Dopesick
Par Ph.D
Le pitch
Dans les années 2000, Samuel Finnix (Michael Keaton), Médecin généraliste d’une petite ville minière des Appalaches en Virginie (USA), commence à prescrire à ses patients de l’Oxycontin, un antidouleur à base d’opiacés garanti « sans risque d’addiction »… Trés vite, la situation dégénère: les overdoses et les cas d’addictions graves se muliplient, en même temps que le taux de criminalité explose dans tout le pays. Plusieurs enquêteurs se préoccupent du phénomène, mais Purdue, la société pharmaceutique familiale qui commercialise le produit, fait tout pour étouffer leurs investigations…
Ce qu’on en pense
Adaptation de Dopesick: Dealers, Doctors, and the Drug Company that Addicted America de Beth Macy, Dopesick revient sur la crise des opiacés qui a fait des ravages dans tous les Etats Unis au début des années 2000. Après le crack, les médicaments à base d’opiacés, faciles à se procurer et peu onéreux, sont devenus la drogue préférée des toxicomanes. Mais ils ont également rendus dépendants des centaines de milliers de patients, auxquels ils étaient prescrits comme de l’Aspirine ou du Doliprane. Réalisés par Barry Levinson (Rainman), les premiers épisodes montrent comment le produit a été commercialisé par des laboratoires pharmaceutiques sans scrupules, qui ont tout fait pour cacher leur dangerosité aux médecins qui le prescrivaient, en noyant les autorités médicales sous des dizaines d’études de complaisance. La bonne idée de la série est d’être localisée dans une petite ville minière où l’on peut voir de prés les dégats causés par le produit sur les patients d’un médecin de campagne, joué par Michael Keaton. D’abord suspicieux, le toubib finira par devenir lui-même accro à l’Oxycontin, pendant que plusieurs enquêtes seront menées dans tout le pays et convergeront vers un procès retentissant. Trés réaliste et noire, la série évolue sur plusieurs temporalités à coups d’allers-retours entre présent et passé, à la manière d’un film dossier à la Dark Waters. Elle suit sur uen dizaine d’années une foule de personnages : médecin , patron et employés du laboratoire, policiers, membre d’une commission d’enquête, patients intoxiqués et leur famille, tous remarquablement incarnés. Un vrai tour de force, pour une série dramatique « adulte » que l’on ne s’attendrait pas forcément à trouver sur Disney +
Get Back
Par Philippe DUPUY
Le Pitch
En janvier 1969, les Beatles John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr se retrouvent pour enregistrer un nouvel album, filmer un documentaire et préparer leur premier concert depuis plus de 2 ans. Face à des délais quasi impossibles à tenir, les tensions s’accumulent…
Ce qu’on en pense
En 1970, les fans des Beatles découvraient dans le film Let it Be de Michael Lindsay-Hogg un groupe au bord de l’explosion. Le réalisateur de Ready Steady Go avait filmé en janvier 1969 l’enregistrement de l’album éponyme et en avait tiré un montage qui annonçait la séparation des Beatles. On les y voyait, barbus, vieillis, drogués et fatigués, peiner sur l’enregistrement de leurs derniers tubes (« Get Back », « Let it Be », « Don’t Let me down« …) et se prendre la tête au point que George Harrison quittait les séances et le groupe. Un demi-siècle plus tard, Peter Jackson, réalisateur du Seigneur des Anneaux et grand fan du groupe devant l’Eternel, s’est replongé dans les quelque 60 heures de rushes de 1969 pour cette mini-série documentaire en trois parties intitulée Get Back. Résultat : 6 heures de film qui changent totalement la perspective et vont arracher des larmes (de bonheur cette fois ) aux fans des Beatles. D’abord, parce que l’image et le son n’ont plus rien à voir avec le film d’époque. Remastérisées avec les moyens d’un blockbuster de cinéma, les images semblent avoir été tournés hier en Haute Définition et son Dolby. Get Back est d’abord un choc visuel : on n’a jamais vu les Beatles comme cela.
Dans le premier épisode, le groupe se réunit après plusieurs mois d’inactivité dans un hangar de Twickenham , où les Beatles ont décidé d’enregistrer 14 nouvelles chansons, de tourner un documentaire et une émission de télévision et de donner un concert surprise. Tout cela en moins d’un mois ! Un timing intenable qui met le groupe sous pression alors que leurs relations ne sont déjà pas au beau fixe. Lennon, flanqué d’une Yoko Ono qui le suit partout, est l’ombre de lui-même. Ringo a l’air constamment défoncé. George Harrison est plein de frustrations et doute de son utilité dans le groupe. Paul McCartney voit le temps passer sans que rien de bon n’émerge des séances et stresse, prêt à tout laisser tomber. L’épisode s’achève sur le départ d’Harrison qui claque la porte après une dernière prise de bec avec Paul. On retrouve le shema destructeur de Let it Be. Mais dans le deuxième épisode, changement total de perspective : le groupe s’est replié au studio Apple de Saville Row et les séances d’enregistrement avancent bon train. On assiste en direct à la création de « Get Back« , « Let it Be« , « Don’t Let Me Down » , « Long and Winding Road » , « Octopus Garden » et quelques autres. C’est magique ! Les 4 garçons, rejoints par Billy Preston qu’ils avaient connu à Hambourg, semblent avoir miraculeusement retrouvé leur complicté des débuts. Les séances sont hyper joyeuses, familiales et productives. On voit littéralement le génie des Beatles à l’oeuvre. L’épisode final est consacré au concert que le groupe finira par donner sur le toit du studio et qui constituera, hélas, sa dernière apparition live. Cette mini série documentaire est une telle merveille qu’elle justifie presque à elle seule l’abonnement à Disney +
Christmas Flow
Par Phil Inout
Le pitch
Rappeur à succès, Marcus (Tayc) fait un bad buzz avec un texte phallocrate. Les Simones, trio de youtubeuses féministes, le démolissent sur leur chaine. Le problème c’est que Lisa (Shirine Boutella), l’une des trois filles, est amoureuse du rappeur… Marcus lui pardonnera-t-il ? Parviendra-t-il à sauver sa carrière et les Simones leur amitié et leur média, convoité par une affairiste sans vergogne (Mademiselle Agnès) ?
Ce qu’on en pense
Bonne surprise que cette mini série en forme de comédie romantique de noël rap. Un drôle de mix ! Au début, on croit être tombé sur un épisode de Validé featuring Diana Boss. Mais on se laisse prendre au jeu, emporté par la tchatche des comédiennes (Shirine Boutella, Marion Seclin, Aloise Sauvage– trois découvertes – plus Camille Lou et Mademoiselle Agnès dans un rôle de garce qui lui va bien) et de leurs partenaires masculins (dont l’excellent Philippe Rebbot échappé du sépartement de L’amour Flou pour un caméo sympa). Les dialogues fusent, la BO aligne les tubes, le second degré et la magie de Noël font le reste. Christmas Flow porte bien son titre : la mini série respecte les codes de la comédie romantique de saison, en y ajoutant le flow des cités, où se déroule l’intrigue, entre HLM parentaux et MJC. C’est original, pétillant et coloré. Merci Netflix pour ce joli cadeau de Noël.
American Rust
Par Ph.D
Le pitch
A Buell, en Pennsylvanie, le shérif, Del Harris (Jeff Daniels) doit faire face à une inquiértante montée de la criminalité et de la consommation de stupéfiants. Le problème c’est qu’il est lui-même accro aux opioïdes et trimbale un passé trouble…
Ce qu’on en pense
Dans la lignée de Mare of Easttown, American Rust installe son intrigue dans un patelin paumé de Pennsylvannie, où le sherif local (Jeff Daniels excellent) est aux prises avec le meurtre d’un de ses anciens adjoints et avec une épidémie d’overdoses aux opioïdes… Dont il est lui même consommateur ! Ce n’est d’ailleurs pas son seul secret inavouable. Personne ne sait vraiment pourquoi il a atterri dans ce trou perdu, mais tout le monde se doute que ce n’est pas pour la qualité de vie qu’il s’y est réfugié. Tous les personnages sont, comme lui, sérieusement cabossés par la vie, même les plus jeunes. Le casting est top et la réalisation installe une atmosphère poisseuse et dépressive qui colle à la peau. American Rust (littéralement : Rouille Américaine) porte bien son titre : on voit comment la violence, la crise économique, la drogue et la misère gangrennent le pays et le détruisent de l’intérieur. Ce n’est pas la série la plus riante de cette fin d’année, mais certainement une des plus recommandables.
La Meilleure version…
Par Phil Inout
Le Pitch
Blanche Gardin est une humoriste à succès. Tout lui réussit, mais elle souffre d’un problème digestif chronique qui la fait énormément souffrir. Elle se rend chez un naturopathe adepte de la pensée positive qui lui explique que son problème vient de l’autodérision dont elle fait preuve sur scène. Blanche prend conscience que son salut est dans la bienveillance qu’elle doit enfin exercer vis-à-vis d’elle-même. Elle prend alors une décision radicale : elle arrête l’humour. Elle l’annonce à son agent et sur les réseaux sociaux, et s’engage sur la route du développement personnel, de la quête du bien-être et de la recherche spirituelle afin de devenir une meilleure version d’elle-même.
Ce qu’on en pense
Adepte de l’humour trash, Blanche Gardin utilise son propre personnage de comique dépressive (et constipée) comme héroïne de sa première série pour Canal Plus. On la suit chez son naturopathe qui lui prescrit d’arrêter l’humour auto destructeur, dans ses recherches de « donneur de caca » pour tenter une greffe, en famille avec sa mère, sa soeur et son frère qui lui sert d’assistant, avec ses amis comédiens et humoristes qu’elle espère convertir à sa nouvelle « positive attitude », en taxi avec un chauffeur complotiste, chez un spécialiste adepte des lavements, avec un vendeur d' »eau dynamisée »… Une suite de saynettes plus ou moins drôles, grinçantes et scatos, qui à l’arrivée forment comme une télé-réalité sur les problèmes de transit intestinal. Ecrite avec Noé Debré et réalisée par Blanche elle-même, la série est surtout prétexte à égratigner les charlatans qui profitent de la détresse intestinale de leurs contemporains pour fourguer leurs solutions miracles et le nombrilisme. Décalée, scato, malaisante et caustique, elle plaira sans doute aux fans de l’humoriste. Mais à défaut d’effet thérapeutique sur sa créatrice, elle risque fort de faire caguer les autres !
Le Tour du monde en 80 jours
Par Phil Inout
Le pitch
Londres, 1872. Phileas Fogg (David Tennant) gentleman anglais, prend ce pari insensé: faire le tour du monde en quatre-vingts jours. Il s’alloue les services de Jean Passepartout (Ibrahim Koma), un serveur français débrouillard. Suivis de près par Abigail Fixx (Leonie Benesch), reporter d’un grand quotidien Londonien, ils embarquent pour un voyage semé d’embûches…
Ce qu’on en pense
Nouvelle adaptation du roman de Jules Verne, cette coproduction européenne modernise le récit en remplaçant le policier qui pistait Phileas Fogg par une jeune et impétueuse journaliste, joliment incarnée par l’actrice allemande Leonie Benesch. David Tennant hérite du rôle principal et donne à son Phileas un charme et un flegme tout britanniques. On s’étonne que le rôle de Passepartout ait échappé à Omar Sy, mais on se réjouit de retrouver à la place un des acteurs de Sous le Soleil Ibrahim Koma, dans une composition qui le met en valeur à l’international. Avec ses couleurs flashy, ses décors numériques et son rythme échevelé, cette série d’aventures exotiques au long cours renoue avec bonheur avec la tradition des grands feuilletons des vacances de Noël. Un pur plaisir nostalgique pour les grands et une belle introduction à l’univers de Jules Verne pour les plus petits. Phileas Fogg n’a pas fini de susciter des vocations de globe trotters !
Nona et ses filles
Par Phil Inout
Le Pitch
Amoureuse d’André (Michel Vuillermoz) et libérée de ses trois filles qu’elle adore, Nona (Miou-Miou), 70 ans, vit sa vie à plein tube au cœur de la Goutte d’Or. Jusqu’au jour où le docteur Truffe (Rudiger Vogler) lui annonce qu’elle est enceinte…
Ce qu’on en pense
Si vous aimez les films de Valérie Donzelli (La Guerre est déclarée, Marguerite et Julien, Notre Dame) vous adorerez sans doute cette série familiale burlesque, dans laquelle Miou Miou, ex-baba cool de 70 ans qui, après avoir élevée seule des triplées de père inconnu, travaille au planning familal de son quartier et se retrouve mystérieusement enceinte. Une grossesse qui va bouleverser la vie de la septuagénaire et de ses trois filles (jouées par Clotilde Hesme, Virginie Ledoyen et Valérie Donzelli). Nona et ses filles est une fable moderne sur la famille, pleine de fantaisie, de drôlerie et de vitalité. La réalisatrice déploie des trésors d’inventivité pour détourner les codes du soap et du feuilleton à la française et les comédien(ne)s ont l’air de bien s’amuser. A commencer par Miou Miou, trés à son affaire en reine-mère foutraque. Si, par contre, vous êtes allergiques au cinéma maniéré de la réalisatrice et que Notre Dame ou Marguerite et Julien vous sont tombés des yeux, passez votre chemin : cette série n’est clairement pas pour vous.
Arcane
Par Phil Inout
Le pitch
Adoptées par un chef de gang à la mort de leurs parents, deux sœurs Vi et Powder se battent pour survivre dans les villes rivales de Piltover (ville haute) et Zaun (ville basse). Le vol de cristaux magiques dans la ville haute va déclencher une guerre sans merci entre les deux cités…
Ce qu’on en pense
Adaptée de l’univers du jeu vidéo League Of Legends, cette série d’animation fait un carton depuis sa mise en ligne sur Netflix, où elle figure en tête des audiences. Un succès qu’elle doit à son esthétique steampunk et à son rythme échevelé. Le scénario est un peu embrouillé et on a souvent l’impression de jouer à un jeu vidéo sans manettes, mais l’intrigue est prenante, les personnages sont attachants (et trés girl power) , les graphismes sont fidèles à ceux du jeu et les nombreuses scènes d’action sont spectaculaires. Pour amateurs de films d’animation SF.
This Way Up
Par Phil Inout
Le pitch
Aine (Aisling Bea), expatriée Irlandaise à Londres, est professeur de langues vivantes dans une association pour migrants. Après un épisode addictif-dépressif qui l’a envoyée en rehab’, elle tente de se reconstruire avec un sens de l’humour trés personnel et l’aide de sa soeur Shona (Sharon Horgan), chef d’entreprise féministe et dynamique…
Ce qu’on en pense
Vous ne connaissez pas encore les frangines Aine (prononcer Onia) et Shona (prononcer Shona) ? Quelle chance ! Vous allez passer des moments délicieux en leur compagnie sur MyCanal, où les deux saisons de la série This Way Up sont disponibles. Dans la première, Aine/Onia (Aisling Bea) tente de se reconstruire après un nervoux breakdown qui l’a laissée lessivée, mais ne lui a pas oté son sens de l’humour et de la répartie. Cousine irlandaise de Fleabag, Aine n’a pas sa langue dans sa poche et ça lui joue des tours. Notamment pour trouver l’âme soeur. Heureusement, sa soeur ainée Shona (Sharon Horgan), qui a réussi dans la City, fait tout pour l’aider. Mais elle aussi a du mal avec la vie londonniene, partagée entre un crush pour son associée lesbienne (Indira Varma) et la demande en mariage de son boyfriend indien (Aasof Mandvi). Leur relation, pleine de tendresse, d’humour vache et de dérision est au centre de la série qui décrit un Londres cosmopolite où les inégalités sociales sont particulièrement criantes. Dans la saison 2, Aine succombe au charme de Richard (Thomas Menzies), le bien nommé père d’un de ses élèves, et essaie de pas tout faire foirer. Shona, elle, prépare son mariage alors que se profile à l’horizon une certaine épidémie… C’est charmant, drôle, intelligent, moderne, remarquablement écrit et dialogué… Mais beaucoup trop court ! Et Aisling Lea, qui est à l’origine de la série, ne rassure pas sur l’écriture d’une troisième saison. Amie et disciple de Phoebe Waller-Bridge (Fleabag), l’actrice et auteure a d’autres projets au cinéma et au théâtre (où elle s’est fait connaître en stand up). Si vous lancez une pétition sur Internet pour l’obliger à tourner This Way Up 3, on veut être les premiers à la signer.
Rebecca
Par Phil Inout
Le Pitch
Six ans après avoir abandonné la traque d’un tueur en série et quitté la police, Rebecca (Anne Marivin) décide de reprendre du service pour échapper à la dépression qui la ronge et l’éloigne de son mari et de ses enfants. De retour au sein de la Criminelle, elle enquête sur une série de meurtres et est persuadée que le tueur est celui qu’elle n’avait pas pu arrêter six ans auparavant. Elle le poursuit avec acharnement, mais des pertes de mémoire perturbent son travail. Et lorsqu’une des victimes s’avère être la maîtresse de son mari, la voilà qui se retrouve directement impliquée : pourquoi était-elle la seule à savoir où se trouvait le cadavre de cette femme ? Est-ce le serial killer qui l’a tuée … ou bien est-ce elle, au cours d’un de ces black-out ? Comment enquêter quand on se pense soi-même coupable ? Rebecca va devoir reconstruire morceau par morceau son passé pour découvrir l’événement terrifiant qui a déclenché sa névrose et l’a peut être conduite à tuer…
Ce qu’on en pense
Remake TF1 de la déjà pas terrible série anglaise Marcella (dont 3 saisons sont déjà disponibles sur Netflix) , Rebecca se distingue surtout par son casting doré sur tranche : Anne Marivin joue la fliquette névrosée, Benjamin Biolay, son mari, Clotilde Coureau sa patronne, Samir Guesmi l’inspecteur principal, Baptiste Lecaplain le jeune flic geek, Gregory Montel le frère d’une des victimes, Patrick Timsit le suspect principal… Le fait que le moindre rôle soit tenu par une tête archi connue est peut-être intéressant pour attirer le chaland, mais cela n’aide pas à rentrer dans l’histoire. Le temps de trouver qu’Anne Marivin a une sale mine et de s’esbaudir des fantaisies capilaires de Timsit et Biolay, le premier épisode est passé et on hésite à lancer le deuxième. Didier Le Pêcheur filme à l’ancienne, s’arrêtant sur le moindre regard lourd de sous entendus et utilisant des effets visuels et sonores qui datent de l’ORTF. Résultat, il faut trois heures pour arriver au noeud de l’intrigue : l’héroïne fait des black-out. Pas évident pour mener une enquête criminelle ! Surtout quand l’une des victimes est la maitresse de son mari, qu’on est allée la voir la veille pour lui parler du pays et qu’on ne se souvient pas de la suite… On est allé, péniblement, au bout des 8 épisodes en se disant que les dialogues ne sont pas trop mauvais pour une fois et que Samir Guesmi est décidément très bon.
L’Amour flou
Par Phil Inout
Le Pitch
Après 10 ans de vie commune, deux enfants adorés et un chien. Romane Bohringer et Philippe Rebbot se sont séparés… En continuant à habiter (presque) ensemble dans deux appartements mitoyens. De cette aventure singulière, ils ont fait un film sorti en 2018 : L’AMOUR FLOU. Depuis, ils sont installés dans cette drôle de vie, qui par bien des aspects, se révèle miraculeuse : la menace de se séparer n’existant plus puisque c’est fait, les tensions entre Philippe et Romane semblent avoir disparu et ils parlent désormais le langage de l’amitié. Les enfants, quant à eux, semblent baigner dans le bonheur, leurs deux parents à portée de main. Mais le quotidien de la famille Rebbot-Bohringer est toujours aussi fou et flou.
Ce qu’on en pense
Bonne surprise de l’année 2018, L’Amour flou (le film) racontait comment le couple Bohringer-Rebbot avait inventé le concept de « Sépartement« : deux appartements séparés mais communicants par la chambre des enfants, pour continuer à élever leurs enfants ensemble tout en étant séparés. On y découvrait le quotidien, effectivement assez flou, du couple d’acteurs, dans des scènes de pure comédie inspirées de leur propre vécu. Comme ils ont apparemment poursuivi l’expérience depuis , l’idée d’en faire une télé réalité ou une série trottait dans la tête des producteurs. On ne sait pas s’ils ont fait le bon choix, mais voici donc la série dérivée du film, avec les Bohringer-Rebbot (parents, enfants, grands parents, chien) dans leur propre rôle et quelques acteurs (dont l’excellent Eric Caravaca) dans celui des amants, voisins et commerçants du quartier. Si on n’a pas vu le film, la découverte de cette vie de famille originale occupera agréablement les premiers épisodes. Si on l’a vu, on risque d’être déçu. L’humour y est plus appuyé, avec des scènes qui se veulent burlesque mais qui s’avèrent plutôt génantes, comme quand Romane va s’acheter des sextoys. L’actrice se filme en quadra frustrée, fauchée, mal fagotée et obsédée par son poids. Rebbot est montré comme un traine savate, chômeur, alcoolo et dragueur, Richard Bohringer a l’air misérable sur son lit d’hopital, les enfants jouent mal, le chien est malade et les situations se répètent d’un épisode à l’autre. On ne renouvelera pas le bail.
VTC
Par Phil Inout
Le pitch
Chauffeuse de VTC, Nora (Golshifteh Farahani) est dans une situation extrêmement précaire : accro aux amphétamines, elle vit dans sa voiture en attendant de réunir l’argent nécessaire pour louer un petit appartement et obtenir la garde partagée de sa fille. Quand son frère Ben (Vincent Heneine), lui-même chauffeur, a un accident, Nora se propose de livrer un colis urgent à sa place. Sans s’en douter, elle vient de se mettre au service d’un dangereux réseau.
Ce qu’on en pense
La délicieuse Golshifteh Farahani (Un Divan à Tunis, Invasion, Tyler Rake) est la tête d’affiche de cette petite série imaginée par Julien Bittner autour d’une « taxi driveuse » sous amphètes qui sillonne la nuit parisienne et dort dans sa voiture en attendant de pouvoir se payer un studio. Mélée malgré elle à un mystérieux trafic assorti de règlements de comptes sanglants, elle va devoir sauver sa peau (et sa licence de VTC) au cours d’une nuit de tous les dangers. Paris la nuit, superbement filmé, est l’autre personnage principal de la série qui dispense une ambiance à la Drive (musique électro comprise) pour un scénario minimal et sans surprise. Dix courts épisodes de 20 minutes suffisent à torcher l’affaire, qui ressemble plus à un ballon d’essai qu’à une oeuvre véritablement aboutie. On aurait volontiers laissé tourner le compteur pour passer un peu plus de temps avec Nora/Golshifteh.
Impeachment
Par Phil Inout
Le pitch
Mutée de la Maison Blanche à un poste subalterne au Pentagone suite à l’affaire Whitewater et au suicide de son patron, la secrétaire Linda Tripp (Sarah Paulson) remâche sa vengeance. Quand la jeune Monica Lewinsky (Beanie Fledstein) arrive dans son service et lui raconte qu’il lui est arrivé la même mésaventure, à cause de ses « relations » avec Bill Clinton (Clive Owen), Linda va tout faire pour que le scandale éclate. L’occasion se présente alors que l’équipe du Président tente d’étouffer l’affaire Paula Jones (Analeigh Ashford), une autre jeune femme victime du donjuanisme maladif de l’ex- Président…
Ce qu’on en pense
Après L’Affaire OJ Simpson et L’Assassinat de Gianni Versace, la 3e saison de la série American Crime Story s’intéresse au scandale Monica Lewinsky, qui faillit faire destituer Bill Clinton. Ryan Murphy est particulièrement à son affaire dans cette saison, qui met en scène des personnages haut en couleurs et des situations scabreuses sur fond d’intrigues politiques. Sarah Paulson est méconnaisable dans le rôle de la secrétaire revancharde Linda Tripp, par laquelle le scandale éclata. La débutante Beanie Feldstein campe une Monica Lewinsky naïve et manipulée par sa collègue de travail (la vraie Monica co-produit la série). Annaleigh Ashford joue une Paula Jones un peu caricaturale et Clive Owen un Bill Clinton fantômatique et assez peu ressemblant malgré plusieurs couches de maquillage. De ce côté-ci de l’Atlantique, l’affaire Lewinsky a pu se résumer au fameux « sucer n’est pas tromper » qui fut la ligne de défense du président aussi bien auprès de sa femme Hillary que du Grand Jury. Mais aux Etats-Unis, le scandale a pris des proportions homériques et la série en rappelle les tenants et les aboutissants avec une vraie gourmandise. Ca va à 100 à l’heure, les acteurs s’éclatent visiblement à jouer des personnages réels aussi délirants (Sarah Paulson notamment, dans une performance transformiste à la Merryl Streep) et on peine à croire que tout est vrai, ce qui est pourtant le cas. On n’en attendait pas moins vu le sujet , mais cette saison s’avère particulièrement… jouissive !
Scenes From a Marriage
Par Phil Inout
Le Pitch
Mira (Jessica Chastain) et Jonathan (Oscar Isaac) vivent confortablement dans une banlieue résidentielle des Etats-Unis. Elle a un poste haut placé dans une société de technologies et lui enseigne à la fac et s’occupe de leur fille lorsque Mira doit voyager pour son boulot. Justement une fusion se profile avec une boite israélienne qui risque de beaucoup accaparer la jeune femme et de bouleverser la vie du couple…
Ce qu’on en pense
Comme son titre le laisse deviner, Scenes From a Marriage est l’adaptation US de la mini-série éponyme (devenue un film) d’Ingmar Bergman qui radiographiait sans concession toutes les étapes de la vie (et de la mort) d’un couple lambda. En faire une mini série moderne était un pari risqué, vu la dévotion quasi religieuse qu’inspire l’oeuvre de Bergman. L’israëlien prodige Hagai Levi (Our Boys, BeTipul, In Treatment) y réussit pourtant au delà de toute espérance. Bien aidé, il est vrai, par le formidable couple de cinéma que forment Jessica Chastain (qui coproduit la série) et Oscar Isaac. Chaque épisode est introduit par un plan séquence montrant les acteurs se mettre en place pour le tournage, puis l’épisode démarre comme si de rien n’était. Une mise en abyme qui permet de marquer le respect dû à l’oeuvre de Bergman : oui il s’agit bien d’un remake et on vous le montre. Dans le premier épisode, une étudiante qui prépare une thèse sur les couples monogames vient interroger Mira et Jonathan. Lui se répand en confidences alors qu’ elle reste sur sa réserve, l’air préoccupée. Effectivement, il y a de la tempête dans l’air: le deuxième épisode nous plonge directement dans le drame. Mira a un amant et a prévu de partir avec lui séance tenante. Désir, jalousie, poly amour, frustration, lassitude, haine, divorce, réconciliation… Toutes les phases d’une relation de couple sont explorées à travers les discussions entre les deux protagonistes qui n’en finissent pas de se prendre la tête. Ce pourrait être saoulant ou plombant : ça ne l’est jamais, grace au talent des deux acteurs et à celui du réalisateur, dont la caméra circule autour d’eux avec une virtuosité époustouflante. Une des grandes séries de l’année, à n’en pas douter. Mais à ce niveau de cinématographie, peut-on encore parler de série? Plus qu’une mini-série, Scenes From a Marriage est un grand film.
Sermons de minuit
Par Phil Inout
Le Pitch
Sur la petite île reculée de Crockett, la vie est si tranquille que cela en devient presque inquiétant. Mais avec l‘arrivée d’un jeune prêtre mystérieux et charismatique (Hamish Linklater) , les habitants font l’expérience d’événements miraculeux et de terrifiantes manifestations...
Ce qu’on en pense
Après les excellents The Haunting of Hill House et The Haunting of Bly Manor, Mike Flanagan confirme avec Sermons de minuit qu’il est bien le Stephen King de la mini-série. La série débute avec la libération de Riley Flynn (Zach Gilford) un enfant de Crockett Island exilé volontaire sur le continent, qui vient de purger une peine de prison pour avoir provoqué un accident mortel alors qu’il était ivre. Sans emploi, ni ressources, il retourne vivre chez ses parents et constate que rien n’a changé sur l’île. Les jeunes s’ennuient à mourir, les adultes ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts depuis qu’une marée noire a fait fuir les poissons (la pêche étant l’unique industrie de l’île) et se réfugient à l’église pour prier pour des jours meilleurs. Justement, là quelque chose a changé : le prêtre de la paroisse, vieux et malade, a été remplacé par un jeune pasteur sombre et charismatique, le père Paul (formidable Hamish Linklater ) dont les prêches enflammés attirent de plus en plus de monde à l’église. Ce qui réjouit la bigote Bev Keane (Samantha Sloyan, formidable également) qui lui sert de bonne. D’autant plus que de petits miracles commencent à se produire parmi les paroissiens: des vieillards malades retrouvent une seconde jeunesse, une jeune handicapée remarche, les alcooliques renoncent à boire… Evidemment, ça va se gâter sérieusement… L’intégrisme religieux et le discours sur la Foi sont au coeur de cette série qui part un peu dans tous les sens (policier, comédie sentimentale, drame, fantastique…) avant de plonger dans l’horreur pure, avec un final grand guignolesque à souhait. Si on ne craint pas une overdose de bondieuseries et de blablas philosophico-religieux , on peut y aller comme à confesse: Monseigneur Flanagan connaît sa bible du cinéma d’épouvante sur le bout du missel. A binger le dimanche de préférence.