Maman déchire
Par J.V
Le pitch
Émilie Brisavoine réalise un film pour tenter de percer le plus grand mystère de l’univers : sa mère, Meaud. Enfant brisée, mère punk, grand-mère géniale, féministe spontanée, cette dernière fascine autant qu’elle exaspère. Une odyssée intime, un voyage dans le labyrinthe de la psyché…
Ce qu’on en pense
Dans Little Girl Blue, Mona Achache faisait revivre sa mère sous les traits de Marion Cotillard et c’était bouleversant. Émilie Brisavoine est moins inspirée pour mettre en scène la relation difficile qu’elle entretient avec sa propre mère. Elle a beau varier les angles, jouer de l’humour et tenter de donner une portée universelle à son propos, sa thérapie cinématographique laisse indifférent. Sa maman déchire, mais pas son film.
Creation of the Gods 2
Par J.V
Le pitch
Alors que les troupes du roi Shang s’apprêtent à fondre sur les terres de l’Ouest, dont il est désormais le seigneur, Ji Fa (Yosh Yu) organise la résistance avec l’aide du taoïste Jiang Ziya (Bo Huang). Face aux terribles guerriers du tyran et à leur magie noire, Ji Fa peut compter sur le soutien de nouveaux alliés, eux aussi dotés de forces surnaturelles. La lutte à mort pour obtenir l’investiture des Dieux ne fait que commencer…
Ce qu’on en pense
Premier blockbuster chinois à trouver le chemin des salles occidentales, Creation of Gods 1 avait laissé perplexe avec une intrigue confuse et une foultitude personnages difficiles à mémoriser. Le deuxième volet de ce « Seigneur des Anneaux chinois » simplifie la donne : la totalité du film se focalise sur la bataille qui oppose les différents protagonistes. Une baston épique, dans laquelle humains et créatures géantes mettent le monde à feu et à sang. Côté effets spéciaux et réalisation, on est, hélas, loin des standards imposés par Le Seigneur des Anneaux ou les films Marvel.
A Real Pain
Par J.V
Le pitch
David (Jesse Eisenberg) et Benji (Kieran Culkin), deux cousins aux caractères diamétralement opposés, se retrouvent à l’occasion d’un voyage en Pologne afin d’honorer la mémoire de leur grand-mère bien-aimée. Leur odyssée va prendre une tournure inattendue lorsque les vieilles tensions vont refaire surface avec, en toile de fond, l’histoire de leur famille…
Ce qu’on en pense
Pour sa première réalisation , Jesse Eisenberg (The Social Network) embarque Kieran Culkin (le fils dégénéré de la série Succession) dans un road trip mémoriel en Pologne. Une tragicomédie entre rire et larmes, qui réussit à parler de l’holocauste, des traumatismes du passé et de l’angoisse contemporaine sans tomber dans le pathos, ni dans les clichés de l’humour juif. Une étonnante réussite.
A bicyclette !
Par Ph.D
Le Pitch
De l’Atlantique à la mer Noire, Mathias (Mathias Mlekuz) embarque son meilleur ami Philippe (Philippe Rebbot) dans un road trip à bicyclette. Ensemble ils vont refaire le voyage que Youri, son fils, avait entrepris avant de disparaître tragiquement…
Ce qu’on en pense
Tendresse, humour et émotion sont au rendez-vous de ce road trip sur deux roues à travers l’Europe. Le pari était osé (filmer le voyage improvisé des deux amis après le suicide du fils de Mathias) mais le résultat, pour le coup, « tient la route ». On rit et on pleure avec eux. Plus qu’un film de deuil, c’est un film sur l’amitié masculine. La personnalité originale de Philippe Rebbot fait évidemment beaucoup pour donner au film des airs de comédie italienne. Mais les rencontres que font les deux hommes sont tout aussi étonnantes et joyeuses. On y va le nez dans le guidon !
Queer
Par Ph.D
Le Pitch
Dans le Mexico des années 1950, William Lee (Daniel Craig) mène une vie désabusée au sein d’une communauté d’expatriés. L’arrivée du jeune Eugène Allerton (Drew Starkey) va bouleverser l’existence de Lee et faire renaître en lui des sentiments oubliés…
Notre avis
Après les gentiment gays Call Me by Your Name et Challengers, Luca Guadagnino change de braquet en s’attaquant à l’oeuvre sulfureuse de William S. Burroughs, le mauvais génie drogué des lettres américaines. Avec un Daniel Craig en vieil écrivain homosexuel, alcoolique et camé (après ça, si Amazon comptait le réembaucher pour jouer James Bond, c’est rapé !) et un trip hallucinatoire dans la forêt équatoriale qui rappelle à la fois Apichatpong Weerasethakul (même chef op), John Boorman et David Lynch, Queer risque fort de désarçonner le public des deux premiers films de Guadagnino. Par contre, les amateurs de films-trips un peu barrés pourront y trouver leur compte. Malgré un côté factice, semble-t-il assumé, Queer est un bel hommage à Burroughs, qu’il donne envie de relire. Dommage que la BO (pourtant signée Trent Reznor) se contente d’aligner quelques titres de Nirvana et de New Order (dont on se demande ce qu’ils viennent faire là), au lieu d’utiliser les albums que Burroughs lui-même a enregistrés dans les années 90…
César 2025 : Nos favoris
Par Ph.D
Qui succédera à « Anatomie d’une chute », grand vainqueur de l’an dernier ? La 50e cérémonie des César du cinéma français aura lieu le 28 février à l’Olympia, à Paris, présidée par Catherine Deneuve et mise en scène par Cédric Klapisch. Elle sera présentée par Jean Pascal Zadi avec une douzaine de co-présentateurs(trices). Sans surprise, les favoris seront Le Comte de Monte Cristo (14 nominations) L’Amour ouf (13 nominations) et Emilia Perez (12 nominations). Globalement, les meilleurs films de 2024 sont présents dans les différentes catégories, sans oubli manifeste (on regrette quand même l’absence de Cent mille milliards). Succès surprise de l’année, la comédie d’Artus Un p’tit truc en plus récupère même une nomination dans la catégorie « meilleur premier film ». Un César d’honneur sera remis à l’actrice Julia Roberts et au réalisateur Costa Gavras. Voici nos votes dans les principales catégories
MEILLEUR FILM
Emilia Perez
Le Comte de Monte-Cristo
L’Histoire de Souleymane
En Fanfare
Miséricorde
FILM D’ANIMATION
Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
La Plus Précieuse des marchandises
Sauvages
PREMIER FILM
Diamant brut
Les Fantômes
Le Royaume
Un p’tit truc en plus
Vingt Dieux
FILM ETRANGER
Anora
Les Graines du figuier sauvage
The Apprentice
The Substance
La Zone d’intérêt
MEILLEUR REALISATEUR
Jacques Audiard pour « Emilia Perez »
Boris Lojkine pour « L’Histoire de Souleymane »
Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière pour « Le Comte de Monte-Cristo »
Gilles Lellouche pour « L’Amour ouf »
Alain Guiraudie pour « Miséricorde »
MEILLEURE ACTRICE
Karla Sofia Gascon (« Emilia Perez »)
Hélène Vincent (« Quand vient l’automne »)
Hafsia Herzi (« Borgo »)
Adèle Exarchopoulos (« L’Amour ouf »)
Zoe Saldana (« Emilia Perez »)
MEILLEUR ACTEUR
Pierre Niney (« Le Comte de Monte-Cristo »)
Tahar Rahim (« Monsieur Aznavour »),
Karim Leklou (« Le Roman de Jim »)
Benjamin Lavernhe (« En fanfare »)
François Civil (« L’Amour ouf »)
Bastien Bouillon (Le Comte de Monte-Cristo)
Alain Chabat (L’Amour ouf)
Jacques Develay (Miséricorde)
Laurent Lafitte (« Le Comte de Monte-Cristo »)
Pierre Lottin (Quand vient l’automne)
SECOND ROLE FEMININ
Elodie Bouchez (« L’Amour ouf »)
Anaïs Demoustier (« Le Comte de Monte-Cristo »)
Catherine Frot (« Miséricorde »)
Nina Meurisse (« L’Histoire de Souleymane »)
Sarah Suco (« En Fanfare »)
REVELATION MASCULINE
Abou Sangare (L’Histoire de Souleymane)
Malik Frikah (L’Amour ouf)
Félix Kysyl (Miséricorde)
Pierre Lottin (En fanfare)
Adam Bessa (Les Fantômes)
REVELATION FEMININE
Mallory Wanecque (L’Amour ouf)
Malou Khebizi (Diamant brut)
Megan Northam (Rabia)
Maïwène Barthelemy (Vingt Dieux)
Souheila Yacoub (Planète B)
SCENARIO
L’Histoire de Souleymane
En fanfare
Miséricorde
Borgo
Vingt Dieux
September & July
Par Ph.D
Le pitch
July (Mia Tharia) fait face à la cruauté du lycée grâce à la protection de sa sœur aînée September (Pascale Kann). Sheela (Rakhee Thakrar) , leur mère, s’inquiète lorsque September est renvoyée et July en profite pour affirmer son indépendance. Après un événement mystérieux, elles se réfugient dans une maison de campagne en Irlande, mais tout a changé…
Ce qu’on en pense
Pour son premier long métrage, l’actrice Ariane Labed adapte le roman Deux Sœurs de Daisy Johnson et a tourné en Irlande (et en anglais) ce teen movie tordu dans lequel deux soeurs au comportement étrange flirtent avec la folie et le drame, sous les yeux d’une mère artiste-alcoolo, un brin dépassée mais aimante, qui les utilise comme modèle pour ses photos mises en scène en hommage à Shining. L’influence de David Lynch se fait sentir dans l’inspiration autant que dans la mise en scène, avec du bizarre partout, des ellipses à la hache, une chanteuse de pub ultra glamour et une coupure franche au milieu du film qui modifie la donne. Les trois actrices sont excellentes, notamment la plus jeune (Mia Tharia) sur laquelle repose toute l’intrigue. Mais surtout, le film révèle chez Ariane Labed un talent de réalisation qui laisse pantois. On attendra avec impatience son prochain film.
L’Attachement
Par J.V
Le pitch
Sandra (Valéria Bruni-Tedeschi), quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité d’Alex (Pio Marmaï), son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption…
Ce qu’on en pense
Carine Tardieu entraine Valéria Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï, Vimala Pons et Raphaël Quenard dans un quadrille sentimental d’une grande subtilité sur les familles recomposées et le vivre ensemble. L’écriture audacieuse et la mise en scène toute en nuance évitent les clichés et les exagérations, à l’image de la composition pleine de retenue de Valeria Bruni-Tedeschi. Une heureuse surprise.
Brian Jones et les Rolling Stones
Par J.V
Qui se souvient vraiment de Brian Jones ? Pourtant, il est le visionnaire à l’origine des Rolling Stones. À travers des interviews exclusives de proches, des membres du groupe et grâce à des archives, ce documentaire retrace son parcours et revient sur les tensions internes qui ont conduit à son éviction tragique, révélant une partie de l’histoire derrière l’ascension des Stones. Le réalisateur anglais Nick Broomfield s’appuie sur un montage d’archives rigoureux et sur les interviewes de Mick Jagger et Keith Richards, qui analysent à leur manière la place qui fut celle de Brian Jones dans le groupe et les raisons de son éviction. Le film propose une immersion au sein de ce qui allait devenir le plus grand groupe de rock de l’histoire. Même les fans qui connaissent déjà l’histoire par coeur devraient y trouver leur compte.
When the light breaks
Par J.V
Le pitch
Le jour se lève sur une longue journée d’été en Islande. D’un coucher de soleil à l’autre, Una (Elín Hall) une jeune étudiante en art, fait face au décès de son amant…
Ce qu’on en pense
Découvert en ouverture du Certain Regard à Cannes 2024, ce film islandais signé Rúnar Rúnarsson nous a laissé le souvenir d’un regard singulier porté sur le deuil contrarié d’une toute jeune femme qui a perdu son amant et doit cacher sa peine au sein d’une bande d’amis où figure la compagne officielle du défunt. Dans le rôle principal Elin Hall parvient à faire passer toute la souffrance silencieuse de son personnage sans plomber la proposition. Très joliment filmé When the light breaks ravira les amateurs de cinéma nordique.
Mercato
Par J.V
Le pitch
Agent de football sur le déclin, Driss (Jamel Debbouze) est menacé par une bande de truands qui lui réclame une somme colossale d’un précédent transfert. Il doit alors redoubler d’efforts lors des sept derniers jours du mercato pour trouver un point de chute à une ancienne star du ballon rond (Hakim Jemili), devenue indésirable au PSG en raison de ses frasques extra sportives…
Ce qu’on en pense
Une plongée dans les coulisses pas toujours ragoûtantes du foot-business, par le réalisateur de la série Tapie, Tristan Séguéla et son scénariste Olivier Demangel. Dans le rôle de l’agent de joueurs à la ramasse, Jamel Debbouze fait son « Ciao Pantin » et impressionne. Dommage que quelques stars du ballon rond n’aient pas accepté de faire partie de l’aventure pour la rendre encore plus réaliste.
Dis-moi juste que tu m’aimes
Par J.V
Le pitch
Au bout de quinze ans de mariage, une crise met à l’épreuve l’union de Julien (Omar Sy) et Marie (Élodie Bouchez). Dans le couple, cette dernière a toujours été celle qui aimait le plus. Aussi, au moment où Anaëlle (Vanessa Paradis), le grand amour de jeunesse de son mari Julien, réapparait dans le paysage, Marie panique. Perdue dans une spirale infernale de jalousie et d’autodépréciation, elle se laisse entraîner dans une aventure avec Thomas (José Garcia), son nouveau supérieur hiérarchique. Celui-ci va se révéler aussi manipulateur que dangereux, jusqu’à faire basculer leur liaison dans le fait-divers…
Ce qu’on en pense
Pour son nouveau long métrage, l’actrice-réalisatrice Anne Le Ny embarque un casting quatre étoiles (Omar Sy, Vanessa Paradis, José Garcia et Élodie Bouchez) dans une ronde amoureuse qui tourne au harcèlement et à l’emprise, à travers le personnage incarné par José Garcia, en patron séducteur et manipulateur. La réalisation, hélas, n’exploite pas toutes les possibilités offertes par le scénario et finit par décevoir, avec un suspense mou et des personnages sans réelle épaisseur, réduits à leur unique fonction dramatique.
Avec ou sans enfants
Par J.V
Le Pitch
Quand Pio (Syrus Shahidi) et Anaïs (Adèle Galloy) annoncent leur mariage à leurs amis, c’est clair : ce sera sans enfants. Trois jours de fête et de Prosecco en perspective ! Mais quand leur bande de potes débarque avec les gosses, pensant pouvoir les cacher aux mariés, les catastrophes s’enchaînent…
Ce qu’on en pense
Le « non-désir d’enfant », qui frappe certains jeunes couples au point d’alerter sur la nécessité d’un « réarmement démographique », est au centre de cette comédie poussive d’Elsa Blayau, qui ne parvient jamais à dépasser le niveau d’un soap télévisé… Le rythme en moins ! Intrigue tirée par les cheveux, réalisation poussive, quiproquos téléphonés, acteurs en roue libre… Avec ou sans enfants, rien ne va !
Daffy et Porky
Par J.V
Le pitch
Daffy Duck, Porky Pig et une nouvelle venue prénommée Petunia Pig vont tenter de sauver le monde d’une terrible menace…
Ce qu’on en pense
Nostalgiques des Looney Tunes, c’est le moment d’emmener vos enfants au cinéma. Ça tombe bien, c’est les vacances ! Le retour de Daffy Duck et de Porky Pig est une réussite inattendue. Le scénario, les gags, les dialogues, l’animation 2D… tout est top. Un vrai régal régressif et nostalgique. That’s all folks !
Le Dernier souffle
Par Ph.D
Le pitch
Dans un dialogue amical et passionné, le docteur Augustin Masset (Kad Merad) et l’écrivain Fabrice Toussaint (Denis Podalydès) se confrontent pour l’un à la fin de vie de ses patients et pour l’autre à sa propre fatalité. Emportés par un tourbillon de visites et de rencontres, tous deux commencent un voyage sensible entre rires et larmes : une aventure humaine au cœur de notre vie à tous…
Ce qu’on en pense
Doyen des cinéastes français, Costa-Gavras (92 ans) continue de croire au pouvoir du cinéma pour faire évoluer la société. Comme Pedro Almodovar dans son dernier opus (La Chambre d’à côté), il intervient dans le débat sur la fin de vie avec ce nouveau film inspiré par le livre de Claude Grange et Régis Debray sur les soins palliatifs. Avec Kad Merad et Denis Podalydes dans les rôles du médecin et de l’écrivain, Le Dernier souffle montre, en une succession de saynètes lumineuses, comment une bonne prise en charge des malades pourrait changer le rapport à la mort. Si seulement tous y avaient accès ! Tour à tour didactique, émouvant, drôle et poétique, le film parvient à rendre le sujet moins plombant qu’on pouvait le craindre. Dommage toutefois qu’il ne soit pas plus tranchant dans la dénonciation de l’injustice sociale intolérable que constitue le non accès aux soins palliatifs.