Je suis : Céline Dion
Par Philippe Dupuy
Alors que la rumeur l’annonce chantant Piaf pour l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, Céline Dion apparaît dans un documentaire qui laisse penser qu’elle en sera bien incapable. Centré sur sa maladie – le syndrome de la personne raide, affection rare qui touche un personne sur un million-, Je suis : Celine Dion d’ Irene Taylor, montre la star, chez elle, entourée de ses jumeaux, de son personnel et de son chien, vivant quasi recluse et souffrant par dessus tout de ne plus pouvoir chanter. Car contrairement à ce qu’on avait cru comprendre , la maladie ne touche pas seulement les muscles de la chanteuse canadienne : elle attaque aussi ses cordes vocales. Plusieurs séquences du film – difficiles à regarder-, la voient essayer vainement de chanter et fondre en larmes. Rarement (voire jamais) une star de cette envergure se sera livrée aussi crûment devant une caméra. Céline Dion ne cache rien de ses traits vieillis, de ses cheveux grisonnants, de sa silhouette empâtée ni de sa détresse face à la maladie. Elle laisse la caméra filmer au quotidien sa routine de maman attentionnée et de patiente courageuse des divers praticiens qui tentent de soulager ses douleurs. Une visite dans les hangars où elle a entreposé les costumes, les archives et le matériel de scène de sa fabuleuse carrière, permet de quitter un moment ce triste tableau, pour évoquer ses multiples tournées mondiales, ses dizaines de millions de disques vendus et ses multiples récompenses internationales. Le retour à son quotidien n’en est que plus déchirant. Sans emphase, auto apitoiement, ni mièvrerie, Je suis : Celine Dion montre la vie d’une malade qui se bat de toutes ses forces pour tenter de retrouver le don du ciel qui a guidé toute sa vie. Le film lui permet déjà de faire entendre sa voix de femme. Pour réentendre celle qui a valu à la chanteuse une si éblouissante carrière, on ne peut que prier avec elle.
Riposte
Par Ph.D
Le pitch
Une membre des forces spéciales (Jessica Alba) revient dans sa ville natale du sud des Etats-Unis à la mort de son père et découvre qu’il a été tué par des trafiquants d’armes…
Ce qu’on en pense
Jessica Alba est la seule raison de s’intéresser à cette série B de vengeance au scénario rachitique et à la mise en scène paresseuse. Elle manie très bien le couteau ! A part ça, inutile de perdre son temps : l’intrigue est ridicule et la réalisation digne d’un téléfilm des années 80.
Kinds of Kindness
Par Ph.D
Le pitch
Un homme (Jesse Plemons) tente de prendre le contrôle de sa propre vie. Un policier (Jesse Plemons) retrouve sa femme (Emma Stone) disparue en mer, mais elle semble être une personne différente. Une femme (Emma Stone) recherche une personne dotée d’un pouvoir d’immortalité pour diriger une secte…
Ce qu’on en pense
Yorgos Lanthimos reprend son casting de Pauvres créatures (Willem Dafoe, Margaret Qualley , Emma Stone) et y ajoute Jesse Plemons (découverte de la série Fargo) pour ce film à sketches présenté en compétition à Cannes 2024. Une triple fable cruelle et drolatique qui n’a pas convaincu les festivaliers (trop long, trop absurde, trop cruel), mais a tout de même valu un prix d’interprétation à Jesse Plemons, toujours parfait dans les rôles de dangereux crétin. Le titre (Genres de gentillesse) est évidemment ironique : on le sait depuis Canine, il n’y a rien de gentil dans le cinéma de Lanthimos.
Le Comte de Monte-Cristo
Par Ph.D
Le Pitch
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès (Pierre Niney) est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Ce qu’on en pense
L’indispensable Pierre Niney porte sur ses épaules ce blockbuster à la française réalisé par les scénaristes des Trois mousquetaires , Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patelière, d’après le roman-fleuve d’Alexandre Dumas père. Un interminable (3h00 au compteur !) film de vengeance, plein de rebondissements invraisemblables, de dialogues du 19e siècle et de musique envahissante, mais qui ne manque pas de panache, de rythme, ni d’ambition. A voir au cinéma, si on a le temps.
La Famille Hennedricks
Par J.V
Le Pitch
Quand son fils Henri (Ferdinand Redouloux) menace de partir vivre chez son père (Yannick Choirat), Justine (Laurence Arné) l’embarque de force dans un road trip sur la côte Atlantique avec son nouveau compagnon Ludo (Dany Boon) et son beau-fils Joseph (Jehan Renard). Au programme des vacances : unir sa famille recomposée coûte que coûte ! Mais très vite l’aventure déraille et Justine déchante. Pourtant, de ce chaos naît progressivement un groupe de musique, Les Hennedricks, dans lequel chacun libère sa folie…
Ce qu’on en pense
Encore une comédie dont le pitch en rappelle des dizaines d’autres. Laurence Arné y embarque son compagnon à la ville , Dany Boon, pour des vacances censées consolider leur famille recomposée. Après un début grotesque et pétaradant, débute un road movie mollasson, aussi platement réalisé que dialogué. Seule la BO est un peu rythmée, mais ceux qui s’attendait à y entendre du Jimi Hendrix (vu le titre) devront se contenter de quelques tubes de … Supertramp.
Les Pistolets en plastique
Par J.V
Le Pitch
Léa (Delphine Baril) et Christine (Charlotte Laemmel) sont obsédées par l’affaire Paul Bernardin (Laurent Stocker), un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Alors qu’elles partent enquêter dans la maison où a eu lieu la tuerie, les médias annoncent que Paul Bernardin vient d’être arrêté dans le nord de l’Europe…
Ce qu’on en pense
Présenté à Cannes 2024, en clôture lors de la Quinzaine des réalisateurs, le nouveau film de Jean-Christophe Meurisse (Les Chiens de Navarre) aborde de manière décalée l’affaire Dupont de Ligonnès. Une farce bête et méchante qui n’hésite pas à choquer, au mépris de toute subtilité. La construction éclatée en longues séquences dialoguées manque de rythme. On rit, mais trop rarement.
Maria
Par Ph.D
Le pitch
Maria Schneider (Anamaria Vartolomei) n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris. Elle accède rapidement à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire, ni au scandale…
Ce qu’on en pense
Présenté à Cannes 2024 dans la section « Première », le deuxième long métrage de Jessica Palud (Revenir) est une adaptation du livre de Vanessa Schneider sur sa cousine l’actrice Maria Schneider. Bien avant #MeToo, Maria Schneider, qui était la fille « illégitime » de Daniel Gelin, s’est faite connaître en 1972 par son rôle dans le sulfureux Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci. Elle y jouait la jeune maîtresse d’un écrivain vieillissant (Marlon Brando), avec lequel elle s’adonnait à des jeux sexuels dans le huis clos d’un appartement bourgeois parisien. Traumatisée par une scène de sodomie à laquelle elle n’avait pas été préparée et qui lui fut imposée, transformée malgré elle en icône de la libération sexuelle, Maria Schneider sombra dans la dépression, l’alcool et la drogue. Malgré un dernier grand rôle en 1975 dans Profession Reporter, de Michelangelo Antonioni aux côtés de Jack Nicholson, elle ne fit pas la carrière internationale à laquelle elle était destinée et mourut dans le dénuement et la solitude en 2011, à l’âge de 58 ans. Le film de Jessica Palud (qui fut l’assistante de Bertolucci, des années plus tard) est centré sur la fameuse scène du Tango et montre comment elle a ruiné sa vie de femme et d’actrice. C’est Matt Dillon qui joue le rôle de Marlon Brando dans une composition étonnante de mimétisme. Anamaria Vartolomei campe une Maria à géométrie variable, parfois trés ressemblante, souvent pas du tout, un peu trop lisse sans doute pour rendre justice au magnétisme animal de la véritable Maria Schneider.
Hors du temps
Par J.V
Le pitch
Paul (Vincent Macaigne), réalisateur, et son frère Etienne (Micha Lescot), journaliste musical, sont confinés à la campagne dans la maison où ils ont grandi. Avec eux, Morgane (Nine D’Urso) et Carole (Nora Hamzawi), leurs nouvelles compagnes. Chaque pièce, chaque objet, les arbres du jardin, les sentiers parcourant les sous-bois leur rappellent les souvenirs de leur enfance et leurs fantômes…
Ce qu’on en pense
Chronique d’un confinement chez des bobos ayant fui Paris pour la province de leur enfance. En grande partie autobiographique, le nouveau film d’ Olivier Assayas ressucite une époque à la fois très proche et presque déjà totalement oubliée. Quels enseignements tirer de ce vécu Hors du temps ? Pas beaucoup, apparemment. Un film intime et intimiste dans la lignée de Double vie ou Après Mai, du même réalisateur. Côté casting, le couple Nora Hamzawi -Vincent Macaigne tient ses promesses.
Vice-Versa 2
Par Ph.D
Le Pitch
Fraîchement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût – qui ont longtemps fonctionné avec succès – ne savent pas trop comment réagir lorsque Anxiété débarque. Et il semble qu’elle ne soit pas la seule…
Ce qu’on en pense
Sorti en 2015, Vice Versa est la dernière licence Pixar à avoir encore les honneurs des salles (Soul est sorti directement en streaming). On peut s’en étonner tant ce deuxième volet se contente de reprendre les recettes du premier, sans y ajouter grand-chose de nouveau. En 2015, Pixar innovait en transformant en personnages de DA les émotions une petite fille. Cette fois, le studio se contente d’y ajouter celles liées à la puberté de la jeune héroïne, qui vont évidemment mettre en émoi les autres, jalouses de les voir occuper toute la place dans la psychée de l’adolescente. L’effet de surprise ne jouant plus et faute d’innovation technique, on ne retient que le côté bavard de l’affaire, même si on a plaisir à voir évoluer les différents personnages. Spoiler : Amour n’est pas encore de la fête. Ce sera sans doute pour VV3.
The Bikeriders
Par J.V
Le pitch
Dans un bar de la ville, Kathy (Jodie Comer), jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny (Austin Butler), qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l’image du pays tout entier, le gang, dirigé par l’énigmatique Johnny (Tom Hardy), évolue peu à peu… Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra alors choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang…
Ce qu’on en pense
Un film de moto signé Jeff Nichols (Mud, Take Shelter , Midnight Special) sous influence Easy Rider, on prend ! Découverte de la série Killing Eve, Jodie Comer apporte une touche féminine bienvenue dans cet univers ultra masculin et confirme un talent épatant. L’immersion dans un gang de bikers des années 60 vaut autant pour la qualité de la mise en scène, toujours sobre et précise, que pour le jeu des acteurs, avec les excellents Tom Hardy (Mad Max Fury Road) et Austin Butler ( Elvis, Dune 2) en potes motards, liés par une amitié « à la vie, à la mort ». Un film qui donne envie de se remettre à fumer et de s’acheter une Harley.
Paris Paradis
Par J.V
Le pitch
Ex-star de l’opéra, Giovanna (Monica Bellucci) fulmine : alors qu’elle a été déclarée morte par erreur, les hommages de la presse tardent à venir. Mike (Ben Aldridge), cascadeur anglais, peut-il décemment trembler devant la mort alors qu’il la défie tous les jours ? Fumer tue, mais Dolorès (Rossy de Palma) s’en fout : le jour des 15 ans de sa petite-fille, elle passe unilatéralement un pacte avec Dieu. Alors qu’elle essaie de se suicider, Marie-Cerise (Charline Balu-Emane), ado harcelée, humiliée et déprimée, est kidnappée et va tout naturellement faire de son ravisseur son psy. Edouard (André Dussollier), bien qu’il présente depuis des années une célèbre émission criminelle à la télé, accuse le coup quand sa mortalité se rappelle à lui…
Ce qu’on en pense
Révélée à Cannes en 2007 avec Persépolis, dans lequel elle adaptait son propre roman graphique sur sa jeunesse en Iran, Marjane Satrapi revient avec une déclaration d’amour à Paris, en forme de film choral. Contrairement à la plupart des films du genre, les destins de ses personnages ne sont pas forcément entremêlés. Leur point commun est d’être parisiens et confrontés à la mort. Cela pourrait être lugubre, mais la réalisatrice d’origine iranienne à trop de fantaisie pour sombrer dans la noirceur. Le film est inégal (les segments avec Moncia Belucci et Ben Aldridge sortent clairement du lot ) mais le charme opère grace, notamment, à un casting impeccable.
Tehachapi
Par J.V
Les États-Unis représentent 4,2 % de la population mondiale et 20 % des détenus dans le monde. En octobre 2019, l’artiste JR obtient l’autorisation sans précédent d’intervenir dans l’une des prisons de haute sécurité les plus violentes de Californie : Tehachapi. Certains détenus y purgent des peines à perpétuité pour des crimes commis alors qu’ils n’étaient que mineurs. À travers son projet de fresque, JR qui avait accompagné Agnès Varda dans une de ses dernières aventures cinématographiques en 2017 (Visages Villages) rassemble les portraits et les histoires de ces hommes, offrant un regard différent sur le milieu carcéral et apportant un message d’espoir et de rédemption possible. Le final est bouleversant.
C’est pas moi
Par J.V
Le pitch
Pour une exposition qui n’a finalement pas eu lieu, le musée Pompidou avait demandé au cinéaste de répondre en images à la question : Où en êtes-vous, Léos Carax ? Il tente une réponse, pleine d’interrogations. Sur lui, son monde. Je sais pas. Mais si je savais, je répondrais que…
Ce qu’on en pense
Prix de la mise en scène à Cannes 2021 avec le génial Annette, Leos Carax était de retour cette année sur la Croisette (dans la section Première), avec ce moyen métrage très « Godardien » en forme d’auto biopic analytique. Un montage d’extraits de films, d’archives, de citations et de scènes spécialement réalisées pour l’occasion, dans lequel le cinéaste brasse des thèmes variés ( le nazisme, le cas Polanski, la situation du monde, ses films, le pouvoir du cinéma…) avec une grande force d’évocation.
Juliette au printemps
Par J.V
Le pitch
Juliette (Izia Higelin), jeune illustratrice de livres pour enfants, quitte la ville pour retrouver sa famille quelques jours : son père (Jean-Pierre Darroussin) si pudique qu’il ne peut s’exprimer qu’en blagues, sa mère artiste peintre (Noémie Lvovsky) qui croque la vie à pleines dents, sa grand-mère chérie (Liliane Rovère) qui perd pied, et sa sœur (Sophie Guillemin), mère de famille débordée par un quotidien qui la dévore. Elle croise aussi le chemin de Pollux (Salif Cissé), jeune homme poétique et attachant. Dans ce joyeux bazar, des souvenirs et des secrets vont remonter à la surface…
Ce qu’on en pense
Après les sympathiques Aurore et Annie Colère, Blandine Lenoir adapte à l’écran une bande dessinée de Camille Jourdy sur le mal être d’une jeune femme qui, pour passer le cap va devoir réveiller des douleurs passées et déterrer quelques secrets familiaux. Izïa Higelin incarne à merveille cette Juliette, entourée d’une famille joyeusement bordélique dont les membres sont joliment croqués. La relation père-fille, avec un Jean-Pierre Darroussin toujours juste et émouvant fournit les scènes les plus touchantes de cette aimable chronique familiale.
Love Lies Bleeding
Par J.V
Le pitch
Lou (Kristen Stewart), gérante solitaire d’une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie (Katy O’Brian), une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence…
Ce qu’on en pense
Révélée avec le thriller fantastique Saint-Maud , Rose Glass brasse à nouveau les genres avec cette love story lesbienne à l’atmosphère pesante, qui brosse un portrait sans fard de l’Amérique profonde. Le film oscille avec grâce entre Oliver Stone et les frères Coen et offre à Kristen Stewart et Katy O’Brian une partition à la Thelma et Louise dont elles s’emparent avec conviction. En méchant de service, Ed Harris méconnaissable est à son meilleur. Ce Love Lies Bleeding surpasse largement le Drive-Away Dolls d’Ethan Coen, sorti récemment et auquel il fait immanquablement penser.