Le coup des reprises jazzy, en français ou en anglais, on nous l’a déjà beaucoup fait. Ce n’est pas forcément signe de bonne santé créative et généralement, on regrette plutôt les originaux. Le nouvel album de Thomas Dutronc est l’exception qui confirme la règle. Cela tient au talent personnel de l’artiste, à sa manière , à la fois pro et détachée, d’envisager l’exercice, au choix des chansons (mélange de classiques anglais et français) et à celui des musiciens et des guests . Le casting des duos est assez fabuleux : Iggy Pop et Diana Krall sur « C’est si bon » , le ZZ Top Billy Gibbons sur « La Vie en rose », Youn Sun Nah sur « Playground Love », Stacey Kent sur « Un homme et une femme », Jeff Goldblum sur « La Belle vie », Haley Reinhart sur une sublime relecture en duo anglophone de « Ne me quitte pas »… Classe ! Les orchestrations restent dans l’esprit des originaux avec une touche manouche pour les guitares et un côté easy listening pas désagréable du tout. Le timing de sortie, bien que bousculé par le Covid, n’est pas mal non plus: Frenchy a tout pour devenir un must des longues soirées d’été. En attendant la tournée dont le fils Dutronc a donné un avant goût lors d’un superbe live stream depuis l’Observatoire de Nice.
Thomas Dutronc
Frenchy
Sortie 18 juin 2020
(14 titres Universal)
Harvest
Cinéma|
Par Ph.D
Le Pitch
Aux confins d’un Eden luxuriant, se profile la menace du monde extérieur. En sept jours hallucinés, les paysans d’un village médiéval sans nom vont assister à la disparition de leur monde. Un seul (Caleb Landry Jones) restera pour la raconter…
Ce qu’on en pense
Cela commence dans un champs de blé filmé au ras des épis, comme un film de Terrence Malick (voix off comprise). Un bon sauvage échevelé et barbu (Caleb Landry Jones, christique) s’y nourrit de germes et d’écorces avant de plonger dans le loch qui le borde. On le retrouve villageois parmi les villageois d’un bourg médiéval misérable et boueux, ami du seigneur local aussi peu exigeant qu’utile à la survie de ses fermiers. Deux incidents viennent troubler le fragile équilibre de la communauté : l’incendie nocturne d’une grange et l’arrivée concomitante de trois étrangers, aussitôt accusés du désastre. Deux seront cloués au pilori pour leur peine. La troisième tondue et chassée à coups de trique. Lorsqu’un dessinateur noir débarque pour cartographier les terres seigneuriales, chacun sent bien que c’est le début de la fin… Pour son cinquième long-métrage , la réalisatrice grecque Athina Rachel Tsangari, collaboratrice de Yourgos Lanthimos, a choisi l’Ecosse pour tourner, en anglais quasi médiéval, ce western panthéiste sur la fin de l’état de nature et les ravages du capitalisme dans le monde rural. Son film ravira les cinéphiles et perdra sans doute les autres par sa radicalité naturaliste, son refus d’une narration classique et sa propension à poêter plus haut que son luth (sa cornemuse, en l’occurence).
Toxic
Cinéma|
Par Ph.D
Le pitch
Rêvant d’échapper à la morosité de leur quartier, Marija et Kristina, 13 ans, se rencontrent dans une école de mannequinat locale. Les promesses d’une vie meilleure malgré la concurrence ardue, les poussent à brutaliser leur corps, à tout prix. L’amitié des deux adolescentes leur permettra-t-elle de s’en sortir indemnes ?
Ce qu’on en pense
Née en Lituanie, Saulė Bliuvaitė y est retournée pour réaliser son premier long métrage, Toxic, qui a obtenu le Léopard d’Or au festival de Locarno. Des débuts plus que prometteurs pour cette réalisatrice de tout juste 30 ans, qui s’est inspirée de sa propre jeunesse pour dresser le portrait de deux adolescentes prête à tout pour échapper au déterminisme social qui les cloue dans un environnement post-industriel encore plus affreux que ceux qu’ont pu filmer Andrea Arnold ou Ken Loach dans le Nord de l’ Angleterre. Le film échappe pourtant assez miraculeusement au sordide, par la grâce fragile des deux jeunes actrices (Ieva Rupeikaite, Vesta Matulyte), avec une mise en scène en plans fixes trés composés qui parviennent à injecter de la poésie dans la désolation. Saulė Bliuvaitė évite aussi à merveille les clichés du film d’adolescence et le déjà vu. Un nom à retenir, même s’il n’est pas facile à prononcer.
La Réparation
Cinéma|
Par Ph.D
Le pitch
Quelques heures avant l’attribution de sa 3ème étoile, le célèbre chef Paskal Jankovski (Clovis Cornillac) disparaît avec son second lors d’une partie de chasse. A 20 ans, sa fille Clara (Julia de Nunez) se retrouve seule aux commandes du restaurant. Deux ans plus tard, elle reçoit une mystérieuse invitation pour Taïwan…
Ce qu’on en pense
Sur un synopsis de mini série TV, le vétéran Régis Wargnier (76 ans) trousse un suspense gastronomique qui promène le spectateur d’un grand restaurant de province à l’île de Taïwan, en compagnie de Clovis Cornillac (dans un rôle de chef qui lui colle décidément à la peau) et Julia de Nunez en fille à papa. Alors qu’on s’attendait plutôt à la voir reprendre avec difficulté le restaurant paternel après la disparition mystérieuse de son géniteur, le scénario l’envoie à sa recherche au bout du monde dans un congrès de gastronomie où un célèbre critique gastronomique en mal de scoop (Louis Do de Lencquesaing) épie ses faits et gestes. Une intrigue cousue de fil blanc qui peine, hélas, à tenir le spectateur en haleine, malgré les indéniables qualités de la réalisation. Tout cela sent plus le réchauffé que le menu étoilé.
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