Séries

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Losing Alice

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Par Phil Inout

Le pitch

Réalisatrice à succèsmariée à David (Gal Toren) un acteur célèbre et mère de 3 jeunes enfants, Alice (Ayelet Zurer), 47 ans,est en panne d’inspiration lorsqu’elle rencontre Sophie (Lihi Kornowski), une jeune et séduisante scénariste qui vient d’écrire le scénario d’un thriller érotique que tout le monde s’arrache, à commencer par David qui y voit le rôle de sa vie. Un autre réalisateur a déjà été choisi pour le mettre en scène, mais il a disparu. Alice se positionne et devient littéralement obsédée par l’idée de réaliser le film…  

Ce qu’on en pense

Sexe, rivalités féminines, affres de la création… Tels sont les ingrédients émoustillants de cette série israéliennedécouverte à CanneSéries et diffusée par Apple TV+. Une nouvelle réussite  de la production israélienne: après Our Boys, Fauda, Nehama, When Heroes Fly, Teheran, Hatufim, False Flag  et  Hostages (pour ne citer qu’elles), on n’en finit plus de louer le talent des réalisateurs et scénaristes de l’Etat hébreux. Sans parler des interprêtes ! La merveilleuse  Ayelet Zurer (vue dans Hostages, Munich et Man of Steel) et la débutante Lili Kornowski (False Flag) forment le duo de charme de ce thriller erotico psychologique largement féminin,  dont Apple TV+ distille, hélas, les épisodes au compte-gouttes. Une forme de torture mentale encore plus cruelle en temps de confinement.

3615 Monique

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Par Phil Inout

Le pitch

Dans la France du début des années 80, Simon (Arthur Mazet), Toni (Paul Scarfoglio) et Stéphanie (Noémie Schmidt) incarnent une nouvelle génération prête à tout pour s’approprier cette nouvelle décennie sans pour autant savoir concrètement ce qu’ils vont bien pouvoir faire de leur vie. Jusqu’à ce qu’ils découvrent les possibilités insoupçonnées du Minitel Rose…

Ce qu’on en pense

Ancêtre d’internet et des réseaux sociaux, le minitel a permis à une génération d’entrepreneurs de s’enrichir grâce aux messageries érotiques, accessibles par les fameux 3615. L’histoire de cette bascule vers les autoroutes de l’information et la start up nation méritait d’être racontée. Les concepteurs de 3615 Monique ont choisi de le faire sur le ton de la comédie. C’est réussi et les dix épisodes de 25 minutes se regardent avec plaisir,  grâce notamment à un excellent casting et à une reconstitution d’époque soignée et drôle. La critique des années fric aurait pu être plus féroce, mais il n’est pas exclu que la saison 2 soit plus acerbe. 

The Good Lord Bird

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Par Phil Inout

Le pitch

Henry, dit « Onion » (Joshua Johnson Lionel), un adolescent esclave, est enrôlé malgré lui dans l’armée de militants abolitionnistes menée par John Brown (Ethan Hawke) durant le « Bleeding Kansas« , une bataille sanglante qui a transformé cet Etat du Midwest en champ de bataille entre les défenseurs et les opposants à l’esclavage…

Ce qu’on en pense

Une géniale adaptation du roman de James McBrideL’oiseau du bon Dieu (The Good Lord Bird en VO) produite par Ethan Hawke qui s’est donné le bon rôle : celui de John Brown  abolitionniste halluciné qui a conduit la bataille du Kansas en tranchant des têtes à coups de sabre pour faire entendre à leur propriétaire la bonne parole. Son épopée tragi comique est racontée par un adolescent noir enrôlé de force dans son « armée » de réprouvés après que son père ait été tué par la faute de Brown. Pris pour une fille et surnommé Onion, le gamin assiste effaré aux massacres perpétrés par les deux camps,  au nom de l’idée qu’ils se faisaient de leur pays. C’est à la fois horrible et hilarant. Toute ressemblance avec l’Amérique d’aujourd’hui, divisée entre Trumpistes et anti Trumpistes, n’est sans doute pas tout à fait fortuite…

Alice in Borderland

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Par Phil Inout

Le pitch

A Tokyo, trois copains fans de jeux vidéo se retrouvent propulsés dans une réalité alternative, où ils doivent participer à des jeux meurtriers pour tenter de rester en vie alors qu’à l’exception des autres joueurs,  le reste de la population de la ville a mystérieusement disparu… 

Ce qu’on en pense

Adaptée d’un manga à succès cette série japonaise de science fiction entraîne le spectateur dans un Tokyo vidé de ses habitants, où seuls quelques individus, apparemment choisis au hasard, doivent franchir une série d’épreuves pour survivre. A la manière d’un jeu vidéo, ils doivent franchir des plateaux de plus en plus difficiles, en ne pouvant compter que sur eux-mêmes et en se défiant des autres joueurs. Léchée mais ultra violente, la série vaut surtout pour les images de Tokyo déserte,  qui renvoient évidemment à celles du confinement.  De l’addiction aux  jeux vidéo considérée comme un virus mortel…

Industry

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Par Phil Inout

Le pitch

A Londres, un groupe de jeunes loups de la finance fraîchement diplômés intègrent la salle des marchés d’un grand opérateur en bourse. La moitié seulement décrochera un job à l’issue de la période d’essai. Dans une culture d’entreprise qui encourage l’individualisme, la compétition, le sexe, la drogue et la performance à tout prix, que sont-ils prêts à faire pour réussir ?

Ce qu’on en pense

Bienvenue chez Les loups de la City ! Empruntant au film de Martin Scorcese (Le Loup de Wall Street) son penchant pour les excès en tout genre, cette série anglo américaine écrite par deux anciens traders nous invite dans la salle des marchés d’un opérateur boursier et dans l’intimité de ses traders. Au programme : ambition, fric, sexe et cocaïne. Pas très engageant à priori,  mais difficile de lâcher le programme sans savoir qui entrera dans le moule, qui en sortira et qui décrochera la timbale. Le choix de privilégier le parcours des deux filles de la promo (une bourge des grandes écoles et une black arrivée là au culot) est payant, car il permet d’introduire les problèmes d’égalité hommes/femmes et de harcèlement au travail. Sans compter que les deux interprètes (Marisa Abela et Myha’la Herrold) sont excellentes. 

The Wilds

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Par Phil Inout

Le pitch

Un groupe d’adolescentes, toutes très différentes, se retrouvent coincées sur une île déserte après un crash d’avion. Elles ignorent qu’elles font en réalité l’objet d’une expérimentation sociale très élaborée…

Ce qu’on en pense

Eniéme variation de Lost version ados (même pitch, même structure en flashback), The Wilds tire tout de même son épingle du jeu grâce à un casting de jeunes actrices épatantes et à une étude en profondeur des caractères et des comportements. L’intrigue est cousue de fil blanc et la réalisation banale,  mais on s’attache rapidement aux  héroïnes dont chacune cache évidemment, plus ou moins bien,  un trauma et/ou un secret. Dix épisodes d’une heure c’est peut-être un peu beaucoup,  mais les premiers épisodes sont accrocheurs et les derniers donnent très envie de voir la saison 2. On recommande donc cette série estampillée Amazon Prime. 

Bir Baskadir

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Par Phil Inout

Le pitch

Aide ménagère à Istambul, Meryem, une fille de la campagne,  est victime d’évanouissements réguliers. Sans autre signe clinique, elle est orientée vers une psychiatre, la trés citadine et bourgeoise docteur Peri. D’abord rétive à se confier à cette femme d’une condition très supérieure à la sienne, la jeune femme va finir lui raconter sa vie… dans les moindres détails ! La patience de la praticienne est mise à rude épreuve par ses interminables digressions…

Ce qu’on en pense

Si quelque esprit facétieux avait eu l’idée de confier une série au réalisateur Turc chouchou de Cannes,  Nuri Bilge Ceylan (palme d’or 2014 pour Winter Sleep), cela aurait pu donner quelque chose comme Bir Baskadir. Une série « Différente« , comme le suggère son titre.  Elle met en scène une flopée de personnages, de conditions et de croyances très différentes, dont les destins vont se croiser et parfois s’opposer, alors qu’ils n’auraient jamais dû se rencontrer. D’un rythme très lent,  avec de longs tunnels de dialogues erratiques, la série nécessite une certaine tolérance au cinéma d’auteur exotique pour s’apprécier pleinement. Mais la qualité de la mise en scène, la beauté de la photographie ,  le jeu des acteurs (tous excellents ), la critique sociale et l’humour sous jacent pourront retenir l’attention d’un public en quête de fictions originales. A preuve, l’étonnant succès de la série dans son pays d’origine, où la thématique et le traitement des différences socio culturelles ont alimenté des débats passionnés. 

Une si belle famille

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Par Phil Inout

Le pitch

Par un bel après-midi, Sunny et Meja célèbrent leur union dans la campagne suédoise, entourées de leurs proches. Mais on ne choisit pas sa famille… Et quand la situation leur échappe, tous se retrouvent confrontés au meilleur comme au pire.

Ce qu’on en pense

Entre Bergman et 4 mariages et un enterrement, cette mini série suédoise en 4 épisodes ne choisit pas… Et c’est tant mieux ! C’est l’été, deux jolies jeunes filles vont se marier dans la campagne suédoise, la météo, l’église et la maison des parents sont magnifiques. Apparemment,  la seule chose qui pourrait assombrir la fête serait que le papa d’une des mariées arrive en retard à la cérémonie. Mais rien ne va se passer comme prévu, évidemment ! Sans cesse sur le fil entre comédie de mariage, comédie de moeurs et drame familial, la série séduit par le contraste entre une réalisation de soap et un contenu décalé : les mariées sont lesbiennes, la mère de l’une d’elles s’envoie en l’air dans les toilettes avec le père de l’autre, le curé est alcoolo et ne sait pas tenir sa langue, des bébés arrivent où on ne les attendait pas… L’héroïne (Helena Bergström, formidable) raconte son histoire face caméra avec un grand sérieux,  mais en se mordant les lèvres pour ne pas rire. On est ravi d’avoir été témoin des noces du drame familial suédois et de la comédie anglaise ! 

La Chronique des Bridgerton

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Par Phil Inout

Le pitch

À Londres, pendant la Régence, Daphne Bridgerton (Phoebe Dynevor), fille aînée d’une puissante dynastie, est en âge de se marier. Sa mère et son frère aîné se chargent de trier les prétendants. Mais aucun ne convient à la belle qui voudrait faire un mariage d’amour. Ses manœuvres maladroites  pour échapper aux arrangements de sa famille font les délices de la bonne société londonienne,  informée par la lettre quotidienne de la mystérieuse et impitoyable Lady Whistledown…

Ce qu’on en pense

Première production de Shonda Rhimes (Grey’s Anatomy) pour Netflix, Bridgerton (titre original de la série, inutilement alourdi en VF) est une comédie romantique en costumes,  basée sur les huit tomes de la saga littéraire de Julia Quinn. Elle met en scène la bonne société londonienne du début du 19e siècle, à l’heure des mariages arrangés. On suit les efforts maladroits de la jeune héroïne, Daphné (campée avec beaucoup de fraîcheur par la délicieuse Phoebe Dyvenor )  pour échapper aux  prétendants sélectionnés par sa famille et trouver le grand amour. Il se présentera sous la forme d’un marquis rebelle et débauché (Rege Jean-Page), hélas bien décidé à ne pas se faire passer la corde au cou.  Dans l’esprit pop et coloré du Marie Antoinette de Sofia CoppolaBridgerton ne brille pas par l’originalité de son scénario,  ni par sa mise en scène tape à l’oeil, mais se révèle tout de même assez addictif, grâce à une  galerie de personnages attachants et à un point de vue résolument moderne et féminin. Sexy et colorée (jusque dans une mixité raciale peu conforme à la réalité historique), la série se déguste comme une boite de macarons de Noël et laisse le même goût sucré. Une mignardise ! 

Chambre 2806 : L’affaire DSK

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(Photo Joel Saget/AFP)                                                                                                                     

Par Philippe DUPUY

On ne saura probablement jamais ce qui s’est  réellement passé le 14 mai 2011, dans la suite présidentielle 2806 du Sofitel de New York. Deux thèses s’affrontent toujours : celle de la victime, la femme de chambre guinéenne  Nafissatou Dialo qui affirme avoir été violée par son occupant :  un certain Dominique Strauss Kahn. Et celle de ce dernier, qui a toujours évoqué sans entrer dans les détails une « relation inappropriée » (entendre adultérine) mais consentie. Les quatre épisodes de 50 minutes du documentaire réalisé sur l’affaire par Jali Lespert pour Netflix ne suffiront pas à trancher la question, que la justice américaine s’est empressée d’enterrer sous un non lieu.  Après que la police New Yorkaise ait tout fait pour humilier l’accusé,  le cabinet du procureur a, en effet, estimé que la plaignante avait trop menti dans le passé (à propos de ses fréquentations et pour obtenir son statut de réfugiée, notamment) pour être crédible à la barre d’un tribunal.  DSK a donc été élargi,  sans même avoir eu à s’expliquer publiquement. L’affaire lui a juste coûté sa carrière politique (il était, à l’époque, favori à la présidentielle contre Sarkozy), son mariage avec Anne Sinclair et quelques millions de dollars de « frais du justice », dont 1,5 million pour acheter le silence de la victime. Silence relatif, puisqu’elle a beaucoup parlé depuis et qu’elle le fait encore longuement devant la caméra de Jalil Lespert.  On y voit une femme plus attirante que sur les photos, mais brisée par l’affaire,  qu’elle ne peut évoquer qu’en réprimant des sanglots. Bien construit, rigoureux, multipliant les témoignages et les sources d’archives sonores et vidéo, le documentaire n’apprendra pas grand chose à ceux qui ont suivi l’affaire en direct. Mais venant après l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, le portrait qu’il dresse de l’ancien directeur du Fond Monétaire International est sans appel. Celui d’un baiseur compulsif qui ne s’embarrassait pas de scrupules ni de formes pour satisfaire ses besoins sexuels. Qu’il s’agisse d’une intervieweuse imprudente (Tristane Banon, piégée dans un appartement qui lui servait probablement de baisodrome), d’une prostituée du Carlton de Lille (où ses amis locaux organisaient pour lui des parties pas fines que ça),  ou d’une femme de chambre new yorkaise, entreprise à la hussarde dans le couloir de la suite présidentielle. La parole de ses défenseurs de l’époque (avocats ou amis politiques), qui persistent à ne voir en lui qu’un incorrigible Don Juan,  est aujourd’hui strictement inaudible. Même si le casier judiciaire de DSK est resté miraculeusement vierge après deux procédures infamantes (celle de New York et celle de Lille), l’époque l’a jugé et condamné.

Cheyenne et Lola

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Le pitch
Libérée de prison, Cheyenne (Veerle Baetens) fait des ménages sur les ferries en rêvant de partir en Amazonie. Lola (Charlotte Le Bon) est une ravissante parisienne, égoïste et sans scrupules, qui vient de débarquer dans le Nord pour s’installer avec son amant. Quand Lola tue l’épouse de son amant, Cheyenne, témoin involontaire, sait qu’elle va être accusée du meurtre à cause de son casier. Elle est obligée de demander au caïd de la région de faire disparaître le corps. Une faveur qui va les entraîner dans un très dangereux jeu de dupes…

Ce qu’on en pense

Découverte à CanneSéries, cette nouvelle série française surfe sur la récente vague de succès remportés par les films sociaux, en mélangeant intrigue policière et peinture sociale. Bienvenue dans le Noooord, où la malheureuse Cheyenne (Veerle Baetens, crâne rasée et regard intense) , tout juste sortie de prison pour avoir refusé de dénoncer son mari braqueur, essaie de se réinsérer en faisant des ménages sur les ferries en partance pour l’Angleterre. Pas évident,  quand ses anciennes fréquentations font tout pour la mouiller dans leurs trafics  (de drogue et d’êtres humains) et qu’elle a le malheur de tomber sur une jeune écervelée (Charlotte Le Bon, excellente),  qui la mêle à un meurtre et l’entraîne malgré elle dans une cavale des plus périlleuses. C’est Thelma et Louise sur les Quais de Ouistreham (référence au livre de Florence Aubenas qui a inspiré la partie sociale de la série). La lumière et les décors industriels des Hauts de France font beaucoup pour l’attrait d’une série qui a tendance à en faire un peu trop entre réalisation esthétisante  et dialogues audiardesques, mais s’avère tout de même attachante,  grâce à ses deux actrices vedettes et à un très bon casting de seconds rôles.

Derby Girl

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Le pitch

Lola Bouvier (Chloé Jouannet), star déchue du patinage artistique à l’égo surdimensionné, décide de devenir  la plus grande championne de Roller Derby de tous les temps en intégrant, malgré elle, l’une des plus mauvaises équipes de l’Hexagone : les Cannibal Licornes…

Ce qu’on en pense

Découverte à CanneSéries, cette série girlie est à découvrir gratuitement sur le site de France TV ou sur la nouvelle plateforme Salto si on est abonné. Elle met en scène la fille d’Alexandra Lamy, Chloé Jouannet qui n’a pas volé son hérédité (elle s’était déjà faite remarquer dans les séries Riviera et Infidèle, mais là c’est une révélation comique),  aux côtés d’une bande de jeunes actrices également épatantes. Parodiant allègrement les séries américaines pour ados, Derby Girl envoie du bois dans l’humour trash et le mauvais goût assumé. On suit la résistible ascension de l’héroïne, sorte de Tanya Harding du roller derby, prête à tout pour devenir une championne de la discipline, après s’être faite exclure des championnats du monde de patinage artistique pour avoir coupé les doigts d’une de ses concurrentes avec ses lames de patins. C’est drôle, bien écrit, bien joué et bien réalisé : si on ne savait pas qu’elle est française, on jurerait une série anglaise !  Après l’excellent Parlement, il se confirme que les bonnes séries de France TV sont à voir en ligne plutôt que sur les chaines publiques…

No Man’s Land

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Le Pitch
2014. La vie rangée d’Antoine (Félix Moati) bascule le jour où il croit reconnaître sa sœur (Mélanie Thierry) , qu’il pensait morte, sur une vidéo de combattantes kurdes en Syrie. En partant à sa recherche, il rejoint cette unité de femmes et va voyager avec elles à travers le territoire syrien pour tenter de découvrir la vérité…

Ce qu’on en pense 

Après deux mauvais films sur les combattantes kurdes (Les Filles du soleil et Sœurs d’armes), on pouvait craindre le pire d’une série. Bonne surprise : No Man’s Land est une réussite. Du calibre du Bureau des Légendes ou presque. En plus de nous embarquer auprès d’une unité combattante en Irak, à la recherche de la sœur disparue du héros, la série se déploie en France, en Egypte et en Angleterre, dans l’ombre des agences de renseignements qui œuvrent en secret  pour empêcher les attentats terroristes.  Nous sommes en 2014, Daesh est en pleine expansion. La menace islamiste est partout, mais  Antoine (Félix Moati, excellent) n’en a cure: mortifié d’avoir perdu sa sœur archéologue dans un attentat au Caire, il est persuadé qu’elle n’est pas morte et qu’elle a rejoint les rangs kurdes. Il part en Syrie et se retrouve pris au piège de la guerre. On suit en flash-back le parcours de sa sœur (Mélanie Thierry, parfaite) pour savoir ce qui lui est arrivé.  Contrairement aux deux films précités,No Man’s Land se garde de glamoriser la guerre,  évite les clichés et les analyses géopolitiques à deux balles. La série adopte même par moments le point de vue des jihadistes,  en s’attachant à un trio de jeunes prolos anglais qui ont rejoint Daesh. Superbement écrit (par un trio de scénaristes israéliens),  bien interprêté et réalisé avec un louable souci de réalisme, No Man’s Land est à binger sur Arte + ou à déguster par épisodes sur la chaîne franco-allemande à partir du 26 novembre. 

Utopia

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Par Phil Inout

Le Pitch
Depuis qu’un exemplaire original d‘un énigmatique comic book  est tombé entre leurs mains, des fans réalisent que les théories de conspiration évoquées dans la bande-dessinée sont réelles. Dès lors traqués sans répit par une mystérieuse organisation, ces jeunes gens, qui ne connaissaient pas jusqu’alors, vont devoir se serrer les coudes pour survivre et utiliser à bon escient les données en leur possession… Pour sauver l’humanité ?

Ce qu’on en pense

Remake américain d’une série anglaise culte mais restée inachevée, Utopia a tout pour marquer les esprits en temps de pandémie. Il y est, en effet, question de virus mortels propagés par une mystérieuse organisation, de course au vaccin,  de complotisme et de fake news. Toutes choses qui ont fait flores dans la vraie vie depuis l’apparition du Covid-19. Par rapport à la série originale, la version US diffusée en France par Amazon Prime ajoute un budget plus confortable (qui garantit on l’espère plusieurs saisons et une vraie fin), une héroïne issue du cinéma indé (Sasha Lane révélée par Andrea Arnold dans American Honey) et une star établie (John Cuzack dans le rôle du vilain docteur Christie). Côté méchants, on regrette la dégaine typiquement mancunienne du nervi de la série anglaise, ici remplacé par un tueur lunaire et amateur de désorbitation à la cuillère. Marquée par des accès de violence gore, la série n’est pas à mettre sous tous les yeux et on peine à s’attacher aux personnages, même positifs, tant le taux de mortalité est élevé. Mais le scénario est suffisamment intrigant pour soutenir l’intérêt au fil des 8 épisodes et espérer une saison 2. 

Social Distance

Séries|

Par Phil Inout

Le Pitch
Un homme célibataire depuis peu cherche des moyens créatifs de passer le temps tout en restant sobre et en gardant le contact avec son groupe de soutien. Une famille élargie aux relations compliquées fait de son mieux pour organiser à distance et en ligne un hommage à son patriarche décédé. Une mère célibataire à cran s’occupe d’une personne âgée au caractère bien trempé tout en surveillant à l’aide de caméras sa petite fille restée seule à la maison… Tous jonglent avec les nouvelles technologies de communication pour continuer à vivre normalement, même confinés… 

Ce qu’on en pense

Il fallait s’y attendre: le confinement a déjà sa série. Elle ne s’appelle pas Confinés mais elle aurait pu (dû ?) . Produite par Jenji Kohan (Weeds, Orange is the New Black) pour Netflix, Social Distance croque,  en une série de 8 épisodes d’une vingtaine de minutes,  la vie pendant le confinement. Les protagonistes sont Américains,  mais ils pourraient tout aussi bien être Anglais, Italiens ou Français, tant les situations décrites s’inspirent de la réalité vécue par toutes les populations confinées. C’est souvent drôle, parfois émouvant, excellemment joué et mis en scène. L’habileté des réalisateurs à filmer l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux et à en faire du cinéma n’est plus à démontrer. Même les français s’en sortent très bien (voir le récent Connectés). Lorsque la crise sanitaire sera terminée, ces réalisations serviront de mémoire du confinement. Et aussi, c’est à craindre,  de mode d’emploi pour les suivants  !