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Bohemian Rhapsody

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Le pitch

A Londres, au début des années 60, le jeune Farrokh Bulsara (Rami Malek) rencontre Brian May (Gwilym Lee) et Roger Taylor (Ben Hardy), respectivement guitariste et batteur du groupe Smile. Ensemble, ils forment le groupe Queen. Pour le meilleur et pour le pire, Farrokh devient Freddie Mercury…

Ce qu’on en pense

On pouvait légitimement craindre le pire de ce biopic de Freddie Mercury, devenu celui de Queen après que les membres survivants du groupe aient pris le pouvoir sur la production et que le réalisateur Bryan Singer (Usual Suspects , X-Men) ait abandonné le tournage en cours. Groupe iconique des années 80 (pas une très bonne décennie pour le rock), Queen n’a pas une histoire très différente, ni plus édifiante que celle d’autres formations vedettes de l’époque.C’est celle d’un groupe formé autour de deux personnalités opposées mais complémentaires (le chanteur Freddie Mercury, icone gay en devenir et le guitariste Brian May, doué mais trop sage pour devenir une vraie rock star), qui a connu un succès planétaire dans une époque particulièrement faste pour le business de la musique (émergence des radios FM , lancement du CD audio, méga concerts en stades). Ascension contrariée (Queen avait des prétentions artistiques peu en phase avec les visées commerciales de sa maison de disques), succès surprise (avec le titre opératique «Bohemian Rhapsody»), frasques de diva du chanteur, jalousies, séparation, reformation et triomphe scénique (au concert Live Aid dont le groupe semble avoir assuré le succès à lui tout seul…), avant la mort annoncée de Freddie Mercury (diagnostiqué malade du Sida) et sa quasi déification posthume… Telle est, retracée par le film, la trajectoire du groupe. L’argent, les dissensions internes, les jalousies, la drogue et les frasques sexuelles du chanteur sont tout juste évoqués. Il s’agit bien d’un «biopic autorisé», comme il y a des «biographies autorisées».Pourtant, on avoue avoir pris un plaisir coupable à cette évocation, trés lisse et commerciale, de la saga de Queen. Le performance de Rami Malek (découvert dans la série Mr Robot), en Freddie Mercury tout en moustache et mâchoire prognathe, n’y est pas pour rien. Mais Gwylim Lee est tout aussi ressemblant et crédible en Brian May. La reconstitution du concert de Live Aid est assez incroyable. Et la B.O est forcément formidable, puisque c’est du Queen. Dans le genre, le film est une telle réussite qu’il ouvre grand la voie à d’autres biopics de groupes, autorisés ou non : Les Beatles et Elton John sont déjà en boite . Pour les autres  (Led Zeppelin, les Kinks, les Who, les Stones…),  il ne reste plus qu’à trouver les sosies.

Interview : Jacques Audiard

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C’est devenu une sorte de blague dans le métier. Lorsqu’on demande à un(e) acteur/trice étranger(e) avec quel réalisateur français il/elle aimerait tourner, la réponse est généralement: «À part Jacques Audiard?». C’est dire le prestige dont jouit, urbi et orbi, le plus «titré» de nos cinéastes, titulaire, à 66 ans, de neuf César et d’une Palme d’or. Est-ce parce qu’il ne lui restait plus rien à gagner en France qu’il a réalisé son premier film «américain»? Le réalisateur d’Un Prophète et de De Rouille et d’os s’en défendait à Deauville , où il a reçu le Prix du 42e anniversaire avant de se voir attribuer  le Lion d’Argent de la Mise en scène à Venise pour  Les Frères Sister. Faute de nomination aux Oscars, Jacques Audiard sera l’un des favoris des César… 

Est-ce un désir d’Amérique qui vous a poussé à réaliser un western, ou une envie de western qui vous a fait réaliser un film américain?
Vous auriez aussi pu entrer mon amour des chevaux dans les paramètres! (rires). Mais non: je n’avais envie ni de western, ni de faire un film aux États-Unis. Seulement de tourner avec des acteurs américains.

Et pourquoi cela?
Ils ont une culture du jeu au cinéma qui est différente de la nôtre. Acteur de cinéma, c’est quelque chose de spécial.Je pense qu’ils ont constitué un savoir particulier du jeu cinématographique, de ce que c’est de jouer devant une caméra.Ils ont une conscience plus aiguë d’eux-mêmes et des distances, qui fait que quand ils rentrent dans le cadre, il se passe quelque chose de différent.Ils offrent une sorte d’incarnation immédiate. On ne se pose pas de question, ils se dressent physiquement et occupent l’espace d’une façon différente.Les visages n’apparaissent pas de la même façon, les corps n’ont pas la même taille, les voix la même profondeur…Nous avons des voix de tête et une langue peu accentuée.La leur est plus rythmée, plus musicale… Ensuite, bien sûr, il y a le travail.Ils ne s’arrêtent jamais. Jake Gyllenhaal, par exemple, est allé, sans que je le lui demande, travailler avec un linguiste pour acquérir l’accent d’un jeune diplômé de la côte est des États-Unis au XIXe siècle. Il est revenu avec le script en phonétique pour ne pas faire de faute d’accent. Il ne lui manquait que le costume!

Et les deux autres?
John CReilly est venu me proposer le film avec l’idée de jouer Eli, l’un des frères Sister, ce qui me convenait parfaitement.Le nom de Joaquin Phœnix est arrivé très vite.Je ne sais plus qui, de lui ou de moi, l’a proposé en premier, mais il n’y a pas eu de discussion.

Est-ce réellement pour préserver ses chances aux Oscars que le film n’a pas été présenté à Cannes?
C’est vrai que c’est une décision de la société de production, Anapurna, qui est américaine.Mais je pense plutôt que cela tenait à la date choisie pour la sortie du film.Venise, Deauville et Toronto sont mieux placés dans le calendrier pour coller à une sortie à l’automne.

N’avez-vous pas, malgré tout, des envies de conquête de l’ouest?
Non, je vous l’ai dit: je n’ai pas de rêve américain.Je n’y pense pas, en fait.Si j’avais lu le livre sans que John me propose de l’adapter, je n’y aurai certainement jamais pensé.J’ai une culture du western très lacunaire. Dramatiquement, le western est très linéaire, sans suspense, épique. Dans mon travail, je pense avoir été attiré jusqu’à maintenant par des histoires plus tendues, des scénarios plus «efficaces».

Et surtout plus urbains!
Oui, mais là justement j’avais envie de campagne et de grand air, pour changer un peu! (rires)

Pourquoi ne pas être allé tourner aux États-Unis, dans ce cas?
J’y suis allé en repérage, mais partout où j’allais j’avais l’impression que c’était trop facile, trop évident. Pour Un Prophète j’avais eu la même impression dans les prisons que je visitais. Le réel ne m’aide pas à voir le cinéma.Il m’a semblé qu’il fallait être plus créatif.C’est pour cela que j’ai préféré tourner en Espagne et en Roumanie.

Vous avez gardé le «final cut»?
Je ne comprends même pas qu’on se pose la question!

Vous avez fait le buzz en dénonçant le machisme des festivals. Pourtant vos films sont très virils…
Il y a un malentendu autour de ça. C’est vrai que quand j’arrive dans un festival et que je vois que les dirigeants, les sélectionneurs et les sélectionnés sont tous des hommes, j’ai l’impression d’être encore dans l’ancien monde. Sur mes plateaux, il y a presque plus de femmes que d’hommes.On dit tout le temps que je fais un cinéma viril. Mais Sur mes lèvres ou De Rouille et d’os étaient des histoires de femmes et de femmes fortes. Je trouve que dans mes films les hommes sont plutôt… En dégoulinade! (rires)

 

Interview : Romain Duris

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Dans Nos Batailles son cinquantième film (déjà !), Romain Duris rompt avec l’image de séducteur « adulescent » qui  a fait son succès depuis L’Auberge Espagnole. Il y incarne un chef d’équipe et délégué syndical qui a sacrifié sa vie de famille à son travail et se prend la réalité en pleine face lorsque sa femme disparaît sans prévenir,  le laissant se débrouiller avec deux enfants en bas âge. Un rôle mature sur fond social qui lui vaut une nouvelle nomination pour le César du meilleur acteur.  En attendant de le découvrir en janvier en Vernon Subutex, dans la série de Canal +  adaptée des romans de Virginie Despentes, il nous parle de son travail, avec ce mélange de naturel et de réserve qui le fait se refermer dès qu’on tente une question trop personnelle…

Comment choisissez-vous vos rôles ?
A l’instinct  !  J’analyse après.  Quel genre de film c’est, qui le réalise… La première réaction est souvent la bonne, mais parfois je m’emballe. Il m’arrive de revoir mon enthousiasme sérieusement à la baisse à la deuxième lecture !  (rires). C’est pour ça que je prends toujours un temps de réflexion avant de signer…

Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce rôle-là  ?
J’avais vu  Keeper, le premier film de Guillaume Senez et je l’avais beaucoup aimé. Le scénario m’a fait un peu penser à  Kramer contre Kramer qui est un de mes films préférés. Et puis il y avait  l’aspect social, le travail en usine, la boulot syndical. Toutes choses que je n’ai jamais connu puisque j’ai eu la chance de pouvoir faire ce métier très jeune… On a tourné dans une vraie usine. Les rapports sociaux y sont très différents de ceux qu’on montre dans le film mais j’ai trouvé ça passionnant. C’est une des raisons pour lesquelles j’adore ce métier: pouvoir découvrir des univers très éloignés du sien…

Le fait de tourner sans dialogues ne vous faisait pas peur ?

Au contraire ! Ça m’excitait beaucoup, je n’avais encore jamais fait ça. Guillaume a une méthode de tournage très particulière :  il fournit un scénario d’une trentaine de pages, sans dialogues, juste avec les situations. Et puis sur le tournage, il nous mène doucement vers où il veut aller. Ce n’est pas tout à fait de l’improvisation, puisque tous les dialogues sont écrits et qu’on est dirigés. Ce ne sont pas des répétitions non plus puisqu’il filme tout et peut  retenir la première prise comme la dernière. C’est juste une manière de vous faire jouer la scène avec vos propres mots pour que ça sonne plus juste. Ça vous oblige à vous concentrer encore plus sur le personnage, la scène et les émotions qui s’en dégagent. J’ai adoré ça ! Les autres aussi , je crois…

Le film risque de marquer un tournant dans votre carrière. Le passage à des rôles plus matures…

On a toujours l’impression d’avoir 20 ans, mais le temps passe. Professionnellement parlant, ça ne me dérange pas, au contraire.   L’âge ajoute du vécu, de l’épaisseur chez un acteur.  J’ai toujours aimé les personnages de la cinquantaine, avec le costume mais toujours la même folie intérieure. Les hommes politiques sont les champions pour cela. J’ai confiance en l’avenir parce qu’à mon âge le répertoire s’élargit, on peut jouer plus de choses. Après, est-ce que les bons rôles continueront d’arriver jusqu’à moi ? Je ne sais pas. Mais ils existent en tout cas…

Il faut dire que jusqu’ici vous avez été plutôt gâté…

Oui, c’est sûr. J’ai la chance d’avoir du travail, de faire deux trois films par an, alors que beaucoup de mes amis rament. Mais on fait un métier très instable. Depuis le début, je me dis toujours que ça peut s’arrêter demain. Je vis toujours avec cette notion-là.

Qu’auriez-vous fait si cela n’avait pas marché pour vous ? 

Probablement de la BD ou des illustrations de livres pour enfants. C’est ce à quoi je me préparais en tout cas. Je trouvais que c’était un domaine où on pouvait garder sa liberté. Je suis arrivé au cinéma un peu par hasard. J’en ai d’ailleurs toujours  un sentiment d’imposture. Alors , je garde le  dessin en plan B. Si demain ça ne marche plus pour moi au cinéma, je ne serai pas sans rien faire. Même si c’est compliqué de gagner sa vie avec le dessin…

Vous dessinez tous les jours ? 

Pratiquement oui. J’aimerais bien faire une bande dessinée, mais c’est beaucoup de boulot.

Que faites vous d’autre de votre temps libre ? 

Je vais au cinéma ! Quand je suis immergé dans un tournage, je n’arrive pas à voir d’autres films. Mais dès que j’ai fini, je rattrape… Souvent avec du retard. Je viens juste de voir  Three Billboards et Moi, Tonya,  que j’ai beaucoup aimés. Mais  j’évite les festivals et les autres raouts  du métier parce que ça peut vite me saouler. Quand je ne tourne pas,  j’ai besoin de revenir à la vie concrète.

Votre célébrité ne vous en empêche pas? 
Non, je n’ai pas de problème avec ça. C’est une question d’attitude: si vous sortez avec l’air important en toisant les autres vous avez toutes les chances qu’on vous arrête pour vous demander un autographe ou un selfie. Je les fais volontiers quand on me le demande, mais si je peux éviter en dehors des obligations promotionnelles, c’est aussi bien. Pour ça,  il suffit généralement de mettre un jean , un blouson et une casquette et de tracer droit devant. C’est rare qu’on fasse attention à vous, si vous ne le recherchez pas.

 

 

Joe Jackson : Fool

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Alors qu’on se préparait à fêter le 40e anniversaire de la sortie de son premier album  Look Sharp !  – ce qui ne nous rajeunit, certes pas- le bon Joe Jackson livre un 20e opus studio du meilleur cru. Huit titres envoyés sans barguigner, qui font justement le lien entre son premier manifeste pub rock et la veine post jazz de son chef d’oeuvre 80’s,  Night and Day . Huit très bonnes chansons pour bien commencer l’année,  en espérant que cette double actualité nous donne l’occasion de revoir Joe en live sur nos rivages. La dernière fois c’était à l’Opéra de Monte Carlo et ceux qui y étaient en gardent un souvenir ému.

 

Interview : Dany Brillant

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«On a pris un peu du King et on a rajouté du swing/La guitare de BB King sur la voix de Dean Martin/Bill Haley et ses Comets chantent avec Tony Benett». Pas besoin de se décarcasser pour présenter le nouvel album de Dany Brillant: tout est dit dans la chanson titre, «Rock and Swing». Du rock, du swing, une pochette rétro kitsch et emballez c’est pesé! Après des années de ventes en demi-teinte, le crooner de ces dames décroche à nouveau la timbale, comme au bon vieux temps de «Suzette» et de «Saint-Germain».Un retour en grâce dont on a parlé avec l’intéressé à l’occasion de son concert au Cannet La Palestre samedi 12 janvier.

Cet album, c’est un peu un retour aux sources, non?
Clairement, oui. C’est avec le swing que je me suis fait connaître.Après, j’ai mis ça de côté pour aller vers la salsa et la chanson italienne. J’ai fait des albums un peu bizarres (rires). J’avais l’impression de m’être un peu perdu.Commercialement, je me suis pris une droite.Le public n’a pas suivi.Donc, pour cet album, je suis revenu à mes fondamentaux et je m’aperçois que c’est là que je suis le mieux.

Comment expliquez-vous le succès immédiat qu’il a rencontré?
C’est une musique pour les temps de crise.Le swing, c’est ce qu’on dansait pendant la grande dépression et la guerre.Après les attentats de Paris et de Nice, je me suis demandé qu’est-ce qui pouvait redonner un peu de joie et d’espoir à ce pays et je me suis rappelé que la musique qui donne ça, c’est le swing.

Comment avez-vous travaillé ces chansons qui sonnent comme des classiques?
Comme j’avais déjà fait un disque de swing il y a 25 ans, je ne voulais pas faire la même chose.Je cherchais un concept et j’ai eu l’idée d’essayer de mélanger le rock et le swing.J’ai commencé les chansons à Paris, mais pour les enregistrer je voulais avoir ce son de guitares électriques très spécifique des années 50 et les cœurs gospel qui vont avec. Comme je n’étais encore jamais allé en pèlerinage à Memphis, ni à Nashville, c’était le moment ou jamais.C’est vraiment la source de cette musique.C’est là qu’Elvis a osé mélanger la musique blanche et la musique noire. Il y flotte encore le parfum des années 50 et du rock’n’roll.

Johnny et Eddy Mitchell s’y sont aussi ressourcés…
Oui, j’ai beaucoup pensé à eux.Surtout à Johnny, qui est l’équivalent d’Elvis pour les Français. C’est lui qui a imposé le rock dans notre pays.Ses obsèques, c’était un truc de fou.J’avais les larmes aux yeux, j’étais réellement bouleversé. Johnny, c’est plus que des chansons: c’est notre mémoire.Et comme il n’a jamais rien fait comme personne, il fait encore parler de lui après sa mort…

Les chansons plus lentes pourraient être des reprises d’Aznavour ou d’Alain Barrière…
C’est ma culture musicale. Plus jeune, je n’écoutais que ça. J’ai passé des années dans les cabarets de Saint-Germain, ça a bercé mon adolescence.On entend forcément mes influences dans mes chansons.On est des passeurs.Cette musique n’existe presque plus, on ne l’entend plus à la radio. Il faut la défendre pour ne pas qu’elle disparaisse complètement. Comme j’en suis un peu l’héritier, j’ai décidé de la défendre. A fond dans le vintage!

A quoi ressemblent les concerts?
La tournée sera 50 % rock 50 % swing, avec des cuivres et de la guitare électrique. Je vais mélanger ces deux styles sur scène, car le mélange est détonnant. J’ai des musiciens qui jouent dans l’esprit des années 50.On sera une dizaine sur scène dans les grandes salles et en formation plus réduite dans les petites. Avec un décor très technicolor, comme dans une comédie musicale.J’en ai d’ailleurs écrit une que j’aimerais bien monter un jour, en prolongement de l’album et de la tournée. En attendant, je me réjouis de venir jouer l’album sur la Côte. Regis Ceccarelli, qui l’a réalisé est Niçois et j’aime beaucoup cette ville. Ce serait formidable de jouer l’été prochain au Nice Jazz Festival. Nice, c’est un peu la patrie française du swing !

David Bowie : Glastonbury 2000

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On se méfie toujours un peu des lives posthumes,  dont le seul intérêt est souvent d’engraisser les ayants droits de l’artiste disparu . A tel point qu’on a mis longtemps à écouter ce concert de David Bowie enregistré en 2000  au festival de Glastonbury.  Bowie en était la tête d’affiche et si l’on en croit les organisateurs du festival (qui a pourtant vu défiler le gratin du rock et de la pop anglaise) ce fut « le meilleur concert jamais donné au festival… et peut-être le meilleur concert de tous les festivals« . A l’écoute,  force est de reconnaître que tout y est : Bowie a rarement mieux chanté en live,  le groupe est d’une incroyable musicalité, le son est parfait  et le répertoire balaie toute la carrière du Thin White Duke, de « The Man Who Sold The World » à « I’m Afraid of Americans« . En grande forme (il n’était pas encore malade) et très en cheveux sur les images du concert, le chanteur est d’une classe absolue et balaie effectivement toute concurrence. Le coffret 2CD/1 DVD est rigoureusement indispensable à tout amateur de Bowie et de rock qui se respecte. Quelle claque ! 

DVD : Whitney

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Le pitch

Elle a vendu 200 millions d’albums et détient le record du plus grand nombre de numéros 1 consécutifs. Sa chanson «I Will Always Love You» est le single le plus vendu par une chanteuse. Elle est morte seule, noyée dans sa salle de bains en 2012. Elle avait 48 ans et s’appelait Whitney Houston

Ce qu’on en pense

Pour le grand public des années 80, qui écoutait ses chansons sur les ondes FM, elle reste sans doute cette jolie poupée noire à la voix d’or et au succès planétaire, qui embrassait Kevin Costner dans Bodyguard et faisait mine de s’offusquer des propositions salaces de Serge Gainsbourg sur le plateau de Michel Drucker. Sa mort à 48 ans, noyée dans sa salle de bains après absorption massive de barbituriques, surprit presque tout le monde. Derrière l’image de la diva choyée par la vie se cachait une jeune femme à l’enfance difficile, aux addictions multiples, à la maternité mal assumée et à la vie tumultueuse. Dans les deux dernières années de sa vie, sa maison de disques engloutit plusieurs millions de dollars dans l’enregistrement d’un album qui ne vit jamais le jour. L’argent passa tout entier dans sa consommation de drogues et son divorce d’avec le rappeur Chris Brown qu’elle avait épousé pour soigner une street crédibilité défaillante et qui la battait. Après Bob Marley en 2012, l’écossais Kevin McDonald dresse le portrait de la chanteuse dans ce nouveau documentaire passionnant et remarquablement sourcé. Le réalisateur a eu accès aux proches de Whitney et à ceux qui ont accompagné son formidable succès puis sa descente aux enfers. Ils racontent tout: l’enfance violée (par sa tante Dee Dee Warwick, scoop du film), la drogue (dès ses 16 ans), les frasques, la cupidité de son entourage, l’abandon de sa fille (qui se suicidera comme sa mère). Sans voyeurisme, ni sensationnalisme. En insistant sur l’essentiel : ce don vocal magnifique qui en fit, malgré un répertoire axé sur la variété la plus commerciale, l’égale des plus grandes.

Interview: JL Murat

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Au bout du fil, la voix est toujours traînante et légèrement embrumée.Mais on le sent rempli d’une énergie nouvelle. Après quelques albums peu aimables, Jean-Louis Murat vient de publier l’un de ses plus beaux disques. Avec Il Francese, le chanteur Auvergnat fait la somme de ses expérimentations sonores, de ses talents mélodiques, de sa verve poétique et de son instinct voyageur.Il y convoque les fantômes d’un aïeul fantasmé, Joachim Murat, maréchal d’empire sacré Roi de Naples (que ses sujets surnommaient «Il francese») et celui de Silvana Mangano dont la voix illumine la chanson qui porte son prénom. On retrouve avec bonheur le chanteur à la plume élégante des années fastes. Il y a 30 ans, ce disque-là aurait ravi ses nombreux fans et ce serait vendu par palettes entières. Aujourd’hui, il se noiera probablement dans le torrent de nouveautés des nouveaux robinets à musique que sont les plateformes de streaming. Mais Murat n’en a cure: «Je ne m’attends pas à des miracles de toute façon» assure-t-il, en se réjouissant de repartir en tournée jouer ses chansons «à l’ancienne». Comme le baladin qu’à 66 ans il continue d’être…

Alors que nombre de chanteurs s’interrogent sur la nécessité de faire des disques qui ne se vendront pas, vous continuez à produire un disque par an. Pourquoi?
Vaille que vaille, j’essaie de ne pas me laisser décourager. C’est ma façon à moi de résister à la crise du disque.C’est trop tard de toute façon pour se poser des questions. Dans les années 90, on était dirigés par des imbéciles qui n’ont pas vu venir le danger de la numérisation. Aujourd’hui les artistes doivent faire avec. Si on tire un trait sur toute ambition parce que les conditions sont défavorables, on va pas aller loin…

Après les expérimentations sonores de Travaux sur la N89, on retrouve un Murat plus classique sur Il Francese
J’écris mes chansons toujours de la même manière, à l’ancienne , en piano- voix.Après, on rajoute des couches electro plus ou moins importantes avec Denis Clavaizolle. Il se trouve juste que j’avais des chansons plus structurées cette fois.Mais on a quand même énormément bossé dessus. Faire joujou avec les ordis, on croit que c’est plus rapide mais c’est juste l’inverse: on y passe un temps fou. Mais pour la tournée, on efface tout: ce sera à l’ancienne, en trio, avec des instruments de musique et aucune machine.

Pourquoi ce titre et ces références italiennes?
Elles ne sont pas nouvelles.Je m’en suis beaucoup servi déjà.J’aime bien jouer avec l’homonymie de Joachim Murat, le roi de Naples que ses sujets appelaient «Il Francese».Mais surtout, j’adore cette ville.Je voudrais y habiter.Et Silvana Mangano, sa voix me bouleverse tout simplement…

Dans «Achtung», la première chanson, vous parlez de la Bête et des boucheries qui pourraient rouvrir. Ce n’est pas de l’anti-germanisme primaire ? 

Je trouvais que c’était une bonne entrée en matière (rires). Les temps sont instables et il y a déjà des boucheries ouvertes ici et là.Mais non, ce n’est pas un commentaire politique anti-allemand. Ni pro U2 d’ailleurs! (Achtung Baby est le titre d’un album de U2. N.D.L.R)

Que vient faire Marguerite de Valois dans la chanson qui porte son nom?
C’est la reine des Auvergnats. Elle n’est pas née dans la région, mais y a habité assez longtemps pour qu’on l’ait adoptée.J’ai souvent parlé de la reine Margot dans mes chansons.Ici, dans la campagne, tout le monde aime bien la reine Margot.

La mort aussi semble s’être invitée dans l’album.Vous y faites souvent référence, pourquoi?
J’ai perdu un ami très proche, Christophe Pi, pendant l’enregistrement. On faisait de la musique ensemble depuis 30 ans, C’était un excellent musicien et l’album lui est dédié.L’ombre de la mort a plané sur l’enregistrement, il est empreint de son souvenir.

«Je me souviens», c’est une référence à Peirec?
Ah non, pas du tout alors! Heureusement qu’on peut encore se souvenir sans passer par lui. D’ailleurs , on ne se souvient pas des mêmes choses. Il était plus citadin que moi. Il y a des trucs dans le bouquin, je ne comprends même pas qu’on puisse s’en souvenir…

Ah ça y est, on attaque les vacheries?
Je ne me lève pas le matin en me disant je vais dire du mal de tel ou tel, mais je préfère les fights à ce silence de monastère où personne ne veut dire du mal de personne alors que tout le monde se déteste dans ce milieu à la con. Là, il y a Manset qui sort son disque en même temps que moi.Et ben, il fait des disques tellement nuls depuis tellement longtemps que je n’ai pas envie de me retrouver dans le même panier à la caisse du supermarché, Voilà, c’est dit! Ce n’est pas méchant, c’est un constat. Il est là depuis 68, il pourrait dégager quand même…

On pourrait dire la même chose de vous, non?
Oui, mais moi je n’ai pas l’impression de rabâcher. Il faut prendre des risques de temps en temps.Pas toujours jouer sur son petit fonds de commerce…

Il y a des gens dont vous pourriez dire du bien, pour changer un peu?
Oui, Rachid Taha tiens.Ca, c’est une vraie perte! Sinon, n’importe quel disque de blues des années 30-40 enregistré avec un micro me paraît toujours infiniment supérieur à ce qui sort aujourd’hui. Je ne suis pas certain qu’il y ait du progrès en art, mais en ce qui concerne la musique populaire, je suis tout à fait sûr du contraire!

Bruce Springsteen : On Broadway

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En attendant l’album de nouvelles chansons annoncé pour 2019 (enfin !), Bruce Springsteen publie la BO de sa résidence au Walter Kerr Theatre de New York (Broadway),   où il aura passé toute l’année 2018 à raconter sa vie en jouant ses plus célèbres chansons, à la guitare ou au piano. Une sorte de version live de son autobiographie parue en 2017  (Born to Run chez Albin Michel) en  double CD.  Malgré toute l’admiration qu’on a pour Springsteen, force est de prévenir que la chose est à réserver aux fans purs et durs… et surtout,  parfaitement bilingues ! Vue la longueur des discours du Boss qui introduisent les chansons,  l’écoute est plutôt ennuyeuse. La différence de volume sonore entre les parties parlées et chantées oblige à ajuster le son sans arrêt  et,  sans l’image, difficile de se passionner pour ces versions acoustiques de chansons archi-connues. Bref, on conseillera d’économiser ses précieux euros pour s’offrir l’abonnement à Netflix qui permettra de regarder le film du concert avec les sous titres. En attendant le DVD,  qui finira forcément par sortir un jour...

 

 

Interview: Dick Rivers

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Pour fêter ses 55 ans de carrière, Dick Rivers a compilé son «best of» sur un triple CD et a repris la route des concerts pour une tournée « rock’n’roll à donf' ». Elle passera par le théâtre  Lino Ventura  à Nice samedi  15 décembre. L’occasion de jeter avec  un coup d’œil dans le rétro avec le rocker qui n’a jamais oublié ses origines niçoises, ni caché son attachement à la Côte d’Azur…

En 1961, vous avez 15 ans, vous habitez Nice et vous devenez une idole du rock. Comment cela se pouvait-il ?
Mon premier 45 tours est sorti le jour de mon 15e anniversaire, le 24 avril 1961. Je suis passé directement du vélo à la Cadillac! (rires). Il fallait un certain culot pour se pointer, mais le public n’attendait que ça.

Vos premières chansons sont des reprises de rocks américains. Comment connaissiez-vous cette musique qui ne passait nulle part à l’époque?
La marine américaine était encore stationnée à Villefranche et les matelots amenaient tout de chez eux: leur bouffe, leur musique, leur civilisation. Pendant leurs permissions, certains jouaient au Vieux Colombier à Juan les Pins dans un groupe qui s’appelait Rocky Roberts & the Airdales. Ils avaient beaucoup d ‘avance, musicalement. Le mec le plus rock à l’époque en France c’était Gilbert Bécaud…

On est étonné de la qualité du son et de la musique sur vos premiers 45 tours. Ça sonnait presque aussi bien que les originaux…
En France, on ne connaissait rien au rock mais on avait de très bons studios d’enregistrement. Comme on était passionnés, on copiait nos maîtres avec tout notre cœur. J’ai appris l’anglais avec les marins américains et mes copains, qui allaient devenir les Chats Sauvages, ont appris à jouer en écoutant les disques et RTL la nuit. Il fallait avoir de l’oreille, mais c’est ça l’amour de la musique.

Entre Johnny, Eddy et vous, ce devait être la course pour dénicher la meilleure reprise avant les autres ?
Oui, mais c’était surtout le boulot des directeurs artistiques. Il y avait un grand décalage entre la sortie aux USA et l’arrivée en France, ça laissait du temps pour faire l’adaptation. La chance qu’on avait, c’est que ceux qui achetaient nos disques ne connaissaient pas les originaux. Et ça a duré jusqu’aux années 70! Quand John Denver a joué la première fois à l’Olympia, tout le monde a cru qu’il reprenait ma chanson («Faire un pont») en anglais!

On ne se souvenait pas de vos reprises des Beatles et des Kinks. Les rockeurs américains n’étaient donc pas vos seuls modèles?
Ils avaient de bonnes chansons, alors on les reprenait, mais je n’avais pas pour eux la même dévotion que pour Elvis. Aujourd’hui,  ils font partie de mes groupes préférés, mais à l’époque c’étaient juste des p’tits mecs comme nous. J’étais plus impressionné par leur son que par leur personnalité.

Il y a aussi cette version étonnante de «C’est extra» de Léo Ferré…
J’avais enregistré cette version pour l’anniversaire de sa mort et elle était restée inédite. Je trouve ça bien de l’avoir mis là. Mon truc c’est le rock, mais j’ai toujours respecté les autres chanteurs. En plus il était de Monaco et moi de Nice, ça nous rapprochait…

On s’aperçoit en regardant les dates de vos succès que vous avez traversé les décennies quasiment sans éclipse…
Oui, j’ai eu la chance d’avoir 3 ou 4 succès par décennie. Ça m’a permis de rester toujours présent. J’ai même fait une double carrière au Canada où d’autres chansons ont mieux marché qu’ici. Au bout du compte, je suis plutôt fier du parcours. Il n’y a pas trop de trucs honteux (rires)

Et vous continuez à chercher LA bonne chanson?
Oui toujours: c’est mon Graal. Je n’ai jamais écrit une chanson de ma vie, je ne suis qu’un vulgaire interprète, un éternel débutant…

Louis Bertignac : Origines

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Victime du syndrome The Voice , Louis Bertignac y va de son album de reprises. Au programme : les chansons qui ont bercé son « adulescence »:  du Bob Dylan , du Who, des Stones, du Rod Stewart, du JJ Cale, du Police,  du George Harrison… en versions françaises !  A ce stade, on craint le pire  : Johnny, Hugues Aufrey et Francis Cabrel (entre autres) se sont déjà prêtés à ce type d’hommages gênants.  Sauf, qu’ avec Bertignac, ça passe. Certes,  les traductions sont souvent limites  (« Coquine » pour « Cocaine« ), mais on a l’habitude d’entendre Louis chanter des textes naïfs. Après tout, « Cendrillon« , c’était pas du Rimbaud ni du Leonard Cohen…  Ici, les arrangements sont remarquablement fidèles aux originaux et les parties de guitare sont très chouettes, en rythmique comme en solo. Cela suffit pour qu’on trouve l’exercice au final plutôt sympathique. En concert, ce sera sûrement très sympa.

DVD : Zama

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Le pitch

Fin du XVIIIème siècle, dans une colonie d’Amérique latine, le juge don Diego de Zama (Daniel Gimenez Cacho) espère une lettre du vice roi du Río de la Plata signifant sa mutation pour Buenos Aires. Souffrant de l’éloignement et du manque de reconnaissance, il perd patience et, pour se libérer de son attente, se lance à la poursuite d’un mystérieux bandit

Ce qu’on en pense

Dix ans après La Femme sans tête, présenté en compétition à Cannes,  Lucrecia Martel revient avec un film très différent de ceux qui lui ont valu ses sélections cannoises (La Cineaga, La Nina Santa). Adaptant très librement le roman d’Antonio di Benedetto, la réalisatrice argentine délaisse la chronique sociale contemporaine éthérée pour un film d’aventures psychédélique, qui pourra faire songer à Aguirre,  la colère de Dieu (Werner Herzog 1972) ou à The Lost City of Z  (James Gray 2016), voire à Apocalypse Now (Francis Ford Coppola 1979),  mais qui ne ressemble en fait qu’à lui-même. Exigeant pour le spectateur (qui pourra se perdre dans le film comme le personnage principal dans sa quête), mais d’une beauté formelle à couper le souffle et non dénué d’humourZama est un trip de cinéma comme on n’en vit plus beaucoup de nos jours. Ses images vous accompagneront longtemps après la projectionDans le  Top 5  des meilleurs films de l’année 2018.

Michel Polnareff : Enfin !

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Plusieurs fois annoncé, toujours repoussé le nouvel album de Michel Polnareff est (Enfin !) sorti .Et – surprise! – on y retrouve Polnareff au sommet de sa flamboyance et de son inspiration la plus échevelée. Composé de 11 plages, l’album s’ouvre et se referme sur des instrumentaux épiquesPhantom» et «Agua Caliente»), comme à l’époque de Polnareff’s (1971). Ils donnent la couleur musicale: résolument baroque !  Trois titres sont déjà connus des fans: «Ophélie Flagrant des lits», «L’Homme en rouge» et «Sumi». Les deux premiers ont été entièrement ré-orchestrés et sonnent beaucoup mieux qu’en version originale.«Sumi»,   avec son récitatif à la Gainsbourg,  est un des sommets de l’albumGrandis pas», l’une des deux chansons que Polna consacre à son jeune fils, Louka, est un piano-voix classique sur lequel on retrouve avec bonheur la voix du chanteur, sans filtres, ni effets. Elle n’a jamais mieux sonné !  Dans «Longtime» (peut-être la meilleure chanson du disque), Polna se moque de ses pannes d’inspiration. Dans «Terre Happy», il  fait parler la Terre pour délivrer un message écologique simpliste. Côté musique, c’est plus Le Roi des fourmis, c’est Le Roi lion!  «Dans ta playlist» est une des 3 ou 4 chansons au format classique de l’album. Polna y taquine gentiment ObispoSi j’existe, c’est d’être dans ta playlist»).  À l’arrivée, Enfin! est l’album qu’on n’espérait plus de Michel Polnareff: original, inspiré, décomplexé, musical, d’un culot monstre.  Il fournirait la matière d’un super spectacle et peut-être est-ce pour cela qu’il a été conçu.  Pour le coup, on espère une tournée !

Bashung : En amont

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Neuf ans après sa disparition, sort enfin un album posthume d’Alain Bashung. Contrairement à d’autres (suivez notre regard…),  on ne pourra pas reprocher à ses ayant droits d’avoir cherché à exploiter son décès pour faire tourner leur Petite entreprise. Chloe Mons, la dernière compagne du chanteur et Edith Fambuena, qui avait travaillé sur Fantaisie Militaire (son chef d’oeuvre),  ont attendu le temps qu’il fallait pour être certaines de ne pas trahir la postérité de BashungFambuena s’est immergée dans les enregistrements  inutilisés du dernier album de Bashung,  Bleu Pétrole, pour en extraire ces 11 chansons,  dont le chanteur avait enregistré les maquettes en guitare-voix. Elle s’est contentée de refaire les parties de guitare et d’y ajouter un habillement sonore assez léger. Un choix parfaitement honnête et, surtout,  payant : l’album est magnifique !  On songe aux American Recordings de Johnny Cash, au  Nebraska de Bruce Springsteen,  aux premiers Leonard Cohen, à certains enregistrement d’Alan Vega… C’est de ce calibre. Signées Daniel Darc, Dominique A, Joseph D’Anvers, Arman Méliès, Raphaël ou Mickael Furnon, auxquels il les avait commandées par peur de manquer, ces chansons sonnent comme du pur Bashung. Est-ce le bonheur de réentendre sa voix, qui nous fait penser qu’on tient -là un de ses meilleurs disques ?  On n’a pas fini, en tout cas, de l’écouter en boucle.

Son Pays c’est Johnny

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Déjà à l’oeuvre sur De L’Amour, Maxim Nucci , alias Yodélice, a coécrit, réalisé et finalisé l’album posthume  du Taulier, Mon Pays c’est L’Amour. Lors de la conférence de presse de présentation du disque, il a longuement évoqué le making of du disque. Extraits choisis

Comme un live : « L’enregistrement s’est étalé sur un an. Johnny avait envie de refaire une tournée des stades. Il ne pensait qu’à ses fans. Les concerts c’était son carburant.  Il fallait donc des chansons avec des arrangements plus épiques que pour « De l’Amour« , qui était plus épuré. On a conçu l’album comme une setlist de concert, avec un interlude musical au milieu. Cette composition d’Yvan Cassar devait aller à la fin de « J’en parlerai au Diable » mais je trouvais qu’on s’éloignait trop de la version qu’avait chantée Johnny. J’ai pris sur moi de la couper et de l’insérer au milieu de l’album, comme un point de bascule »

Peu de prises: « Il n’y a eu aucun travail sur la voix de Johnny qui était incroyable pendant ces séances, comme rajeunie. Quand il passait derrière le micro, quel que soit son état d’esprit du moment, il avait la faculté de se connecter au sol et de tout donner.  Il faisait très peu de prises, entre 2 et 5, et souvent on a gardé la première. « Pardonne moi » , « Enfant du siècle » et « Je ne suis qu’un homme » ont été les premières enregistrées en mars. Les 7 autres, il les a chantées fin septembre début octobre. Sur la quarantaine de chansons qu’on lui avait proposées, Johnny en avait retenu 22 mais il n’en a chanté que dix. Tout ce qu’il a  chanté est sur l’album. Il n’y a pas eu d’autres prises. Il n’y a pas d’inédits de ces séances, ni de celles de De L’Amour d’ailleurs« .

Un disque normal: « Même si on savait qu’il était malade,  à aucun moment, je n’ai pensé en l’enregistrant que ce disque sortirait après la mort de Johnny.  On a travaillé comme pour n’importe quel autre album de Johnny. Il avait déjà eu des ennuis de santé et s’en était toujours sorti. J’étais plus perturbé que lui quand son cancer a été annoncé alors que nous venions de commencer à travailler sur l’album. Il nous a beaucoup préservé, ne s’est jamais plaint de rien. Jusqu’au bout il a été grand classe et élégant. C’est une grande fierté d’avoir pu travailler avec lui« .

Finir l’album : « Après sa mort on a eu encore 2 jours d’enregistrement avec Yarol Poupaud car Johnny voulait qu’on rajoute des guitares sur certains titres. Ensuite on est passé au mixage qui a duré une semaine. C’était très dur sans lui et même épouvantable.  Je n’aurais jamais cru vivre quelque chose d’aussi difficile en faisant de la musique« .

Le titre : « Quand on a fini « Made in Rock’n’Roll« , j’étais persuadé que ce serait le titre de l’album et celui de la tournée. Je voyais déjà les tee shirts qu’on pourrait faire… Mais Johnny a dit non. Il trouvait ça trop commercial. Il m’a sorti un truc du genre : « Tu m’as pris pour un vendeur de tee shirts ou quoi?« . Dans ce cas là on n’insistait pas. « Mon pays c’est l’amour » était une de ses chansons préférées de l’album. Il nous poussait pour qu’on en trouve d’autres dans ce style vintage. Du coup, parmi les 150 propositions de titre de pour le disque c’est celui-là qui a été retenu »