Le coup des reprises jazzy, en français ou en anglais, on nous l’a déjà beaucoup fait. Ce n’est pas forcément signe de bonne santé créative et généralement, on regrette plutôt les originaux. Le nouvel album de Thomas Dutronc est l’exception qui confirme la règle. Cela tient au talent personnel de l’artiste, à sa manière , à la fois pro et détachée, d’envisager l’exercice, au choix des chansons (mélange de classiques anglais et français) et à celui des musiciens et des guests . Le casting des duos est assez fabuleux : Iggy Pop et Diana Krall sur « C’est si bon » , le ZZ Top Billy Gibbons sur « La Vie en rose », Youn Sun Nah sur « Playground Love », Stacey Kent sur « Un homme et une femme », Jeff Goldblum sur « La Belle vie », Haley Reinhart sur une sublime relecture en duo anglophone de « Ne me quitte pas »… Classe ! Les orchestrations restent dans l’esprit des originaux avec une touche manouche pour les guitares et un côté easy listening pas désagréable du tout. Le timing de sortie, bien que bousculé par le Covid, n’est pas mal non plus: Frenchy a tout pour devenir un must des longues soirées d’été. En attendant la tournée dont le fils Dutronc a donné un avant goût lors d’un superbe live stream depuis l’Observatoire de Nice.
Thomas Dutronc
Frenchy
Sortie 18 juin 2020
(14 titres Universal)
Nice : Festival fantastique
Cinéma|
Après quelques années off, la Samain du cinéma fantastique fait son grand retour pour Halloween dans les cinémas de Nice et Beaulieu-sur-Mer. Au programme, de grands succès du film d’horreur, des courts métrages inédits, des rencontres et des découvertes. La Samain du Cinéma Fantastique s’est illustrée entre 2010 et 2016 par sa programmation audacieuse, son ambiance conviviale, la venue d’invités cinéastes de renom et sa capacité à fédérer un large public local et international. Le festival revient en 2025 avec l’ambition de redevenir un temps fort culturel de l’automne azuréen. Voici le programme jour par jour :
Samedi 25 octobre: Le Silence des agneaux (21h00 Pathé Massena)
Dimanche 26 octobre : Les Noces funèbres (14h00 Pathé Massena)
Lundi 27 octobre : Saw (21h00 Pathé Massena)
Mardi 28 octobre : Queens of the Dead (20h00 Belmondo)
Dernier train pour Busan (21h00 Massena)
Mercredi 29 octobre : Courts métrages en compétition (18h30 Belmondo)
Souviens-toi l’été dernier + Rencontre Stéphane Sanchez (20h30 Belmondo)
Get Out (21h00 Pathé Massena)
Jeudi 30 octobre : Carrie au bal du diable (21h00 Massena)
Vendredi 31 octobre : Nuit du fantastique (à partir de 19h00 cinéma de Beaulieu)
Samedi 1er novembre : Jour du fantastique (à partir de 12h30 cinéma de Beaulieu)
Springsteen
Cinéma|
Par Philippe Dupuy
Le Pitch
Au début des années 80, Bruce Springsteen (Jeremy Allen White) , sur le point d’accéder au star system, lutte pour concilier les pressions du succès et les fantômes de son passé. Réfugié dans une petite maison de New Jersey, il enregistre en solo, sur un magnétophone quatre pistes, les chansons qui formeront Nebraska : un disque acoustique aussi brut qu’habité, peuplé d’âmes perdues à la recherche d’une raison de croire…
Ce qu’on en pense
Après Elton John (Rocket Man) et Bob Dylan (Un Parfait inconnu), Bruce Springsteen a l’insigne honneur d’un biopic de son vivant. Il n’y tenait pas tant que ça, mais Scott Cooper (Crazy Heart, Les Brasiers de la colère) a su le convaincre qu’en adaptant le livre de Warren Zane (Deliver Me From Nowhere), il saurait éviter les travers de la bio Wikipedia Hollywoodienne. Et c’est effectivement ce qu’il a fait, dans un style indé qui le démarque des biopics standards. En se concentrant sur l’année bascule au cours de laquelle Springsteen, entre dépression chronique et vertige de la célébrité, est retourné dans le New Jersey pour y enregistrer son unique album acoustique (le mythique Nebraska qui ressort ces jours ci en version Deluxe augmentée), le film réussit sa mission d’introspection springsteenienne. C’est le premier biopic de rockstar qui s’intéresse vraiment à la manière dont les chansons naissent, à la création d’un album et aux relations entre artiste, manager (Jeremy Strong, formidable en Jon Landau) et maison de disques. Jeremy Allen White ( découvert en cuisinier punk dans la formidable série The Bear) offre une incarnation habitée de celui qui allait devenir le Boss, mais n’était encore que le fils d’un père alcoolique et bipolaire dont l’image le hantait et qu’il devait affronter avant de prendre son envol définitif vers la starisation. L’acteur, qui ressemble effectivement assez au Springsteen des années 70 (sa période Al Pacino), a même poussé le souci d’identification jusqu’à réenregistrer les chansons qu’il interprête à l’écran, avec une voix assez proche de celle de Springsteen. On ne lui en demandait pas tant et on aurait aussi pu se passer des scènes de live dans lesquelles il singe la gestuelle du Boss. Mais pour le reste, le film est une réussite et mérite d’être vu même si on ne fait pas partie du fan club de Bruce Springsteen.
La Disparition de Josef Mengele
Cinéma|
Par Ph.D
Le pitch
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Josef Mengele (August Diehl), le médecin nazi du camp d’Auschwitz, parvient à s’enfuir en Amérique du Sud pour refaire sa vie dans la clandestinité. De Buenos Aires au Paraguay, en passant par le Brésil, celui qu’on a baptisé « L’Ange de la Mort » va organiser sa méthodique disparition pour échapper à toute forme de procès…
Ce qu’on en pense
Après Limonov, Kirill Serebrennikov n’a pas eu les honneurs de la compétition cette année à Cannes pour La Disparition de Josef Mengele. Cette adaptation étonnamment sobre du roman éponyme d’Olivier Guez aurait pourtant largement mérité d’y figurer. On y suit, de sa fuite en Argentine à sa mort au Brésil à la fin des années 70, la cavale du médecin-chef d’Auschwitz, confronté aux questions de son fils (Maximilian Meyer Bretschneider) , venu lui rendre visite dans sa planque miteuse de Sao Paulo à la fin de sa vie. Filmé en noir et blanc, sans fioritures mais en tension constante, le film peut se voir comme un prolongement intéressant à La Zone d’interêt.






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