Un mètre vingt
Par Ph.D
Le Pitch
Córdoba, 2018. À 17 ans, Juana (Marisol Agostina Irigoyen) est une adolescente comme les autres, à ceci près qu’elle observe le monde à une hauteur d’un mètre vingt, depuis son fauteuil roulant. Adepte des réseaux sociaux et des applications de rencontres, la jeune femme aux cheveux bleus rêve de vivre sa première fois. Admise dans un nouveau lycée, elle se lie d’amitié avec Julia et Efe, deux ados en lutte contre le proviseur de l’établissement qui refuse d’organiser des cours d’éducation sexuelle alors que la loi le lui impose. Juana rejoint le combat et devient une porte-parole du mouvement. Tandis qu’un féroce esprit de rébellion s’empare des lycéens, la jeune femme rejoint dans une soirée un garçon rencontré sur Internet qui ne sait encore rien de son fauteuil roulant…
Ce qu’on en pense
Cette série est un véritable cas d’école : comment peut-on dire autant de choses sur un sujet aussi délicat (sexe et handicap) en 6 épisodes de 15 minutes et scotcher le spectateur avec une histoire pareille ? Il faut une somme de talents ahurissante pour y parvenir. Un personnage hyper attachant : Juana, myopathe de 17 ans aux hormones en folie et à l’humour chevillé à son petit corps d’1,20m. Une actrice née pour le rôle (Marisol Agostina Irigoyen). Des seconds rôles savoureux (les copines, les rencards, la mère, la soeur…). Des situations scabreuses qui ne virent jamais au voyeurisme ni au sordide. Un rythme épatant. Une mise en scène constamment inventive. De l’humour, de la tendresse, beaucoup d’empathie et d’intelligence. Une petite merveille argentine coproduite par Arte à voir toutes affaires cessantes sur le site de la chaine.
OVNI(s)
Par Phil Inout
Le pitch
1978. Didier Mathure (Melvil Poupaud), brillant ingénieur spatial, voit son rêve partir en fumée lorsque sa fusée explose au décollage. Alors qu’il pensait avoir touché le fond, il est muté à la tête d’un bureau d’enquête spécialisé sur les ovnis géré par une équipe qui donne effectivement l’impression de vivre sur une autre planète. Sa mission : trouver des explications scientifiques aux apparitions de soucoupes volantes qui défraient la chronique. Un véritable enfer pour ce cartésien invétéré qui n’a plus qu’une idée en tête : se tirer de là au plus vite. Mais un événement extraordinaire va bouleverser ses certitudes, et lui ouvrir les portes d’un monde où plus rien n’est impossible.
Ce qu’on en pense
Après le Minitel rose (3615 Monique), le GEPAN (Groupe d’étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés) : c’est dans les parodies d’époque (OSS 117, Au service de la France) que la fiction française comique réussit le mieux. OVNI(s) en est une nouvelle preuve. Melvil Poupaud, tout en moustache et costumes cintrés, y fait la chasse aux soucoupes volantes avec une joyeuse bande d’allumés du CNES (dont le génial Michel Vuillermoz) dans une reconstitution d’époque pleine de couleurs pétantes et de drames capillaires. C’est fin, drôle, enlevé, bien réalisé (par Antony Cordier dont on avait beaucoup aimé le premier film, Gaspard va au mariage), bien joué, plein de références cinématographiques et télévisuelles (Les Envahisseurs, E.T, Rencontres du 3e Type…) et, pour une fois, le scénario tient la route. Les 12 premier épisodes avalés d’un trait, on se réjouit d’entamer la deuxième saison. Après un an sur la route à traquer les ovnis, Didier Mathure (Melvil Poupaud) comprend qu’il est temps de rentrer chez lui et reforme le GEPAN…
La Corde
Par Phil Inout
Le Pitch
Un petit groupe de scientifiques isolés dans une base en Norvège découvre une mystérieuse corde, en apparence sans fin, qui longe leur observatoire et s’enfonce dans la forêt immense. Certains décident de la suivre, d’autres décident de rester. Tandis que l’innocente expédition se transforme peu à peu en quête déterminée à percer ce mystère, tous vont se trouver confrontés aux lourdes conséquences de leurs choix.
Ce qu’on en pense
Après La nuit a dévoré le monde et l’excellent Dans la brume, Dominique Rocher confirme son talent pour les suspens à base de fantastique avec cette mini série en trois épisodes adaptée d’une nouvelle allemande de Stefan aus dem Siepen et tournée en Norvège. Dans le décor d’une base d’observation isolée au fin fond de la Norvège, où un groupe de scientifiques français traque des signaux venus de l’espace, la réalisation installe un climat anxyogène qui vire au survival puis à la fable métaphysique. Malgré des longueurs et quelques scènes génantes de la malheureuse Jeanne Balibar, les trois épisodes se regardent avec intérêt, grace à un excellent casting (Jean Marc Barr, Suzanne Clément, Christa Theret…) et à une réalisation digne des grandes réussites du genre (Lost, Dark…). Dommage que le scénario n’ait pas été plus travaillé avec des personnages plus fouillés, car il y avait certainement matière à une série en plusieurs saisons sur le thème d’une humanité qui court à sa perte…
Ne t’éloigne pas
Par Ph.D
Le Pitch
Dans une petite ville d’Angleterre, Megan Pierce (Cush Jumbo) va voir sa vie tranquille de mère de famille aisée voler en éclat avec la disparition d’un jeune homme qu’elle ne connait pas la nuit de carnaval. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Broome (James Nesbitt) ne va, en effet pas tarder à faire le lien avec une affaire de disparition non résolue vieille de 17 ans. Une époque où Megan dansait dans un bar sous le pseudo de Cassie et où ses fréquentations étaient trés différentes…
Ce qu’on en pense
Le Harlan Coben nouveau est arrivé sur Netflix. Il est anglais et… bien meilleur que ses prédécesseurs (The Five, Safe, Intimidation, Innocent, Disparu à jamais, Dans les bois…). Il y est toujours question de passé trouble qui remonte à la surface et de disparitions/réapparitions, mais cette fois ce sont les cadavres et non les vivants qui se baladent dans la nature. Un peu d’humour anglais ne nuit pas à l’intrigue, non plus que quelques scènes surréalistes avec un couple de tueurs à gages juvéniles et amateurs de Radiohead qu’on croitait sorti d’un épisode Chapeau Melon et bottes de cuir. Ajoutez à la recette un casting aux petits oignons mené par l’impeccable James Nesbitt (Lucky Man Cold Feet, Bloodlands) et vous obtenez une adaptation d’Harlan Coben tout à fait regardable, alors qu’on commençait à désespérer de l’accord passé avec Netflix pour une douzaine de séries et films tirés de l’oeuvre du romancier américain.
Starstruck
Par Phil Inout
Le Pitch
Jessie (Rose Matafeo) , une « millenial » néo zélandaise expatriée à Londres, cumule deux jobs et galère sentimentalement. Après avoir passé une nuit bien arrosée avec Tom (Nikesh Patel), elle découvre que c’est un célèbre acteur de cinéma et… Prend la fuite !
Ce qu’on en pense
Cousine néo-zélandaise de Phoebe Waller-Bridge (alias Fleabag), Rose Matafeo nous fait le coup du Coup de foudre à Notting Hill inversé : dans Starstruck, la vedette de cinéma est masculine (et d’origine indienne) et l’objet de son crush est une expat qui galère entre deux boulots, une coloc et des coups d’un soir après boire. Mais comme la réalisatrice Rose a autant de talent que l’actrice Matafeo et que la scénariste Rose Matafeo, ça marche. On se marre bien à la voir se dépétrer de ses emmerdes diverses et variées et jouer à « tu m’aimes je te fuis/Je t’aime tu me fuis » avec son béguin célèbre. Evidemment, ça se passe pendant les fêtes de Noël et il y a plein de blagues de cul et de nouvelles expressions argotiques à apprendre car on est dans une romcom anglaise. Avec un petit côté néozed décalé pour relever encore la sauce. Bref, on a craqué.
Euphoria
Par Ph.D
Le Pitch
A 17 ans, Rue Bennett (Zendaya), fraîchement sortie de désintox, cherche à donner un sens à son existence. Elle se lie très vite à Jules Vaughn (Hunter Schafer) , une fille trans récemment arrivée en ville après le divorce de ses parents. Dans leur sillage gravitent Nate Jacobs (Jacob Elordi), un sportif dont les problèmes de colère masquent des complexes sexuels ; Maddy Perez (Alexa Demi) , la petite amie de Nate ; Chris McKay (Algee Smith), star de l’équipe de football qui peine à suivre les cours ; Cassie Howard (Sidney Sweeney) , dont le passif sexuel continue de la poursuivre ; Lexi Howard (Maude Apatow) , jeune sœur de Cassie et amie d’enfance de Rue ; Kat Hernandez (Barbie Ferreira), ado boulotte en pleine exploration de sa sexualité et Fezco (Angus Cloud) qui deale pour tout le monde…
Ce qu’on en pense
Série phénomène de HBO lancée en 2019, Euphoria a confirmé le talent de réalisateur de Sam Levinson (Another Happy Day, Assassination Nation, Malcolm & Marie) et fait de Zendaya, son actrice principale, la première star planétaire de sa génération. Série ado pervertie par un émule de Danny Boyle période Trainspotting, Euphoria est un cocktail imparable de sexe, de drogue, de rock, de rap et de techno avec des personnages au mieux borderline, au pire totalement déjantés, junkies et psychotiques. La figure centrale de la série est Rue (Zendaya) qui, à 17 ans a déjà un lourd passé de junkie. On la découvre au premier épisode sortant de desintox pour replonger aussitôt dans la defonce que lui fournit Fezco (Angus Cloud) son dealeur et frère de sang. Au lycée, elle se lie d’amitié amoureuse avec Jules (Hunter Schafer) ado au physique hermaphrodite qui consomme les relations homosexuelles avec des adultes au même rythme que Rue sniffe tout ce qui lui passe sous les narines. La vision que la série donne de la jeunesse californienne est encore pire que celle que donnait Bret Easton Ellis dans Less Than Zero pour les années 80. Elle a de quoi épouvanter les parents d’ados qui tomberaient dessus par hasard. Pourtant, Euphoria fascine et la saison 2 qui vient de démarrer sur OCS, après une longue interruption due au Covid, relance l’intérêt autour des différents personnages, dont Fezco et son jeune frère Ash, héros d’un premier épisode ultraviolent. Nul doute qu’Euphoria sera encore LA série à voir en 2022.
After Life
Par Phil Inout
Le Pitch
Journaliste dans le quotidien gratuit d’un village anglais, Tony (Ricky Gervais) ne se remet pas de la mort de sa femme Lisa (Kerry Godliman). D’abord suicidaire, il a décidé de continuer à vivre pour punir le monde de sa méchanceté, envisageant sa misanthropie comme un super-pouvoir…
Ce qu’on en pense
After Life aurait pu (dû ?) se terminer au dernier épisode de la saison 1. Le héros incarné par Ricky Gervais avait fait son « travail de deuil » à sa manière particulière, se vengeant avec un humour féroce de la méchanceté du monde jusqu’à finir par comprendre que c’est à lui qu’il faisait le plus de mal. Mais on a tellement aimé l’humour de la série et ses personnages qu’on les retrouve avec bonheur pour une deuxième et une troisième saison. Du bonheur, mais un peu d’appréhension aussi : ayant décidé de redevenir l’ homme bon et généreux qu’il était avant de perdre sa femme, et de faire le bien autour de lui plutôt que d’appuyer systématiquement là où ça fait mal, Tony (Ricky Gervais au meilleur de son humour à froid) ne risque-t-il pas de décevoir ses fans ? On fait rarement de bonnes fictions avec les bons sentiments. Et l’effet de surprise ne jouant plus, on pourrait finir par se lasser des rituels mis en place par la série : Tony regardant les vidéos de sa vie avec Lisa, Tony au bureau raillant ses collègues, Tony en reportage chez les habitants les plus allumés du patelin, Tony au cimetière (avec la merveilleuse Penelope Wilson), Tony chez le psy (Paul Kaye), Tony au chevet de son père à l’hospice, son crush avec l’infirmière (Ashley Jensen), ses prises de bec avec le postier (Joe Wilkinson) , sa complicité avec Roxy la prostituée au grand coeur (Roisin Conaby) … Heureusement, il y a du nouveau pour relancer l’intrigue: le journal risque d’être vendu et tous les employés pourraient se retrouver à la rue. De quoi redonner à Tony le mors aux dents… La saison finale est un peu en retrait, mais on retrouve avec plaisir les personnages (moins Roxy, dont il est souvent question mais qu’on ne voit jamais) et on accompagne Tony dans la fin de son travail de deuil, toujours entre éclats de rires et larme à l’oeil. Kerry Godliman, qui joue sa femme disparue, est plus présente via les vidéos familiales que Tony regarde en boucle et les scènes de reportages sont toujours hilarantes. On attend avec impatience le prochain projet de Ricky Gervais.
Vigil
Par Phil Inout
Le Pitch
Le commandant de police Amy Silva (Suranne Jones) est envoyée à bord d’un sous marin nucléaire de la Navy en plongée, le HMS Vigil, pour enquêter sur la mort suspecte d’un membre de l’équipage. Elle conclut à un meurtre et soupçonne qu’il est peut-être liée au naufrage d’un chalutier survenu dans la zone de plongée du Vigil. La défiance des officiers de bord, le secret défense et divers incidents de bord vont torpiller son enquête…
Ce qu’on en pense
Les séries anglaises continuent à faire les beaux soirs d’Arte qui a décroché les droits de diffusion de ce succès de la BBC : un thriller sous-marin parfaitement piloté par Tom Edge (The Crown, Judy) et au casting remarquable. Deux héroïnes se partagent l’enquête sur un meurtre supect à bord d’un sous marin de la Royal Navy : Amy Silva (Suranne Jones) immergée dans l’univers essentiellement masculin et militaire du sous-marin et Kristen Loàngacre (Rose Leslie) qui assure le back office sur terre. On découvrira que les deux jeunes femmes ont eu une liaison et qu’Amy a survécu à un accident de voiture qui s’est terminé au fond d’un lac. Ce qui ne facilitera évidemment pas son séjour confiné à bord du submersible… Le talent des deux actrices et de leurs partenaires masculins (Gary Lewis, Paterson Joseph, Connor Swindells…) permet de faire oublier les invraissemblances du scénario et une réalisation de téléfilm. On plonge avec plaisir dans les 6 épisodes de ce Cluedo sous marin, diffusé ce mois ci sur Arte et déjà disponible en intégralité sur Arte +
Mohamed Ali
Par Phil Inout
Comme il l’avait fait pour sa fresque historique sur le Vietnam, Ken Burns s’est immergé dans des centaines d’heures d’archives audiovisuelles pour retracer, en 4 épisodes d’un peu moins de deux heures chacun, la vie et la carrière d’une des personnalités les plus flamboyantes du XXe siècle, le boxeur Cassius Clay/Mohamed Ali. Chapitrée en rounds, la série risque de laisser KO même ceux qui croyaient déjà tout savoir sur l’ex champion du monde des poids lourds, auquel plusieurs films et téléfilms ont déjà été consacrés. A la manière de ces biographes américains qui sont capables de tartiner des milliers de pages sur leur sujet, Burns décortique le moindre aspect de la vie et de la carrière du boxeur avec force images et témoignages, parfois inédits. Les combats de Mohamed Ali ne représentent qu’une infime partie de cette formidable série documentaire qui immerge le spectateur dans toute la culture populaire et politique du 20e siècle, dont Norman Mailer a pu écrire qu’Ali en représentait l’essence même. Par son génie pugilistique, son sens du spectacle et des punchlines, ainsi que par son engagement pour les droits civiques, Cassius Marcellus Clay a marqué son époque plus qu’aucune autre personnalité noire.
The Undoing
Le pitch
Thérapeute à succès sur le point de publier son premier livre, Grace Sachs (Nicole Kidman) a un mari aimant (Hugh Grant) et un fils qui fréquente une école privée de prestige. Mais soudain, avec une mort violente, un mari qui disparaît et de terribles révélations concernant celui qu’elle pensait connaître, sa vie bascule…
Ce qu’on en pense
Big Little Lies n’en finit plus de faire des émules. Après Little Fires Everywhere où l’on retrouvait Reese Witherspoon dans un rôle assez similaire, voici The Undoing avec une autre des protagonistes de BLL : Nicole Kidman. La star australienne a retrouvé la chevelure flamboyante et le visage lisse de ses 20 ans pour interpréter Grace Sachs, une thérapeute confrontée aux mensonges de son mari (Hugh Grant), accusé d’avoir assassiné sa maîtresse et aux soupçons de l’inspecteur de police chargé de l’enquête (Edgar Ramirez). Dans un contre emploi parfait, Hugh Grant est l’atout majeur de cette série policière qui traîne un peu en longueur, mais captive quand même jusqu’au bout. Disponible sur OCS depuis 2020, la série est diffusée sur TF1 en janvier 2022.
Les Hautes herbes
Par Phil Inout
Le pitch
Un été, en Tourraine, Jules, 10 ans (Antonin Chaussoy), est accueilli, à la campagne, par un jeune couple, car sa mère est dans le coma après un accident de scooter. Comment trouver sa place dans un village dont les habitants sont secoués par de profonds antagonismes ; comment ne pas craindre ce qui se cache derrière les hautes herbes alors qu’un saisonnier vient de disparaître sans laisser de traces ?
Ce qu’on en pense
Pour sa première mini-série, Jerôme Bonnel, dont le nouveau film (Chère Lea) est encore en salles, a convié Emmanuelle Devos qu’il avait fait tourner en 2013 dans Le temps de l’aventure à effectuer elle aussi ses débuts dans une série. Un choix judicieux car, contrairement à la plupart de ses collègues actrices françaises, Devos ne sait pas être ne serait-ce que médiocre. Elle est parfaite dans le rôle d’Eve Merrieu, femme mure à la solitude assumée et au tempérament affirmé, qui se met en tête de retrouver coûte que coûte un saisonnier algérien disparu dans l’indifférence générale, juste parce qu’il s’était montré poli et attentionné envers elle. Cette disparition est surtout prétexte pour Jerome Bonnel à immerger le (télé)spectateur dans une communauté villageoise perturbée par l’imminence de la fermeture d’une usine qui emploie la majorité des actifs locaux. Il le fait par les yeux, incroyablement clairs, d’un jeune garçon (Antonin Chaussoy) recueilli par un jeune couple après l’accident de sa mère. Etranger au village, Jules n’est pas le seul à ne pas se sentir à sa place. Tous les personnages sont plus ou moins décalés : Eve qui recherche obstinément un immigré qu’elle ne connait ni d’Eve ni d’Adam. Maud, la garde champêtre (India Hair) qui va prendre en charge avec bonhomie une enquête criminelle dépassant de loin ses compétences. Glenn son ex-collègue gendarme (Jonathan Couzinié) qui va devenir « à l’insu de son plein gré » un père de substitution pour Jules. Ambroise (Lazare Gousseau), son copain bédéaste, qui vient de s’installer au village pour noyer dans l’alcool un chagrin d’amour. Lucille (Louise Chevillotte) sa copine et fille d’Eve qui se demande ce qu’elle fai encore là alors qu’elle devrait être depuis longtemps installée en ville et s’oublie dans des amours improbables… En trois épisodes de 52 minutes, Jerome Bonnel fait vivre cette petite communauté réduite aux aguets avec humour, finesse et empathie. Une bonne mini-série française, c’est rare mais ça existe. La preuve.
Top Séries 2021
Par Phil Inout
La pandémie et la concurrence entre les plateformes de streaming ont encore boosté la consommation de séries en 2021. Il faut dire que la quantité et la qualité étaient au rendez vous. Pas de Squid Game et une seule série française dans notre Top 10 2021 (cliquez sur le titre pour lire la critique et voir la bande annonce)
1) Mare of Easttown (OCS)
2) Scenes From a Marriage (OCS)
3) Dopesick (Disney+)
4) The Split (Arte +)
5) Maid (Netflix)
6) This Way Up (MyCanal)
7) Mum (Arte+)
8) Ovni(s) (MyCanal)
9) Invasion (Apple+)
10) Impeachment (MyCanal)
Mon Ange
Par Phil Inout
Le pitch
Suzanne Brunet (Muriel Robin) ne se résout pas. Sa fille, Julie, a disparu il y a huit ans, mais Suzanne la cherche toujours, partout. Julie aurait 25 ans aujourd’hui. Est-elle toujours vivante ? Que lui est-il arrivé?
Ce qu’on en pense
Murielle Robin est la tête (à claques) d’affiche de cette nouvelle série TF1, allègrement pompée sur les polars nordiques. Elle y joue, très mal, une mère qui a sombré dans l’alcoolisme après la disparition de sa fille, avec laquelle elle ne s’netendait pas, mais qui continue à la chercher malgré tout, huit ans après, persuadée qu’elle est toujours en vie. Une photo dans un journal la met sur une nouvelle piste et la voilà qui débarque dans un bled perdu, où elle s’attire l’antipathie des habitants avec ses questions et son air butté. Comme par hasard, son arrivée coincide avec une série de drames qui mettent la police locale sur les dents. A commencer par le commissaire Varan (Patrick Chesnais), forcément au bord de la retraite et par son adjointe de fille (Marilou Berry) forcément enceinte et mal fagottée, mais de bonne volonté. Le commissaire a aussi un fils autiste, Maxime (joué par le Niçois Mickael Lumière), qui semble savoir des choses mais ne veut rien dire. De mauvais dialogues en rebondissements téléphonés, on s’achemine péniblement vers une fin prévisible, au bout de 4 longues heures, après moults plans aériens de forêts censés entretenir un climat angoissant. Rien de nouveau sous le soleil de TF1.
The Split
Par Phil Inout
Le Pitch
Deux soeurs, Hannah (Nicola Walker) et Nina (Annabel Scholey), travaillent comme avocates spécialisées dans le divorce pour des cabinets rivaux, dont celui de leur mère Ruth (Deborah Findley). Leur autre soeur, Rose (Fiona Button), cherche encore sa place dans le monde et prépare son mariage. Lorsque leur père Oscar (Anthony Head) revient des Etats-Unis, où il s’est enfui 30 ans plus tôt avec leur baby sitter, toute leur vie va être bouleversée…
Ce qu’on en pense
C’est Noël pour les fans de séries anglaises. Arte + a mis en ligne deux des trois saisons de The Split, géniale comédie dont les héroïnes sont quatre femmes : Ruth Defoe et ses filles. Ruth, Hannah et Nina sont avocates spécialistes du droit familial. Elles négocient tous les jours des contrats de mariage et des divorces, ce qui ne rend pas leur vie sentimentale plus tranquille. La mère Ruth, une femme a poigne a élevé ses filles toute seule après s’être faite larguer par son mari, cofondateur de leur cabinet d’avocats, parti avec la baby sitter des enfants. Ce qui ne l’a pas empêchée de faire prospérer son cabinet que l’ainée de ses filles, Hannah, mariée et mère de 3 enfants, a quitté pour rejoindre un cabinet international… Où elle a retrouvé un ancien amant, toujours trés séduisant et trés épris d’elle. Célibataire endurcie, Nina, qui ignore tout de leur passé, trouve l’avocat quadragénaire trés à son goût et profite d’un dossier qui l’oppose à sa soeur pour lier plus ample connaissance. Pendant ce temps, leur petite soeur Rose se prépare à convoler avec un séduisant garçon qui pourrait bien être gay et Ruth férraille en secret avec son ex-mari Oscar, revenu des Etats Unis pour réclamer sa part du cabinet. Personnages parfaitement caractérisés et immédiatement attachants, casting parfait, dialogues brillants, humour british, intrigues multiples, émotion… The Split est, sans conteste, une des meilleures séries de l’année. Et tout le monde peut la voir, gratis. Merci Arte !
Dopesick
Par Ph.D
Le pitch
Dans les années 2000, Samuel Finnix (Michael Keaton), Médecin généraliste d’une petite ville minière des Appalaches en Virginie (USA), commence à prescrire à ses patients de l’Oxycontin, un antidouleur à base d’opiacés garanti « sans risque d’addiction »… Trés vite, la situation dégénère: les overdoses et les cas d’addictions graves se muliplient, en même temps que le taux de criminalité explose dans tout le pays. Plusieurs enquêteurs se préoccupent du phénomène, mais Purdue, la société pharmaceutique familiale qui commercialise le produit, fait tout pour étouffer leurs investigations…
Ce qu’on en pense
Adaptation de Dopesick: Dealers, Doctors, and the Drug Company that Addicted America de Beth Macy, Dopesick revient sur la crise des opiacés qui a fait des ravages dans tous les Etats Unis au début des années 2000. Après le crack, les médicaments à base d’opiacés, faciles à se procurer et peu onéreux, sont devenus la drogue préférée des toxicomanes. Mais ils ont également rendus dépendants des centaines de milliers de patients, auxquels ils étaient prescrits comme de l’Aspirine ou du Doliprane. Réalisés par Barry Levinson (Rainman), les premiers épisodes montrent comment le produit a été commercialisé par des laboratoires pharmaceutiques sans scrupules, qui ont tout fait pour cacher leur dangerosité aux médecins qui le prescrivaient, en noyant les autorités médicales sous des dizaines d’études de complaisance. La bonne idée de la série est d’être localisée dans une petite ville minière où l’on peut voir de prés les dégats causés par le produit sur les patients d’un médecin de campagne, joué par Michael Keaton. D’abord suspicieux, le toubib finira par devenir lui-même accro à l’Oxycontin, pendant que plusieurs enquêtes seront menées dans tout le pays et convergeront vers un procès retentissant. Trés réaliste et noire, la série évolue sur plusieurs temporalités à coups d’allers-retours entre présent et passé, à la manière d’un film dossier à la Dark Waters. Elle suit sur uen dizaine d’années une foule de personnages : médecin , patron et employés du laboratoire, policiers, membre d’une commission d’enquête, patients intoxiqués et leur famille, tous remarquablement incarnés. Un vrai tour de force, pour une série dramatique « adulte » que l’on ne s’attendrait pas forcément à trouver sur Disney +