The Comey Rule
Le Pitch
En 2013, sous la présidence de Barack Obama, James B. Comey, personnalité républicaine, est nommé comme directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI). A partir de 2016, sous sa direction, le FBI enquête sur les mails de la candidate démocrate favorite pour les prochaines élections américaines, Hillary Clinton. L’investigation affaiblit la candidature démocrate à l’élection présidentielle et aboutit à l’élection de Donald Trump. Confirmé à son poste par le nouveau président, Comey lance l’enquête sur l’ingérance Russe dans l’élection, qui met en cause des proches de Trump. En mai 2017, James Comey est licencié par le Président Donald Trump…
Ce qu’on en pense
Étonnant destin que celui de James Comey: nommé à la tête du FBI par un président démocrate alors qu’il est républicain, il décide, à quelques jours de l’élection de 2016, de relancer une enquête qui met en cause la candidate démocrate Hillary Clinton. Il est alors désigné, par le camp démocrate, comme celui qui a fait élire Donald Trump…. Avant de devenir, pour les Républicains, celui qui cherche à nuire au nouveau président en défendant l’enquête sur ses liens avec la Russie ! Basée sur les mémoires de l’ancien directeur du FBI, The Comey Rule, mini série en 4 épisodes diffusée par Canal +, retrace ces moments clés de la campagne de 2016 et du début de la présidence Trump . Elle montre comment une institution aussi puissante que le FBI peut-être attaquée par un pouvoir autocratique et immerge le spectateur dans les premiers mois de la présidence la plus folle qu’aient connus les Etats-Unis. Dans le contexte d’une nouvelle élection, c’est évidemment passionnant. Surtout dans la deuxième partie, portée par la formidable interprétation de Brendan Gleeson en Donald Trump, face à un excellent Jeff Daniels dans le rôle de James Comey.
Possessions
Le Pitch
Natalie (Nadia Tereszkiewicz), jeune française expatriée en Israël, est accusée d’avoir égorgé son mari le soir de ses noces. Karim (Reda Kateb), un diplomate français chargé d’apporter sur place son aide à des ressortissants en difficulté, essaie de comprendre ce qui s’est passé et tombe peu à peu sous le charme de Natalie…
Ce qu’on en pense
Commande de Canal +, Possessions est une nouvelle preuve du savoir faire israélien en matière de séries. Le titre pourrait laisser penser à une série d’épouvante, mais il n’en est rien. Même si l’intrigue a une connotation fantastique, il s’agit plus d’une série policière, dont l’originalité tient surtout à la personnalité des deux enquêteurs, peu qualifiés pour le job : Esti (Noa Koler, excellente), inspectrice chargée des affaires familiales, se retrouve avec un crime sur les bras car c’est la seule du commissariat à parler français. Karim (Reda Kateb, parfait), fonctionnaire au consulat de France, n’est en principe là que pour conseiller la famille de l’accusée, française récemment expatriée en Israël. Mais il se passionne pour l’enquête et n’est pas insensible au charme de la jeune mariée devenue veuve le soir de ses noces… Dans le rôle de la veuve noire, Nadia Tereszkiewicz (sacrée découverte !) rappellera aux fans de Tarantino la mariée sanglante de Kill Bill : sa ressemblance avec Uma Thurman est étonnante et très certainement intentionnelle. En plus du mystère, qui plane jusqu’au bout sur la nature du crime (pourtant perpétré devant une foule d’invités au moment de couper le gâteau des noces), la réalisation entretient le suspense sur les rapports entre les différents membres des deux familles : celle de l’accusée, d’origine tunisienne et fraîchement expatriée de France et celle du mari, composée de juifs profondément religieux. Un cocktail passionnant de fantastique, de religion et de domination, qui tient en haleine au long des six épisodes et offre aux seconds rôles français (Tcheky Karyo, Dominique Valadié, Judith Chemla, Ariane Ascaride, Aloïse Sauvage) des partitions de choix. Après le formidable Our Boys, une nouvelle réussite franco-israélienne.
Lovecraft Country
Par Phil Inout
Le Pitch
Dans l’Amérique raciste des années 1950, Atticus Black (Jonathan Majors), un jeune homme de 25 ans, embarque avec son amie Letitia (Jurnee Smolett-Bell) et son oncle George (Courtney B Vance) dans un road trip à la recherche de son père disparu. Sur la route, ils rencontrent des monstres fantastiques, ainsi que des monstres bien réels…
Ce qu’on en pense
Entre Green Book, Us et Get Out, cette nouvelle série d’OCS produite par Jordan Peele (Get Out) et JJ Abrams (Lost), mélange road movie, horreur, polar, commentaire politique et fond social, dans une reconstitution soignée de l’Amérique raciste et ségrégationniste des années 50. Adaptée du roman éponyme de Matt Ruff, publié en 2016, elle utilise la référence à Lovecraft pour assimiler les comportement racistes à l’oeuvre du démon. Gonflé dans le contexte actuel ! L’intrigue tire un peu à la ligne (10 épisodes d’une heure, c’est beaucoup) , mais la série réussit à captiver grâce à un casting de premier ordre et à une réalisation haut de gamme, à l’image du pilote signé par le français Yann Demange.
Le Mensonge
Par Phil Inout
Le Pitch
Claude Arbonel (Daniel Auteuil) a tout réussi dans sa vie : son mariage, sa carrière… Maire de sa ville, Castel sur Mer, il se destine à devenir sénateur. Pour Lucas, son petit-fils adoré, la vie est bien moins souriante : à Melun où il vit, ses parents divorcent. Tout le monde se dispute sa garde. Mal dans sa peau, il accuse un jour son grand-père de viol…
Ce qu’on en pense
Les habitants de la Côte d’Azur seront certainement devant leur poste de télévision les 5 et 12 octobre, pour voir cette mini-série de France 2. Et pas seulement parce que Daniel Auteuil y fait ses grands débuts dans une série télé, ni parce qu’elle a été tournée dans la région (Nice et Villefranche sur mer). L’affaire Iacono, dont elle s’inspire, a, en effet, défrayé la chronique locale durant des années, sans qu’on en comprenne toujours le tenants et les aboutissants. En 2000, alors qu’il s’apprêtait à briguer un poste de sénateur, le maire de Vence, Christian Iacono fut interpellé et placé en garde à vue pour le viol de son petit fils. Condamné aux assises puis en appel à 9 années de prison, il a toujours clamé son innocence. Jusqu’à ce qu’en 2011, son petit fils qui l’accusait d’attouchements sans en démordre se rétracte et avoue qu’il avait menti depuis tout ce temps… Daniel Auteuil, campe avec le talent qu’on lui connaît ce notable déchu, qui trouvera pourtant la force de pardonner à son petit-fils ces années de purgatoire. Et c’est Vincent Garenq, auteur de Présumé Coupable sur l’affaire d’Outreau, qui met en scène cette mini série en 4 épisodes. Les noms et les lieux ont été changés, mais les faits tels qu’ils ont été établis par la justice sont respectés. La mécanique du mensonge puis du déni de mensonge est parfaitement expliquée dès le premier épisode et les trois autres décrivent en détail le calvaire judiciaire et familial qu’a dû subir l’ancien maire de Vence. Une réalisation solide qui évite les clichés sudistes et les trémolos, pose les bonnes questions et y apporte des réponses. Le casting autour de Daniel Auteuil est excellent et tout sonne juste. Du beau boulot.
The Outsider
Le pitch
Le corps atrocement mutilé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans une petite ville de l’Oklahoma. Les empreintes digitales et l’ADN présents sur les lieux du crime désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland (Jason Bateman), l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball. L’affaire semble évidente à un détail près : Terry Maitland a un alibi en béton armé. Il était en effet à plusieurs centaines de kilomètres au moment où le meurtre a été commis. Le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn) , proche de Maitland, est chargé de faire la lumière sur cette affaire pour le moins étrange. Et son explication pourrait bien dépasser l’entendement…
Ce qu’on en pense
Après un passage réussi au cinéma (Love Stinks, Juno, Hancock) , Jason Bateman qui a débuté sa carrière sur le petit écran (La Petite maison dans la prairie, Arrested Development) fait un retour gagnant dans l’univers des séries en produisant deux des fictions phares du moment, dans lesquelles il joue également: Ozark (l’histoire d’un comptable contraint de blanchir les centaines de millions de dollars d’un cartel mexicain) et The Outsider qui vient de débarquer en France sur OCS. Adapté d’un roman de Stephen King par Richard Price (The Wire, The Deuce) et Dennis Lehane, The Outsider débute comme une classique série policière par une enquête à la True Detective dans un bled rural de l’Oklahoma. Un jeune garçon a été violé et assassiné dans des conditions atroces et tout accuse Terry Maitland (Jason Bateman), un père de famille bien sous tous rapports, coach bénévole de baseball pour les enfants du patelin. Plusieurs témoins l’ont vu revenir de la forêt couvert de sang le jour du crime, les vidéos de surveillance prouvent leurs dires, ses empreintes et son ADN sont partout sur les lieux. Le détective Ralph Anderson (Ben Mendelsohn, excellent) décide donc de l’interpeller sans même l’interroger, pendant un match de l’équipe junior auquel assistent tous les parents. Mais l’avocat de Maitland aura tôt fait de prouver qu’à l’heure du meurtre son client assistait à une conférence publique à 100 kms de là. Après une série de réactions en chaîne dramatiques , qui vont endeuiller et traumatiser la communauté locale, l’enquête prendra un tour surnaturel avec l’intervention d’un enquêtrice privée, férue d’esprits maléfiques et de doppelgangers, dans la pure tradition des romans de Stephen King. Une superbe adaptation qui réussit le tour de force de marier les univers du thriller et du fantastique, dans une ambiance poisseuse et angoissante à souhait. Bien qu’étirée sur dix épisodes d’une heure, l’histoire tient en haleine jusqu’à la révélation finale, en jouant avec les nerfs du spectateur. Une des meilleures séries du moment.
Big Little Lies
Par Phil Inout
Le Pitch
Quand Madeline (Reese Witherspoon) , Jane (Shailene Woodley) et Celeste (Nicole Kidman) se lient d’amitié par l’intermédiaire de leurs enfants, elles ne se doutent pas qu’elles vont se retrouver, des mois plus tard, au centre d’un tragique accident, survenu à la fête de l’école. Qui est mort ? Qui est responsable ? Et pour quelle raison ? Secrets, rumeurs et mensonges ne faisant pas bon ménage, tout l’univers de la petite ville de Monterey va être secoué de violents soubresauts.
Ce qu’on en pense
Après avoir fait le bonheur des abonnés OCS, Big Little Lies débarque sur TF1 à compter du 25 août. Les télespectateurs de la TNT vont donc enfin pouvoir faire connaissance avec ces nouvelles » ménagères désespérées », incarnées par Reese Witherspoon, Shailene Woodley, Nicole Kidman, Laura Dern et Zoe Kravitz (rejointes dans la deuxième saison par l’épatante Meryl Streep). Outre son casting étoilé et ses personnages hauts en couleur, la série se distingue par une intrigue criminelle, qui réussit l’exploit de tenir en haleine sans qu’on sache pendant très longtemps qui est mort, ni pourquoi. Remarquablement écrite, réalisée et interprêtée, Big Little Lies est la meilleure série féminine depuis Desperate Housewives.
Moloch
Par Phil Inout
Le Pitch
Dans une ville portuaire, industrielle et labyrinthique, des inconnus s’enflamment brutalement, sans raison. Suicides ? Meurtres ? Phénomènes surnaturels ? Pour le découvrir, Louise (Marina Vacth) une jeune journaliste, Tom (Arnaud Valois) un inspecteur de police et Gabriel (Olivier Gourmet), un psychiatre, mènent l’enquête…
Ce qu’on en pense
Présentée à CanneSéries avant sa mise en ligne sur Arte +, Moloch débarque sur Arte pour deux soirées de trois épisodes. Superbement réalisée par Arnaud Malherbe (Chefs), c’est un thriller fantastique dans la lignée de Dark et de Il Miracolo, excellente série espagnole dans laquelle une statue de la vierge pleurait du sang. Ici, ce sont des inconnus qui prennent feu et se consument mystérieusement (effets spéciaux trés réussis). Le premier cas est découvert par une journaliste débutante (l’excellente Marina Vacth) qui, consciente de tenir le scoop de sa vie, va enquêter sur le phénomène, au péril de sa vie et de sa santé mentale (déjà fragile). Elle fait équipe un moment avec le jeune inspecteur de police chargé de l’enquête (Arnaud Valois), avant de jeter son dévolu sur un psychiatre (Olivier Gourmet) dont certains patients semblent avoir un lien avec l’épidémie d’auto combustions. Laquelle se propage rapidement dans la ville portuaire indéterminée où se situe l’action, ce qui nous vaut de beaux plans nocturnes de docks et diurnes sur l’immense plage battue par le vent, façon polars nordiques. Les deux premiers épisodes sont accrocheurs, avec une réalisation qui, par moments, pourrait faire penser à du Gaspar Noé, un très bon casting, une ambiance anxiogène et une bande son qui mixe electro et death metal. Hélas, comme souvent dans ce type de séries (Ad Vitam, Trepallum), le scénario ne tient pas la distance : on achète difficilement le volet « contestation sociale » de l’affaire (n’est pas Joker qui veut) et les quatre derniers épisodes sont un long pensum boursouflé, dur à avaler. Le rythme est beaucoup trop lent, les dialogues frisent le ridicule, les clichés pullulent (spécialement dans la salle de rédaction du Télégraphe, le journal où travaille l’héroïne), tout le monde tire la tronche et on patauge dans une ambiance mystico-traumatique malaisante. Jusqu’à un final diablement… décevant.
Penny Dreadful : City of Angels
Par Phil Inout
Le pitch
En 1938, à une époque profondément imprégnée de tensions sociales et politiques, la ville de Los Angeles est bouleversée par un crime effroyable. Le détective Tiago Vega (Daniel Zovatto) et son partenaire Lewis Michener (Nathan Lane) s’embarquent dans une enquête épique. Très vite, Tiago et les siens doivent faire face à de puissantes forces maléfiques qui menacent de les déchirer…
Ce qu’on en pense
A chaque plateforme sa série sur le Los Angeles des années 40: Netflix a son Hollywood, OCS un reboot de Perry Mason et Canal+ ce spin off de Penny Dreadful. Une énième enquête policière sur fond de spéculation immobilière, de corruption politique, de sexe et d’espionnage . Pas trés original mais la reconstitution du Los Angeles d’avant guerre est si réussie qu’on s’embarque volontiers sur les basques des deux enquêteurs : un jeune inspecteur chicano qui ressemble à Patrick Cohen (Daniel Zovatto) et un vieux juif chevronné (joué par l’excellent Nathan Lane) qui doivent résoudre ce qui ressemble au meurtre rituel d’une famille entière. Dès la première scène, John Logan (scénariste star d’Hollywood qui a notamment écrit les derniers James Bond) ajoute au tableau une composante fantastique, histoire de coller à la franchise Penny Dreadful, ouverte en 2014-2015 avec une première saison très réussie dont Eva Green était la vedette. L’enquête est donc parasitée par l’existence d’un démon (incarné par Natalie Dormer) qui cherche à faire basculer le monde dans l’apocalypse en utilisant les hommes (un conseiller municipal, le frère du héros, les nazis…) comme de simples pions. Tout cela fait un peu gloubiboulga (trop de personnages, trop d’intrigues parallèles, trop de genres qui ont du mal à cohabiter, trop d’épisodes inégaux), mais la réalisation rattrape toujours le spectateur par la manche pour lui faire avaler un épisode de plus. On arrive au bout des dix épisodes rincé, mais pas fâché.
Unorthodox
Par Phil Inout
Le Pitch
Esther Shapiro (Shira Haas), jeune femme juive mariée contre son gré, fuit New York, son mari, sa famille et son groupe religieux ultra-orthodoxe pour vivre sa vie de femme libre à Berlin, où sa mère, avant elle, avait trouvé refuge. Mais sa communauté n’a pas l’intention de la laisser s’émanciper…
Ce qu’on en pense
Cette formidable mini-série allemande est basée sur une histoire vraie: celle d’une jeune femme qui a dû fuir une communauté religieuse de New York pour vivre librement sa vie de femme. Il faut dire que le quotidien des femmes juives hassidiques n’a pas beaucoup évolué depuis le moyen âge. Il consiste essentiellement à faire des enfants et la popote pendant que les hommes discutent et prient. Evoquée en flashback, la vie d’Esther avant son départ est si différente de celle qu’elle découvre en arrivant à Berlin que le contraste est saisissant. La jeune femme a l’air d’ une extra terrestre tombée de sa soucoupe, à côté des étudiants étrangers en musicologie qu’elle rencontre par hasard dans la capitale allemande et aux basques desquels elle s’accroche, comme à une bouée de sauvetage. Le physique singulier de Shira Haas, qui l’interprête, renforce l’impression d’étrangeté qui se dégage de cette série, au traitement vraiment original et délicat. A la fois portrait de femme, immersion dans une communauté hassidique et thriller conjugal (le mari et un acolyte sont envoyés à ses trousses pour la récupérer), Unorthodox est plus qu’une mini -série en quatre épisode: c’est un véritable film de quatre heures. L’Allemande Anna Winger (Deutschland 83) signe avec elle l’une des meilleures productions Netflix, tous genres confondus.
The Eddy
Par Phil Inout
Le pitch
Autrefois célèbre pianiste de jazz new-yorkais, Elliot Udo ( Andre Holland) est désormais le patron de The Eddy, club parisien ayant connu des jours meilleurs. Il y dirige un orchestre où se produit la chanteuse Maja (Joanna Kulig) qui est aussi sa petite amie occasionnelle. Tandis qu’Elliott découvre que son associé Farid (Tahar Rahim) est sans doute impliqué dans une affaire douteuse, d’autres secrets éclatent au grand jour qu’Amira (Leila Bekhti) , la propre épouse de Farid, ignorait. Et quand la fille d’Elliot, Julie (Amandla Stenberg), adolescente perturbée, débarque soudain à Paris pour vivre avec son père, l’univers personnel et professionnel de celui-ci s’effondre peu à peu. Car il doit affronter les fantômes du passé tout en se démenant pour sauver le club et protéger ceux qui lui sont chers…
Ce qu’on en pense
Très attendue, la première série de Damien Chazelle (Whiplash, La La Land, First Man) pour Netflix déçoit. Comme son confrère Nicolas Winding Refn avec Too Old To Die Young sur Amazon Prime Video, le jeune prodige franco américain a cru pouvoir s’affranchir des normes de la série TV pour proposer quelque chose de totalement personnel et original. Restant dans un genre qu’il affectionne visiblement (le musical jazz déjà présent dans Whiplash et La La Land) , il s’est fait plaisir sur la réalisation. Les premiers épisodes ont été tournés en pellicule (une première pour Netflix) et multiplient les plans séquences. On est d’abord séduit par l’univers des clubs de jazz et la faune cosmopolite que filme très bien le réalisateur de La La Land. Et puis… Patatras ! L’intrigue policière autour de la mort d’un des associés du club est balourde, aucun personnage n’émerge vraiment (celui de l’ado de service vire même à la caricature) , Tahar Rahim, Leïla Bekhti et Benjamin Biolay ne sont là que pour jouer les utilités, les épisodes s’étirent inutilement et on se lasse de cet univers misérabiliste de musiciens fauchés, de petits loubards, de coulisses et quartiers crades . Les scènes musicales sont chouettes, mais ne suffisent pas à soutenir l’intérêt. On quitte le club sans regret et avec peu d’envie d’y revenir.
This Is Us
Par Phil Inout
Le pitch
Des années 70 à nos jours, la saga d’une famille (presque) ordinaire : celle de Jack et Rebecca Pearson (Milo Ventimiglia et Mandy Moore) et de leurs triplés Randall (Sterling K Brown), Kate (Chrissy Metz) et Kevin (Justin Hartley) entre la côte Est et la côte Ouest des Etats-Unis…
Ce qu’on en pense
Alors que la diffusion des trois premières saisons s’achève sur M6 et que NBC a commencé celle de la saison 5 aux Etats-Unis , Amazon Prime vient de mettre en ligne la saison 4 de This Is Us, la formidable série familiale de Dan Fogelman. En six saisons, This Is Us raconte la vie quasi quotidienne d’une famille de la classe moyenne américaine, avec ses grands bonheurs (la naissance de triplés), ses drames (la perte d’un bébé), ses résiliences (l’adoption d’un bébé abandonné, né le même jour), ses projets, ses victoires et ses échecs. Des pans de vie qui traversent cinq décennies de l’histoire contemporaine des Etats Unis. Une saga grandiose, portée par des acteurs formidables, que l’on voit vieillir ou rajeunir au gré de constants aller-retours dans le temps. Impossible de ne pas s’attacher à cette famille, dont on découvre peu à peu les nombreux membres, leur personnalité et leurs choix de vie. Loin de l’univers caricatural des sagas familiales à la Dallas ou Dinasty, This Is Us touche par son réalisme, sa finesse, sa justesse de trait et sa profondeur. Attention tout de même : c’est extrêmement addictif et on pleure autant qu’on rit. Préparez les mouchoirs !
Space Force
Par Phil Inout
Le Pitch
Le 18 juin 2018, le gouvernement fédéral annonce la création d’une 6e Division au sein des forces armées américaines. L’objectif de cette nouvelle section : défendre les satellites contre des attaques et exécuter diverses missions liées aux opérations spatiales. Enfin, plus ou moins…
Ce qu’on en pense
Donald Trump et l’impérialisme américain en prennent pour leur grade dans cette série satyrique de Steve Carrel et Greg Daniels. Le duo, responsable de la version américaine de The Office, tire à boulets rouges sur les projets de conquête spatiale de Donald Trump, dans une veine pas trés éloignée de Dr Folamour. Sauf qu’ici les scientifiques sont plutôt raisonnables, à l’image du responsable du programme spatial, humaniste et zen, incarné par John Malkovich, alors que les militaires enchainent les bourdes. Steve Carrel est , une fois de plus, parfait en général commandant la nouvelle Space Force et on découvre à chaque épisode des seconds rôles délirants. Un renfort de choc pour le catalogue Netflix.
Nehama
Par Phil Inout
Le pitch
Guy Nehama (Reshef Levi) a une épouse parfaite (Liron Weismann), cinq beaux enfants, une grande maison et un boulot rémunérateur d’associé dans un cabinet de développement de logiciels informatiques à Tel Aviv. Mais Guy regrette en secret d’avoir sacrifié pour obtenir tout cela sa vocation d’humoriste. Il décide de plaquer son job pour faire du stand up…
Ce qu’on en pense
Repérée à Cannes Séries l’année dernière, cette nouvelle série israélienne succède à Our Boys sur Canal + et confirme que c’est du côté de Jérusalem ou Tel Aviv qu’on trouve en ce moment les fictions les plus originales et les plus intéressantes. A lire le pitch de Nehama , on pourrait s’attendre à un énième soap familial avec un héros humoriste (Reshef Levi, acteur producteur, scénariste et réalisateur), sorte de Stephane Guillon qui aurait prospéré dans l’informatique mais dont la vraie vocation était de faire de la scène. Lorsque la série débute, on le trouve en pleine crise de la quarantaine prêt à abandonner son job rémunérateur pour reprendre sa carrière avortée de stand-upper dans un cabaret de seconde zone. Mais le destin va lui jouer un tour à sa manière et prouver qu’il a un sens de l’humour encore plus noir que le sien. A partir de là, Nehama oscille sans cesse entre comédie et drame, d’une manière assez inédite et avec un humour corrosif. A travers le quotidien agité de cette famille nombreuse et envahissante, la série offre une peinture décapante de la société israélienne, de ses névroses et de sa capacité de résilience. Le tout servi par un casting impeccable (mention spéciale à Liron Weismann qui joue la mère de famille : une révélation).
Perry Mason
Par Phil Inout
Le pitch
1932, Los Angeles. Alors que le reste du pays se remet de la Grande Dépression, la ville est en plein boom. Pétrole, Jeux Olympiques, ferveur évangélique… Mais quand l’affaire criminelle de la décennie arrive entre les mains de Perry Mason (Matthew Rhys) , le jeune détective privé, traumatisé par la grande guerre, se lance dans une quête de la vérité qui va révéler les fractures de la Cité des Anges. Et par la même occasion ouvrir la voie à la propre rédemption de Mason…
Ce qu’on en pense
Il fallait oser ! Incarné pendant près de 30 ans par l’inoxydable Raymond Burr, l’avocat Perry Mason était devenu une icone de la télé américaine, après avoir été pendant 40 ans le héros des romans de Earle Stanley Gardner . Les créateurs de Westworld et Friday Night Lights, Rolin Jones et Ron Fitzgerald, ont pourtant imaginé un reboot dans lequel on découvre la jeunesse du héros, alors qu’il était encore détective privé dans le Los Angeles de la Grande Dépression. Traumatisé par son engagement dans les tranchées de 14-18, alcoolique et fauché, Mason va se retrouver mêlé à la plus grande affaire criminelle de l’époque : l’enlèvement et le meurtre d’un bébé. Une enquête digne de Philip Marlow ou de Jake Gittes (Chinatown), mise en scène comme un remake du Dahlia Noir. Rien ne manque à la reconstitution du Los Angeles des années trente et Matthew Rhys (The Americans) incarne impeccablement ce Privé mal rasé et au bout du rouleau. Logiquement, on est repartis pour 30 ans.
I Know This Much Is True
Par Phil Inout
Le Pitch
Dominick Birdsey (Mark Ruffallo), peintre en batiment dans le Massachusetts, doit gérer en même temps le cancer en phase terminale de sa mère et la maladie mentale de son frère jumeau Thomas. Pour égayer les derniers moments de sa mère, il entreprend de faire traduire un manuscrit en italien laissé par son grand père. Une fausse bonne idée…
Ce qu’on en pense
Noir c’est noir. Dans l’univers des séries US I Know This Much Is True tranche par son atmosphère déprimante. On dirait plus un film d’auteur pour la section Un Certain Regard du Festival de Cannes qu’une mini série HBO. Derek Cianfrance, qui a réalisé les six épisodes, est d’ailleurs un habitué de Cannes où il a présenté deux de ses films : Blue Valentine et The Place Beyond the Pine avec Ryan Gosling. L’atmosphère plombée de I Know This Much Is True rappelle d’ailleurs celle de The Place Beyond et aussi celle d’un autre mélo bien noir qui avait pour cadre le Massachusetts : Manchester By The Sea. Coté noirceur, I Know… pourrait aussi s’apparenter à Biutiful, l’un des films les plus tristes du monde (signé Alejandro Inarritu). Pourquoi s’infliger un drame de six heures aussi poisseux, direz-vous ? Pour Mark Ruffalo d’abord, qui joue les jumeaux Birdsey avec toute l’empathie accablée dont il est capable (voir aussi Dark Waters dans ce registre), pour la mise en scène de Derek Cianfrance, qui a tourné en 35 mm comme pour le cinéma et pour l’intrigue, enfin, qui tient en haleine jusqu’au bout, grace à de constants va et vient entre l’enfance des jumeaux et leur présent. Vous ne regretterez pas de les avoir accompagnés sur leur chemin de croix.