Événement

/Événement

Jeanne Added à Monaco

Événement|

Un tour de force que ce Both Sides Tour entamé en solo par Jeanne Added. Seule sur une scène centrale, semblable à un ring de boxe, la chanteuse peroxydée et tout de noir vétue, chante et danse sur une bande son de ses principaux titres remixés techno. La performance est autant chorégraphique que vocale et devient de plus en plus minimale au fil du show,  jusqu’à finir a cappela au milieu du public. Le rapport des spectateurs à l’artiste et à ses chansons est alors on ne peut plus direct et frontal. L’expérience,  étrange mix de Camille,  de Christine and the Queens et de Merce Cunningham,  est étonnante et ne peut laisser indifférent. Avec ce show ovniesque (dont, à la demande de l’artiste, on ne donnera pas trop de détails ni d’images,  histoire d’en laisser la surprise aux futurs spectateurs),  Jeanne Added confirme l’originalité et le talent  qui lui ont déjà valu plusieurs Victoires. Coup de chapeau au  Grimaldi Forum de Monaco  pour avoir  repéré et programmé ce spectacle étonnant avant tout le monde.

.

 

Little Steven à Monaco

Événement|

 

Les absents ont toujours tort, mais parfois plus qu’à d’autres. La meilleure tournée rock de l’année passait le 31 août par Monaco et, malgré le prix modique des places (35 euros),   il y avait des rangs vides dans la minuscule salle Garnier pour voir Little Steven et les Disciples of Soul. Pour appuyer la sortie de son excellent nouvel album solo Summer of Sorcery (le premier depuis 20 ans !), le guitariste et bras droit de Bruce Springsteen dans le E Street Band a concocté avec ses Disciples une énorme revue soul et rhythm’n’blues,  qui célèbre le son du « Jersey Shore » et la musique américaine des années 50-60. Malgré l’assistance réduite (300 spectateurs) et, au début,  légèrement amorphe, Steve Van Zandt et son groupe (10 musiciens et 3 choristes spectaculaires) ont donné 2 heures et demi d’un show d’une générosité Springsteenienne (quand tu crois que c’est fini, ça fait que commencer)  dans le cadre somptueux de l’opéra de Monaco. Tout l’album y est passé presque dans l’ordre (« Communion » en ouverture, « Summer of Sorcery » en clôture),  avec un medley de titres écrits pour Southside Johnny, un autre en hommage au girls group des années 60 et « Sun City » au rappel. Le tout avec un son nickel chrome (bravo à l’ingénieur du son: 14 musicos à balancer ça ne doit pas du gâteau),  une bonne humeur communicative et une énorme générositéLe plus formidable concert qu’on ait vu dans cette salle mythique  depuis ceux de Prince en 2009. Difficile de rêver meilleure clôture pour le Sporting Summer Festival 2019. 

JP Mocky (1929-2019)

Événement|

Jean-Pierre Mocky s’est éteint le 8 août 2019,  à l’âge de 86 ans (90 selon sa famille). Né à Nice, le vieil anar y était revenu en avril dernier, dans le cadre du festival Victorine , pour donner une master class à la Cinémathèque. Pour le plus grand bonheur d’un nombreux public, le réalisateur d’Un Drôle de paroissien, du Miraculé et d’une soixantaine d’autres films représentant un cinéma et une France un peu surannés,  avait égrené ses souvenirs avec la malice qu’on lui connaissait, avant de lancer la projection de  l’unique film qu’il a entièrement tourné à Nice : La Machine à découdre. Ce fut une de ses dernières interventions publiques.  En voici un court verbatim

« J’ai fait mes classes au lycée Fénelon, à Nice, où un prêtre m’a tripoté. Ça a influencé mes premiers films, notamment Le Miraculé… »

« Après Fénelon, j’ai fréquenté le Parc Impérial, où je me suis retrouvé avec Pasqua, qui était un cancre, et Chirac. Le jeudi, on vendrait des esquimaux sur la Prom’ pour se faire un peu d’argent de poche »

« J’ai joué dans mon premier film à 9 ans : Les Visiteurs du soir de Marcel Carné. Antonioni était son assistant. Je l’ai retrouvé plus tard en Italie, où j’ai fait une belle carrière d’acteur. J’étais le James Dean italien »

« Acteur, c’est un métier de bonne femme. Il faut aimer se pomponner, faire attention à son physique…J’ai préféré passer derrière la caméra ».

« Ma règle N° 1, c’est de tourner 6 minutes utiles par jour. En 15 jours vous avez fini le film »

« Sylvester Stallone a été une grande influence pour moi.Personne ne voulait de lui comme acteur, alors il a fait son propre film Rocky. J’ai suivi ses traces »

« C’est moi qui ai présenté Clint Eastwood à Sergio Leone. Clint était mon meilleur ami.Je suis très copain aussi avec De Niro, Robert Redford et Dustin Hoffman ».

« La Nouvelle vague, c’étaient que des intellos.On n’avait pas la même approche. Je me sens plus proche de Gus Van Sant ou de Tarantino ».

« Mon prochain film, je vais le tourner avec Depardieu »

« Mon conseil aux jeunes qui veulent faire du cinéma ? Faites comme Stallone et comme moi : écrivez-vous des rôles. Le Cours Florent, le Conservatoire, ça ne sert à rien ».

« J’ai passé une nuit avec les gilets jaunes. C’était très intéressant. À défaut de déboucher sur des solutions, ce mouvement est devenu un chouette club de rencontres ».

Sanseverino à Vence

Événement|

Pour son huitième album, intitulé Montreuil/Memphis, Sanseverino change encore de registre et opte pour un blues rock puissant, qui colle bien avec les textes de ses chansons humoristiques et poétiquesProgrammé aux Nuits du Sud de Vence, il nous a parlé de son amour pour toute la musique qui vient de là… Et d’ailleurs!

Dites-donc, c’est du brutal ce nouvel album: les guitares et l’harmonica sonnent de ouf !
Ah ouais, c’est pas de la guitare de fayot. On a enregistré dans les conditions du live avec le groupe.Je joue sur ma vieille James Trussard Jazz Master, branchée sur deux amplis à lampe. Ça dépote. À l’harmonica, c’est Marco Balland, un Marseillais vraiment balèze. Je voulais que ça sonne brut de décoffrage.

On ne vous savait pas guitariste de blues…
J’ai toujours aimé le blues électrique. Comme tous les guitaristes, j’ai commencé par là. En tournée ou en répètes, j’en faisais toujours quelques-uns, mais c’est la première fois que je me lance dans un album. Je change de style tous les deux albums. Là j’avais envie d’explorer des trucs que je n’avais pas utilisés jusqu’à maintenant. J’ai fouillé dans les musiques que j’aime pour voir si ça collait à mes textes. Le Chicago Blues, le Mississipi blues et le cajun collaient assez bien. Les rythmiques à la John Lee Hooker, c’est parfait pour raconter des histoires. Après, il faut jouer beaucoup pour se remettre ça dans les doigts, mais le blues, c’est comme le vélo: ça ne s’oublie pas. Sauf que le vélo, quand on a laissé tomber on a du mal à rouler alors que les solos de blues ça descend tout seul.

Quels sont vos bluesmen préférés?
Hound Dog Taylor, Scott Walker, les Allman Brothers… A la base, je voulais être Rory Gallagher!

Le titre est un clin d’œil à «Nashville ou Belleville» d’Eddy Mitchell ?
Oui, je venais d’enregistrer la chanson avec lui pour son disque de duos (La même tribu), Montreuil/Memphis, c’était logique. J’ai toujours été très fan de ses textes.

Les vôtres ne sont pas mal non plus. Comment écrivez-vous?
Quand je commence un album, j’ouvre un cahier, je regarde des vidéos sur internet, je lis, je réfléchis.Après, je fais un peu d’écriture automatique et je bosse dessus. Quand c’est fini, je referme le cahier et je vais jouer. Je n’écris jamais en tournée. Je commence toujours l’album avec une page blanche.

Quelle est la première chanson qui est venue ?
« Mon enterrement ». Sans blague ! J’ai trouvé que ça partait bien (rires)

Pourquoi cette reprise du «Mitard» de Trust, avec le fameux texte de Mesrine?
Après mon disque sur Papillon, c’était logique aussi. Un clin d’œil aux taulards. J’ai toujours aimé Trust, c’est un salut à leur reformation. La chanson leur dit: bon retour!

On retrouve André, votre personnage récurrent qui apparaît sur presque tous vos disques. Un peu comme la coccinelle de Gotlib?
Oui, je n’arrive pas toujours à le placer, mais là ça marchait bien. J’ai signé pour mon premier album avec sa première chanson, c’est un peu mon porte-bonheur. Il n’est pas très glorieux comme personnage, mais je l’aime bien..

Vous écoutez quoi à la maison ? 
Du tango, François Beranger, Gérard Watkins, pas mal de techno parce qu’il y a plein d’ados à la maison. Il y a des trucs super créatifs. J’aime toutes les musiques pourvu qu’elles soient sincères.

Si ça n’avait pas marché pour vous dans la musique, vous auriez fait quoi? 
Je me serais bien vu préposé aux guitares dans un groupe de world africain.

 

 

Nice Jazz Festival 2019

Événement|

 

Par Philippe Dupuy

Avec près de 43 000 spectateurs sur cinq soirées, l’édition 2019 du Nice Jazz Festival, a été un grand succès de fréquentation. Artistiquement, on peut émettre quelques réserves dues à une programmation qui flirte de plus en plus avec la variété (Angèle, Bigflo et Oli…) et à la  surfréquentation de certaine soirées. Dix mille personnes devant la scène Massena, c’est clairement trop pour apprécier un concert. Heureusement, il y avait le Théâtre de verdure pour se replier et les jardins pour chiller (bonne idée d’y avoir installé des écrans). Les food trucks nous ont paru mieux achalandés, plus sympas et pas plus chers que lors des éditions précédentes. A l’heure du premier bilan, on retient  le grand juke-box planétaire de Nile Rodgers et Chic avec ses deux chanteuses extraordinaires et sa setlist « all hits » , la prestation cafouilleuse mais énergique de  Neneh Cherry, le show dansant des Black Eyed Peas,  la grand messe du concert d’Ibrahim Maalouf  (le moment fort de l’édition)le  retour de Jean Luc Ponty , le show electro planant de  The Blaze, la confirmation du talent vocal  de Kimberose, la générosité d’Omara Portuondo  et  la révélation Christian Sands.  A l’année prochaine !

 

Vanessa Paradis à Monaco

Événement|

Vanessa Paradis achevait la tournée  de son nouvel albumLes Sources”, à l’Opéra de Monaco dans le cadre du Sporting Summer Festival. En grande forme, entourée de 6 musiciens,  elle a emballé le public de la salle Garnier  (qui affichait complet pour l’occasion),  avec  un set débuté par ses nouvelles chansons, poursuivi par  un long  medley  de tous ses albums  et  terminé sur ses plus grands succès, dont l’inaltérable « Joe le Taxi« , chanté en chœur avec la salle. Après un concert soporifique,  il y a quelques années au Sporting, on a retrouvé la grande Vanessa des années Gainsbourg/Kravitz : elle n’a pas arrêté de danser, silhouette adolescente et gracile sur laquelle les années ne semblent pas avoir de prise. Dommage que le son ait été aussi mauvais : sans doute pré-réglé pour les grandes salles,  à un volume beaucoup trop important pour Garnier, il a gâché  les passages les plus musicaux et rendu presqu’inaudibles les paroles des chansons.  Heureusement, la générosité de la chanteuse, son talent et sa grâce folle ont fait oublier ce désagrément.

Charlie Winston à Monaco

Événement|

(Photo @Darrasse) 

Toujours beau le hobo ! Charlie Winston, qui s’était mis en retrait de la scène ces dernières années, est de retour avec un nouvel album (Square 1) et une tournée européenne qui l’amenait à se produire à la salle Garnier en ouverture du Sporting Summer Festival 2019Fringant, élégant, chaleureux et souriant, épaulé par deux excellents musiciens (un clavier et un batteur), le chanteur anglais a livré dans l’écrin de Garnier une prestation très appréciée. Alternant guitare, piano et basse, Winston a conquis le public monégasque avec un set composé de nouvelles chansons et de succès comme l’inaltérable « Like a hobo » (introduit par un long prélude sifflé), « Smile » (un des meilleurs moments du show) ou « In Your hands » (au rappel). Rejoint sur scène par David Zincke, qui assurait la première partie, le Hobo a conclu par une reprise des Beatles, « With a Little Help From My Friends », parfaitement de circonstance

 

 

Dick Rivers (1945-2019)

Événement|

Par Philippe DUPUY

Son premier disque était sorti le jour de son 16e anniversaire, il est mort celui de ses 74 ans. Entre ces deux dates, le Niçois Hervé Forneri, alias Dick Rivers, aura écrit quelques-unes des plus belles pages du rock à la française, dont il fut avec Johnny Hallyday et Eddy Mitchell l’un des pionniers et le plus ardent propagateur…

Fils d’un boucher de l’avenue de la République, Hervé Forneri naît le 24 avril 1945 à Nice. Très jeune, il découvre le blues puis le rock ‘n’ roll grâce à la proximité de la garnison américaine installée de 1945 à 1966 dans la Rade de Villefranche : « Les matelots amenaient tout de chez eux: leur bouffe, leur musique, leur civilisation, se souvenait-il l’an dernier, alors que nous l’interrogions sur l’anthologie de ses 55 ans de carrière qui venait de paraitre. Pendant leurs permissions, certains jouaient au Vieux Colombier à Juan les Pins dans un groupe qui s’appelait Rocky Roberts & the Airdales. Ils avaient beaucoup d’avance, musicalement. Il fallait un certain culot pour les imiter, mais le public n’attendait que ça. Mon premier 45 tours est sorti le jour de mon 16e anniversaire, le 24 avril 1961. Je suis passé directement du vélo à la Cadillac! ».

Avec quelques potes, les frères Roboly, Gérard Jacquemus et William Taïeb (tous affublés de pseudos américains), il fonde les Chats Sauvages, qu’il quitte moins de deux ans plus tard pour entamer un carrière solo sous son nom de scène, Dick Rivers, emprunté au personnage interprété par Elvis Presley dans « Loving You ». Sa dévotion pour Elvis ne faiblira jamais et toute sa carrière, Dick Rivers ne chantera que du rock et des ballades. En adaptant d’abord en français les succès des pionniers comme Presley, Gene Vincent, Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Little Richard ou Roy Orbison (« La chance qu’on avait, nous confiait-il lors de la même interview c’est que ceux qui achetaient nos disques ne connaissaient pas les originaux. Et ça a duré jusqu’aux années 70! Quand John Denver a joué la première fois à l’Olympia, tout le monde a cru qu’il reprenait «Faire un pont» en anglais! ») , puis en interprétant les chansons originales que lui écrivirent une multitude d’auteurs et de compositeurs : « Je cherche toujours la chanson parfaite, c’est mon Graal. Je n’ai jamais écrit une chanson de ma vie, je ne suis qu’un vulgaire interprète, un éternel débutant ». Alain Bashung, Gérard Manset et Francis Cabrel, entre autres, lui offrirent de précieuses collaborations dans les années 70 -80 et depuis les années 90 Dick n’a cessé d’enregistrer avec la fine fleur de la nouvelle chanson française comme Patrick Coutin, Mathieu Boogaerts, Mickey 3 D, Joseph D’Anvers ou plus récemment Julien Doré. Des disques aux titres en forme de jeux de mots faciles (Very Dick, AuthenDick…), mais toujours créatifs et de grande qualité. Avec le temps, sa voix, toujours teintée d’un léger chuintement qui faisait sa marque et d’une pointe d’ accent méditerranéen s’était encore bonifiée, au point d’être régulièrement comparée à celle d’Elvis, Johnny Cash ou Roy Orbison. Entre deux enregistrement et une tournée, devenu une encyclopédie vivante du rock, Dick faisait profiter de sa science les auditeurs de RMC. Il s’était aussi essayé au cinéma (avec son compère Niçois Jean Pierre Mocky) et au théâtre, où on le vit interprêter du Jean Genet (Les Paravents) en 2004 sur la scène de Chaillot !

Malgré cette riche carrière et les nombreux succès qui l’ont jalonnée, Dick souffrait d’un manque de reconnaissance de la part du show business et des médias plus prompts à railler son look de rocker vintage (parodié par Antoine de Caunes avec son Didier l’Embrouille, fan éternel de Dick) qu’à reconnaître la qualité de son travail : « Ce n’est pas tellement un problème de reconnaissance du chanteur, nous disait-il en 2011.Au bout de cinquante ans de carrière, je n’en suis plus là. C’est plutôt le manque de reconnaissance à l’homme qui me chagrine. Que Ruquier fasse comme si je n’existais pas, que Drucker ne m’ait jamais invité, je trouve ça limite irrespectueux. Même chose pour les Enfoirés, alors que c’est moi qui, le premier, ai imposé Coluche en première partie de mes spectacles ». Un ostracisme qu’il attribuait à ses origines provinciales (contrairement aux « parisiens » Johnny et Eddy), mais qui le poursuivait jusque dans sa ville natale où il se plaignait de n’être jamais programmé lors de ses tournées :  « La dernière fois que j’ai chanté à Nice, c’était en 1996. Un super-souvenir, mais depuis on ne m’y a plus jamais réinvité. Quand je vais manger ma socca chez Pipo ou acheter mes pâtes chez Quirino, rue Bavastro, je déclenche une mini-émeute.Mais quand il s’agit d’organiser des concerts, il n’y a plus personne. Ca a été comme ça depuis mes débuts.Je suis l’illustration vivante du proverbe «Nul n’est prophète en son pays ».

Il n’avait plus joué à Nice depuis 20 ans, lorsque l’an dernier enfin il s’y produisit deux fois coup sur coup, pour la tournée Age Tendre, dont il avait accepté d’être une des têtes d’affiche , et pour un concert avec son propre groupe au Théâtre Lino Ventura, le 15 décembre 2018. Le Hard Rock Café de Nice lui avait organisé une réception enfin digne de son statut d’icone et il avait fait don d’un de ses ceinturons indiens fétiches à la collection de memorabilia du restaurant, manifestant sa gratitude et sa joie d’être enfin fêté chez lui. Bien que physiquement diminué par la maladie,  le concert du soir avait été, comme promis, « rock’n’roll à donf’ ». Dick y avait joué ses  rocks en VF et ses tubes, dont l’incontournable « Nice Baie des Anges », accompagné d’un groupe de jeunes rockers canadiens très efficaces, devant un public aux anges. En quittant la scène après plusieurs rappels, Dick avait la banane. « Quand je me regarde dans la glace, je n’ai pas honte, nous disait-il. Humainement, je ne me trouve pas trop mal.Musicalement, j’assume tout ce que j’ai fait.Je n’ai jamais enregistré de la soupe pour être à la mode et je trouve que j’ai continué à évoluer assez honorablement.J’en ai marre d’être sous-évalué, mais je sens un respect à défaut de véritable reconnaissance ». Elle viendra sans doute après sa mort confirmée sur son compte Twitter par son fidèle manager Denis Sabouret : « J’ai la grande tristesse de vous annoncer que Dick Rivers @riversdick est décédé cette nuit des suites d’un cancer. Nos très affectueuses pensées à son épouse Babette ainsi qu’à toute sa famille ». Contrairement aux voeux de ses nombreux fans  azuréens, Dick a été inhumé à Paris et non à Nice, au cimetière de Montmartre le jeudi 2 mai 2019. Ses obsèques ont été célébrées en l’église Saint Pierre de Montmartre en présence de nombreuses personnalités, dont Francis Cabrel, Nicoletta, Pierre Billon, Jean Claude Camus, Christophe Dechavanne, Petula Clark, Isabelle Aubret, Fabien Lecoeuvre et Jean Luc Lahaye. Son éloge funèbre a été prononcé par Brice Hortefeux et Eric Naulleau.

Patrick Bruel à Nikaïa

Événement|

On ne s’était pas donné rendez vous dans dix ans. Les chansons de Patrick Bruel ne sont pas vraiment notre tasse de thé et on gardait le souvenir cuisant de concerts pour midinettes où l’on s’était senti bien seul, les tympans vrillés de « Patriiiiick ! » suraigus. Il a fallu toute l’insistance amicale de Patricia, l’attachée de presse du concert (« Tu verras le show est superbe ») et la promesse de places VIP, pour nous y traîner à nouveau. Et on n’a pas regretté notre soirée ! C’est dans un Nikaïa archi comble, au milieu d’une foule en majorité féminine (mais pas que), que l’on s’est donc retrouvé pour assister à l’étape niçoise du « Tour 2019 ». Il passait la veille par Toulon et repassera cet été par Sollies Pont.  En attendant probablement un Stade de France, ou une autre méga enceinte de ce genre, vu le succès de la tournée, qui affiche complet partout. Le show est taillé pour les grandes scènes avec des écrans gigantesques et des jeux de lumière impressionnants. 

On pense immédiatement à ceux que proposait Johnny et on n’est pas surpris qu’aux rappels, Bruel reprenne « J’ai oublié de vivre », en hommage à son pote disparu.  La setlist mixe savamment anciens et nouveaux titres, ballades et tubes.Toujours fringant, « Patriiick » porte beau ses 59 printemps et sa voix est plus puissante que dans nos souvenirs. Bien que son groupe, composé de fidèles qui le suivent depuis des lustres, soit excellent, il assure une bonne partie du concert en solo, en s’accompagnant à la guitare acoustique ou au piano (qui descend des cintres pour trois titres puis remonte). Sa complicité avec le public est réelle et dépasse l’adulation béate. Le show est sans doute le meilleur qu’il ait jamais produit et la comparaison avec ceux de Johnny n’est pas erronée. Si on lui cherche un successeur, Bruel constitue désormais un sacré prétendant. Bref, on n’attendra pas dix ans pour aller le revoir sur scène.

Dick Rivers à Nice

Événement|

Vingt ans qu’il n’était pas venu donner de concert à Nice !  C’est peu dire que le retour de Dick Rivers était attendu dans sa ville natale. Né Hervé Forneri, fils d’un boucher du vieux Nice, ex-leader des Chats Sauvages,  c’est une légende du rock français que le théâtre Lino Ventura  accueillait le samedi 15 décembre. Pour l’occasion, le Hard Rock Café de Nice lui avait organisé une petite réception au cours de laquelle Dick a officiellement remis au manager du restaurant un ceinturon US qui s’en est allé rejoindre la collection d’objets de memorabilia du HRC.

C’est Lone Redneck, groupe de country rock localqui assurait la première partie du concert. Un excellent choix pour une mise en jambes bien rock’n’roll. Le répertoire de classiques rock et de chansons originales du groupe était parfait pour attendre la star de la soirée.  Entouré de quatre musiciens , Dick Rivers a livré le show « rock’n’roll à donf‘ » promis, enchaînant les classiques du rock en versions originales (« Not Fade Away », « Hearttbreak Hotel », « 20 Flight Rock », « Let’s Have a Party », « That’s Allright Mama » )  ou traduites (« Mauvaise Fille », « Faire un pont », « Gravement amoureux de vous », « Maman n’aime pas ma musique« ) et quelques tubes comme « Pluie et Brouillard » ou l’incontournable « Nice Baie des Anges« . Le groupe  canadien qui accompagne Dick sur cette tournée est très rockab’, à l’image du guitariste Robert Lavoie, digne émule de Brian Setzer (Stray Cats) : le son dépotait vraiment. Dommage que la voix du chanteur ait été un peu noyée dans le mix !  Mais le public niçois, venu en nombre (le théâtre était plein),  s’est éclaté et a fait un véritable triomphe à son rocker maison.

JL Aubert à l’opéra de Nice

Événement|

Bien qu’annoncé tardivement et sans grande publicité, le concert solo de Jean Louis Aubert à l’opéra de Nice n’a eu aucun mal à afficher complet. Les fans de l’ex-chanteur de Téléphone et des Insus l’attendaient pour l’unique escale niçoise de la tournée Prémices. Après la triomphale tournée de reformation de Téléphone sous le nom des Insus, on n’espérait pourtant pas voir Aubert sur scène de sitôt. Mais visiblement ses fans ne sont pas rassasiés… et lui non plus! À 63 ans, l’ex-Téléphone aime toujours autant le contact avec le public et il le prouve avec cette tournée en solo acoustique au cours de laquelle il interprète pendant plus de deux heures les chansons de son répertoire, quelques tubes de Téléphone et une poignée de nouveautés écrites dans l’optique d’un nouvel album. D’où le nom de la tournée, Prémices, qui sonne comme une douce promesse. À Nice, Aubert en a joué deux, sans donner leur titre. On les a donc baptisées «Artiste-autiste» et «Courage, dansons». Deux chouettes chansons «à texte» qui annoncent, peut-être, un album plus «folk» que «rock». Visiblement heureux d’être là et en grande forme physique, «Jean-Louis» comme l’appellent affectueusement ses fans, les a chantées pour sa maman qui occupait une des loges. Toujours aussi généreux et à l’aise sur scène, même seul dans un décor uniquement constitué d’instruments de musique (guitares, piano, percussions), devant un «pedal board» qui ressemble à un tableau de bord de Boeing 747, Aubert a joué pendant près de deux heures trente pour un public transgénérationnel (enfants, parents et même grands-parents !) qui connaît ses chansons par cœur et les chante avec lui. «Voilà, c’est fini», au deuxième rappel, marqua la fin du spectacle. C’était de circonstance, mais on aurait aimé que ça ne se termine jamais.

R.I.P Charles Aznavour (1924-2018)

Événement|

Charles Aznavour s’est éteint à l’âge de 94 ans. Véritable monument de la chanson française, il était acclamé comme tel dans le monde entier, où il continuait de se produire. Nous avons eu la chance de le rencontrer à plusieurs reprises, la dernière fois en 2016, chez lui  dans sa propriété des Alpilles,  à Mouriès,  où il est décédé. On avait une fois encore été épaté par sa jeunesse, sa vitalité et sa vivacité d’esprit. Voici l’interview qu’il nous avait accordée…  Salut l’artiste ! 

C’est une grande maison, presqu’une hacienda, remplie de trophées et de souvenirs.On y accède par une allée majestueuse qui traverse un parc à la française, impeccablement tenu. La fraîcheur et la pénombre intérieures contrastent avec la fournaise du dehors.Après avoir traversé le hall et la salle de billard, on retrouve le maître de maison dans une vaste pièce qui sert à la fois de bureau de salle de télévision et de bar, grâce à un comptoir en zinc récupéré d’un vieux bistrot. Partout au mur, des photos, des disques d’or et, sur les étagères, une imposante collection de dvd. Charles Aznavour, 92 printemps, finit de regarder un vieux film de Burt Lancaster sur le grand écran TV, sa chienne Fifi couchée sur les genoux. Il se lève et nous accueille avec la même cordialité que jadis (les années 80), lorsqu’on allait le visiter, chaque été, dans sa maison de Saint-Tropez…

Pourquoi avoir abandonné le Var pour les alpilles?

J’en avais marre de St Tropez.Non pas du village, ni de ses habitants, que j’aime beaucoup.J’y ai gardé beaucoup d’amis… Mais c’est devenu une foire d’empoigne.Du tourisme people de bas étage. Plus moyen de se balader tranquille sur le port… C’est un ami journaliste Jacques Bessis qui m’a amené ici, il y a 20 ans, en me disant qu’il y avait une maison à vendre, à côté de la sienne. L’endroit m’a tellement plu qu’on est allé directement chez le notaire. Pourtant il n’y avait presque rien : une vielle bâtisse à démolir et 4000 m 2 de terrain que j’ai agrandis petit à petit en rachetant des lots mitoyens.Ca m’a permis de planter des oliviers et plein d’autres choses.Aujourd’hui on a de tout, de l’eau, des légumes, des fruits… On peut vivre en autarcie, les quatre mois où j’y suis…

C’est comme ça que vous être devenu producteur d’huile d’olive?
Oui, j’ai planté deux hectares d’oliviers.Ca m’a coûté un bras! Je commence juste à amortir cette année une partie de ce que j’ai investi. On fait de l’huile Aznavour.Elle est très demandée. Les meilleures huiles d’olive du monde viennent d’ici et je peux vous dire que j’en ai goûté! La preuve, c’est que l’Élysée a été un de nos premiers clients et il l’est toujours.

Comment sont vos relations avec le pouvoir?
Elles sont très bonnes. On sait où me trouver quand on a besoin de moi pour représenter la France à l’étranger.Je l’ai encore fait au Brésil et au Japon.Je m’entends bien avec François Hollande même si je n’ai pas voté pour lui et que je lui ai dit (il m’a répondu en riant : « Je m’en doutais un peu »). J’aime bien Valls aussi.J’apprécie les gens qui savent taper du poing sur la table quand il le faut.Malgré nos différents fiscaux, j’ai toujours eu de bonnes relations avec les socialistes.J’ai versé une larme à la mort de Michel Rocard, que j’aimais beaucoup.

Vous savez déjà pour qui vous voterez l’an prochain?
Oui, mais ne comptez pas sur moi pour vous le dire. D’abord parce que je ne voudrais pas que la communauté arménienne se croie obligée de faire pareil.ensuite parce que j’ai horreur de perdre… (rires).Vous n’aurez pas de confidences politico-aznavouriennes!

Parlons boulot alors.Vous êtes demandé partout : comment choisissez-vous vos galas?
Au plus offrant! (rires) Je privilégie l’étranger, Pas seulement pour des raisons fiscales, mais parce qu’on n’est plus beaucoup à y aller, Je croise encore un peu Nana Mouskouri, mais plus grand monde d’autre.Patricia Kaas marche moins qu’avant j’ai l’impression.Heureusement, il y a Zaz qui cartonne.Je vois ses affiches partout où je vais.Elle a tout ce qui faut pour faire une très belle carrière, si elle gère bien.

Vous ne vous êtes jamais lassé des tournées?

Non, jamais.Je fais moins de concerts mais je continue à aller partout où on me demande. Il n’y aura qu’en Turquie que je n’aurais pas chanté.Je le regrette, car c’est le pays de ma mère.Mais tant qu’ ils ne feront aucun effort vers la reconnaissance du génocide arménien, je n’irai pas.

On ne vous voit plus au cinéma, par contre et c’est bien dommage…

J’ai arrêté parce que ça devenait trop difficile de mémoriser les textes. Sur scène, ce n’est pas pareil, j’ai un prompteur…Et je ne suis pas le seul! (rires) Mais au cinéma, je ne me vois pas coller des bouts de papiers partout sur le plateau ou utiliser une oreillette comme le font certains.

Lequel de vos films préférez-vous?
Celui qui m’a le plus servi c’est Tirez sur le pianiste (Truffaut 1960 N.D.L.R).Il m’a ouvert les portes de l’Amérique. La première fois que j’ai fait le Carnegie Hall, il y avait plein de musiciens de jazz dans la salle.Tout le monde s’attendait à ce que je joue du piano! (rires)

À quoi occupez-vous vos journées lorsque vous ne chantez pas?

J’écris tout le temps. J’ai toujours trois chansons en route, comme ça quand je bloque sur une je finis l’autre. J’ai déjà la matière pour faire deux albums : un normal, l’autre de chansons inédites comme celle que j’ai écrit pour la comédie musicale Cléopâtre et qu’ils n’ont pas retenu. Je fais pas mal de classement aussi : 83 ans de carrière, ça fait pas mal de trucs à ranger! (rires).Je lis beaucoup aussi.J’ai tous les livres religieux mais je ne suis toujours pas croyant.Comme je n’ai rien fait de mal dans ma vie, si Dieu existe, il ne m’en voudra pas.Et s’il n’existe pas, je ne lui en voudrai pas non plus ! (rires).Sinon, regarde des films et quand je suis ici je m’occupe de ma propriété.Il y a de quoi faire ! (Ce disant, il se lève nous raccompagne à la porte et grimpe dans une voiturette de golf avec son régisseur pour faire le tour du propriétaire)

MC Solaar à Monaco

Événement|

(Photos Philip Ducap)

Aussi improbable que cela ait pu paraître sur le papier,  MC Solaar avait toute sa place dans la magnifique salle Garnier de l’opéra de Monte Carlo, où il était programmé dans le cadre du Sporting Summer Festival 2018. Pour son grand retour à la scène, après plus de dix ans d’absence, Claude MC s’est entouré d’un rappeur, d’un batteur, d’un DJ et de deux super choristes, l’une à la voix soul, l’autre pop. Cinq écrans en fond de scène et un chouette light show complètent le dispositif scénique  du Géopoétique Tour. La setlist équilibre les titres du  nouvel album,  les tubes ( « Qui sème le vent récolte le tempo », « Bouge de là », « Victime de la mode », « Caroline », « Prose combat », « Obsolète », « Nouveau western » ) et quelques chansons  moins connues du répertoire. Toujours aussi peu à l’aise sur scène, avec son look de chanteur de zouk timide (casquette blanche, chemise à fleurs, pantalon bouffant),   MC Solaar est heureusement bien épaulé par ses acolytes qui le poussent dans ses retranchements et rajeunissent un spectacle qui, sans eux, paraîtrait sans doute un peu trop pépère . Le show est cool, coloré et dansant et  pourra plaire aussi bien aux fans de rap français qu’aux amateurs de variétés et de chansons. Il est à nouveau programmé  le 11 août aux Aoutiennes de Bandol et le 7 décembre à  Nice (Nikaia) où on le reverra avec grand plaisir.

Lunallena 2 à Juan-les-Pins

Événement|

Un grand festival pop-rock-reggae-electro,  façon Eurockéennes ou Vieilles Charrues,  pour la Côte d’Azur: c’est avec cette ambition qu’est né en 2017 Lunallena. Avec, pour sa première édition, à Bandol, une affiche assez mirifique ( Phoenix ,  Cocoon, 2 Door Cinéma Club, Vitalic ,  The Kitchies  Alpha Blondy , Kalash, Horace Andy, Bongo White,  Meta & the Cornerstones et Soom T Feat DJ Kunta…). En 2018, Lunallena 2 s’est donc installé dans la pinède de Juan les Pins pour deux soirées mémorables les 26 et 27 juilletA l’affiche, du méga lourd : les Chemical Brothers , Her ,  Bagarre  et Luneapache le jeudi 26 juillet. Suprême NTM, Soja Lucky Chops  et  Kaotik 747  vendredi 27 juillet. Les deux soirées ont fait le plein avec un show tellurique des Chemical Brothers qui a laissé l’assistance les tympans en feu et le retour fracassant de NTM qui a mis le feu à la pinède. On y a aussi eu confirmation du talent de Victor Solf, alias Her,  dont la musique electro soul, la gestuelle habitée (Ian Curtis sort de ce corps !) et la voix profonde ont  été une découverte pour beaucoup de spectateurs (mais pas pour nous).

Etienne Daho à Monaco

Événement|

(Photos Philip Ducap)

Ohé, vous étiez où les Daho Fans ce 1er août ? Pas à Monaco en tout cas. Etienne y a pourtant donné un superbe concert dans l’écrin parfait de l’opéra de Monte Carlo : 500 places à peine et des fauteuils vides… On avait l’impression qu’il jouait dans notre salon, pour la famille et les amis !  La scénographie du Blitz Tour est minimale ( les musiciens jouent devant leurs amplis entourés d’un simple cadre de néons),  mais le light show est magnifique. Le répertoire  se compose des titres des deux derniers albums (Les chansons de l’innocence retrouvée et Blitz) et des tubes incontournables dans des arrangements electro rock, modernes et puissants. Affuté dans son gilet cintré, trés souriant et visiblement ravi d’être là, Daho n’a pas fait cas du peu de monde venu pour l’applaudir et s’est au contraire donné sans compter, testant même un inédit aux sonorités très rock’n’roll.  Dans le Top 3 de nos concerts préférés de l’été !  On  retournera voir Daho  en live le 8 décembre au Palais des Festivals de Cannes.