundation

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Par Phil Inout

Le Pitch

Quand l’éminent professeur Hari Seldon (Jared Harris) prédit la chute imminente de l’Empire galactiqueles Cleons – une longue lignée de clones d’empereur au pouvoir – craignent que leur règne jusqu’ici inégalé soit compromis. Ils sont forcés dès lors de prendre en compte la potentielle réalité de la perte de leur puissant héritage pour toujours et prennent leurs dispositions pour limiter les dégâts. Le Dr. Seldon et quelques-uns de ses fidèles sont envoyés aux confins de la galaxie pour bâtir la Fondation, un lieu spécial destiné à préserver le savoir de la civilisation, dans l’espoir de sa reconstruction.

Ce qu’on en pense

La plateforme de streaming d’Apple a désormais sa série blockbuster : Foundation, adaptée de la saga futuriste d’Isaac Asimov. De (très) gros moyens ont été déployés pour que la série soit à la hauteur des attentes des fans de science fiction. Foundation est, avec Dune,  l’une des pierres angulaires du genre littéraire. Elle conte les efforts d’un empire futuriste pour résister à la décomposition après des siècles de règne. Réputé inadaptable, le roman d’Asimov est un chef d’oeuvre. Qu’en est-il de la série? Premier constat : l’argent dépensé se voit à l’écran. Visuellement et esthétiquement, Foundation soutient la comparaison avec Star Wars, Star Trek ou Dune. L’histoire est prévue pour se déployer sur 80 épisodes mais les dix premiers font plus que planter le décor. On saute de siecle en siecle et de planète en planète sans souci de cohérence chronologique, ni de perdre des personnages en route . Il faut s’accrocher, mais ça vaut la peine  Le public des plateformes de streaming est-il prêt pour un projet aussi ambitieux ? Les résultats d’audience le diront. En tout cas, avec Foundation, il n’est pas volé.

Germinal

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Par Phil Inout

Le Pitch

Après avoir dû fuir Lille, Etienne Lantier (Louis Peres) se réfugie à Montsou où il est engagé comme mineur. Il rencontre les Maheu et tombe amoureux de leur fille Catherine (Rose Marie Perreault) mais celle-ci est courtisée par Chaval (Jonas Bloquet) et semble lui donner sa préférence. Au contact des mineurs, Etienne se révolte contre la misère dans laquelle ils sont tenus par la Compagnie des Mines. Quand cette dernière décide de baisser les salaires, Etienne pousse à la grève et prend la tête de la contestation. Les semaines s’écoulent, les grévistes affamés luttent, mais sont victimes d’une répression violente. Etienne ne peut cependant renoncer à son idéal ; il sait qu’un jour la force ouvrière, encore en germination, viendra à bout des injustices

Ce qu’on en pense

Cette nouvelle adaptation de l’oeuvre de Zola séduit par sa réalisation moderne (David Hourrègue), son casting qui mélange têtes connues (Guillaume de Tonquedec, Thierry Godard Alix Poisson, Sami Boouajila…) et moins connues (Louis Peres en Lantier, une découverte) et son approche « féministe » du roman et de l’histoire. La reconstitution et la photo sont splendides et les scènes de mines et de révoltes sont trés réussies. La série prend le temps d’installer les differents personnages. L’histoire et le contexte sont bien posés. Les personnages féminins sont mis en avant et la tension monte au fil des épisodes. A part quelques effets de langage anachroniques, cette superproduction franco-belge est une réussite à la hauteur des plus grandes séries historiques internationales.

Octobre

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Par Phil Inout

Le Pitch

Le cadavre d’une jeune femme à la main coupée est trouvé sur une aire de jeux de Copenhague avec, prés du corps, un curieux indice : un bonhomme fait avec des châtaignes et des bâtonnets. L’affaire est confiée à une détective, Naia Thulin (Danica Curcic), en duo avec un inspecteur parachuté d’Europol, Mark Hess (Mikkel Boe Folsgaard). L’enquête prend un tour inattendu  lorsque le médecin légiste (David Dencik) relève sur les chataignes des empreintes appartenant à la fille d’une ministre (Iben Dorner) disparue deux ans plus tôt et donnée pour morte… 

Ce qu’on en pense

Bientôt l’hiver : la saison des polars nordiques est ouverte ! Avec Octobre (The Chestnut Man in english),  les amateurs ne seront pas dépaysés ni déçus. La série Danoise est signée Soren Sveistrup, à l’origine de la série fondatrice du genre, The Killing. Naia Thulin, l’héroine d’Octobre pourrait être la cousine de Sarah Lund, en moins autiste mais aussi paumée. Et elles s’habillent chez le même fripier ! Son adjoint, Mark Hess, n’est pas mal non plus dans le genre autiste. L’enquête avance à mesure que diminue l’animosité entre les deux : l’une est une bosseuse acharnée qui néglige l’éducation de sa fille, l’autre a été mis sur la touche et traine des pieds. Forcément, ça grince.  Les meurtres rituels se succèdent dans une ambiance bien glauque, comme on les aime. Le final est un peu raté,  mais ce n’est pas grave, on a eu notre dose de temps pourri, de pulls moches et de personnages dérangés pour l’hiver.

Validé : Saison 2

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Par Phil Inout

Le pitch
Un an après la mort tragique de Clément, alias Apash (Hatik), William (Saïdou Camara )  et Brahim (Brahim Bouhlel) lancent le label Apash Music pour honorer la mémoire de leur ami. Ils misent tout sur Sara (Laetitia Kerfa), une jeune rappeuse qui, en plus de son combat pour exister en tant que femme dans le rap game, voit son passé trouble ressurgir

Ce qu’on en pense 
Après une saison 1 trés réussie et au final époustouflant, Validé revient en saison 2 avec une nouvelle héroïne Sara (Laetitia Kerfa, convaincante) pour remplacer Apash (Hatik),  dont la mort tragique est actée, contre toute attente.  Toujours  à l’écriture et à la réalisation Franck Gastambide, fait ainsi taire les critiques sur l’image des femmes dans la série. Lunivers du rap français et ses coulisses sont toujours au centre de l’intrigue, qui se délocalise en partie à Marseille. Validé 2 confirme les qualités de la saison 1 :   réalisation punchyBO rap solide, immersion réaliste dans l’univers rap, des cités et de la nuit,  dialogues bien écritscasting réussi et guests bienvenus (Rohff , Amel Bent…)Comme dans la première saison, on a le sentiment que les scénaristes grillent un peu vite leurs cartouches, ce qui fait paraître l’intrigue un peu shématique.  Sans doute l’effet du format 30 minutes. Sinon, on continue à valider. Notamment pour les personnages qui prennent plus d’épaisseur.

Mytho

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Par Phil Inout

Le pitch

Mère et épouse dévouée, Elvira (Marina Hands) se sent devenir de plus en plus transparente aux yeux des siens. Un jour, elle cède à la tentation d’un mensonge énorme et tabou pour retrouver amour et attention. Sa vie en est transformée… En psychodrame !

Ce qu’on en pense

On n’a pas souvenir qu’une série française se soit vraiment frotté à la dramédie loufoque et surréaliste avant Mytho. Prix du public à Serie Mania, la série de Fabrice Gobert et Anne Berest fut la bonne surprise de l’année 2019 lors de sa première diffusion sur Arte. On y découvrait Marina Hands en Desperate Housewife de banlieue pavillonnaire,  si désespérée d’être devenue aux yeux de sa famille une simple machine à faire la bouffe, le ménage et la vaisselle,  qu’elle s’inventait un cancer pour retrouver un peu d’attention et, pourquoi pas,  d’amour. Mal lui en prit ! A la fin de la première saison, la malheureuse devait avouer son mensonge et se retrouvait à la rue. On la retrouve en saison 2  planquée chez les voisins,  d’où elle observe à la jumelle les allées et venues de son mari et de ses trois enfants (dont un transgenre). Mais voilà qu’un (bel et jeune) inconnu débarque à sa recherche se présentant comme un lointain cousin… Ce pourrait être pour Elvira l’occasion de revenir à la maison et de retrouver sa petite famille…  L’ambiance est toujours aussi loufoque et bizarre dans la saison 2,  qui tient toute ses promesses. Marina Hands est toujours aussi lunaire et désarmante, Mathieu Demy, décidément abonné aux rôles de mari largué (voir l’excellente série de Julie Delpy  On the Verge ) s’est fait un look dépressif  à la Big Lebowsky et les trois enfants continuent de jeter allègrement de  l’huile sur le feu. Si vous avez manqué le début, l’intégrale des deux saisons est disponible sur Arte+ Allez-y, c’est de la bonne !

The White Lotus

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Par Phil Inout

Le Pitch

A Hawaï, les clients du palace White Lotus profitent de leurs vacances dans un cadre idyllique, pris en charge par un personnel des plus agréables et serviables. Mais très vite, il devient clair que le bonheur apparent et les sourires de façade sont trompeurs…

Ce qu’on en pense

Si, contrairement à vos amis Instagrameurs, vous n’avez pas passé vos vacances d’été dans un « resort » luxueux et exotique, consolez-vous : la nouvelle série de Mike White (auquel on doit la mémorable Enlightened avec Laura Dern), vous emmène dans un palace Hawaïen et on vous jure que vous ne regretterez pas de ne pas y être allé en vrai. Le personnel a pourtant l’air charmant,  mais le directeur est un inverti ex-cocainomane,  la réceptionniste du spa  joue les psys new-age et le beau serveur hawaïen a une dent contre les touristes-colons. Mais le pire ce sont les clients : un jeune marié en voyage de noces payé par maman qui ne songe qu’à se faire surclasser,  sa belle épouse qui refuse son rôle de trophée et se morfond, une riche mémère alcool- dépressive qui trimbale partout les cendres de sa mère, une famille apparemment parfaite mais le père est persuadé d’avoir un cancer des testicules, le fils accro à son portable refuse de mettre le nez dehors , la fille a invité une copine camée aux médicaments et passe son temps à dénigrer tout le monde et la mère est incapable de déconnecter de son boulot à l’international…  Ecrite avec une plume trempée dans l’acide,  la série s’apparente plutôt à un « film long » et tient sur les dialogues et le jeu des acteurs (tous excellents)  plus que sur l’action, quasi inexistante. C’est cruel et vachard,  mais qu’est-ce que c’est bon !  Vivement la saison 2 .

J’ai menti

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Par Phil Inout

Le Pitch

Audrey (Camille Lou), 35 ans, unique rescapée d’un mystérieux tueur en série qui a sévi dans la région de Biarritz 16 ans plus tôt, est brutalement ramenée à son passé par un nouveau crime : une jeune fille de 17 ans est retrouvée assassinée sur la côte basque. Rien ne relie ce meurtre à la série de crimes commise au début des années 2000 par celui qu’on surnommait alors le tueur d’Itsas. Pourtant, Audrey en est certaine : Itsas est de retour. Pour le prouver, Audrey va devoir affronter son passé, ses mensonges. Car cette nuit-là, lorsqu’elle a croisé la route du tueur, elle a menti. Sur tout. A tout le monde.

Ce qu’on en pense

La nouvelle série policière de France 2 met en scène Camille Lou (Les Bracelets rouges , Le Bazar de la charité, Epouse moi mon pote) en avocate parisienne rattrapée par son passé dans le cadre de l’enquête sur un serial killer auquel elle avait réussi à échapper miraculeusement des années plus tôt, alors qu’elle habitait à Biarritz. Le problème,  c’est que le soir de son agression,  elle s’était introduit avec son copain dans une luxueuse villa et y avait mis le feu par mégarde avant de s’enfuir en emportant un collier de grande valeur. D’où ses nombreux mensonges aux enquêteurs de l’époque. D’où  aussi l’échec de l’enquête et quelques drames annexes… Seize ans plus tard, convaincue que son agresseur vient de sévir à nouveau, la voilà repartie sur la Côte basque où, sous pretexte de défendre la famille de la jeune fille assassinée, elle va mener en secret sa propre enquête et tenter de réparer ses erreurs passées. L’histoire est racontée sur deux temporalités avec pour décor Biarritz et la Côte basque. Le casting mélange acteurs connus (Camille Lou, Thierry Neuvic en flic pas insensible aux charmes de la jeune victime… ) et nouvelles têtes (Marilyn Lima, Roxane Bret…) . La réalisation, signée Frédéric Berthe est plutôt élégante, ne forçant ni sur le sexe, ni sur le glauque. La thématique du mensonge et de la culpabilité est bien exploitée, de même que les allers retours passé-présent. Cela  donne une série honnête et maitrisée, mais hélas ni originale, ni vraiment passionnante. Ssans parler de la BO de musique synthétique, atrocement omniprésente.

Squid Game

Séries|

Par Phil Inout

Le Pitch

Tentés par un prix alléchant en cas de victoire, des centaines de joueurs désargentés acceptent de s’affronter lors de jeux pour enfants aux enjeux mortels.

Ce qu’on en pense

Pour une raison qui nous dépasse, les films et séries coréennes cartonnent ces dernières années auprès du grand public. Tous ne sont pourtant pas des chefs d’oeuvre, loin s’en faut. Squid Game, par exemple, est une série balourde qui ajoute à l’argument de Battle Royale, Hunger Games (ou plus récemment Alice in Borderlands),   une  esthétique à la Casa De Papel. Succès immédiat sur Netflix. Pourtant on s’ennuie ferme. Réalisation sans relief, personnages stéréotypés et déplaisants, dialogues sans intéret, acting outré… Entre deux jeux de massacre, la série tente vainement de convaincre de sa profondeur politique, sociale et psychologique. Mais on retient surtout sa dimension sado-masochiste. 

Une Affaire française

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Par Ph.D

Le Pitch

Retour sur l’Affaire du petit Grégory, qui a défrayé la chronique pendant trois décennies…

Ce qu’on en pense

Une nouvelle fiction sur l’affaire Gregory était-elle nécessaire ? Pas sûr. Surtout si c’était pour se contenter de reconstituer les faits sans apporter le moindre point de vue. Le titre, « Une Affaire française » laissait pourtant augurer du contraire : en quoi l’assassinat de cet enfant,  sur fond de jalousies familiales, de lettres de menaces, d’enquête baclée, d’hystérie médiatique  et d’instruction désastreuse,  constituait-il une affaire spécifiquement française ? Bonne question,  à laquelle cet interminable téléfilm à la réalisation vintage se garde bien de répondre.  Ceux que l’affaire policière et ses suites  judiciaires  intéresse vraiment ont plutôt intérêt à se tourner vers l’excellente série documentaire de Netflix. Placés dans une position purement voyeuriste, les autres n’auront d’autre ressource que de constater la ressemblance physique des acteurs avec les protagonistes de l’affaire et la bonne qualité de l’interprétation. Mention spéciale à Guillaume Gouix et Blandine Bellavoir qui incarnent les époux Villemin avec beaucoup d’empathie. Michael Youn et Michel Vuillermoz campent de leur côté des reporters aux pratiques peu ragoutantes mais, hélas,  fidèles celles de leurs modèles. La presse s’est tellement mal comportée dans le traitement de ce fait divers qu’on peut se demander si ce n’est pas de là qu’est partie la défiance des Français envers les journalistes.