Fuser
Par Cédric Coppola
Ils s’étaient faits un peu oublier les petits gars d’Harmonix. Mais après un curieux Dropmix – jeu de société interactif prometteur mais inabouti -, ils reviennent enfin sur nos consoles avec Fuser. Une nouvelle bombe musicale inscrite dans la lignée de Guitar Hero et Rock Band… Et grande nouvelle, cette fois il n’y a pas besoin d’instruments en plastique… Quant au rock, il laisse la place au mixes en tous genres. Une chose est sûre, le titre est taillé pour faire danser. Des scènes immenses, un public debout par milliers prêt à s’enflammer et à sauter dans tous les sens et du son en béton. Le programme est alléchant et nous renvoie avec nostalgie dans la période pré-Covid, de fêtes et de joie. A défaut de pouvoir revivre de telles sensations, le virtuel permet de s’en approcher à minima. Et sur ce coup, Fuser le fait bien. Le but est simple, notre DJ préalablement crée choisit une dizaine de disques dans sa bibliothèque composée d’une centaine de chansons (des DLC payants sont aussi à l’ordre du jour) brassant un demi-siècle de musique. Du Rick Astley, du Salt’n Pepa, du Coldplay… le choix est vaste et diversifié. Chacun de ces titres, à quelques exceptions près, est composé de quatre pistes : une rythmique, deux instruments et la partie chant. Tout l’enjeu est de combiner ces éléments pour réaliser un set parfait en variant les plaisirs tout en dosant les moments de calme et d’euphorie.

Si on peut facilement créer des mixes sympas dans le mode Freestyle avant d’en partager des extraits avec la communauté, maîtriser la bête n’est pas si facile. Car non seulement il faut essayer de placer les disques selon un timing précis pour conserver une certaine harmonie mais aussi répondre aux attentes du public, assez exigeant. Certains moments sont aussi plus propices pour le faire lever d’un seul corps. Au fil de la carrière, des fonctionnalités s’ajoutent comme des instruments et des effets de scène. Autre bonne idée, celle d’avoir intégré un mode coopératif et de proposer régulièrement certains défis en ajoutant des contraintes. Reste ensuite à poster son œuvre pour se comparer à tous les autres DJ. Mais toute la force de Fuser vient de la cohérence musicale qui se dégage de cet ensemble. Au départ, le titre semble simpliste, mais au fil des sets, on se rend compte que les possibilités sont extrêmement nombreuses. Un véritable outil ! Très prenant. Seul bémol, la direction artistique. On peut certes moduler les couleurs des projecteurs, des feux d’artifices et personnaliser son avatar mais les couleurs criardes font too much… Les vêtements sont aussi beaucoup trop excentriques… Une petite faute de goût pour un jeu bourré de qualités qui espérons-le, trouvera sa voie. Il en a toutes les qualités. (Jeu testé sur PS4 Pro)
AC/DC : Power Up
Par Philippe DUPUY
Un nouvel album d’AC/DC n’est certes pas ce qui pouvait nous arriver de pire en 2020. Surtout qu’il est bon ! Étonnant pour un groupe qui avait déjà un pied et demi dans la tombe. Chanteur sourd, guitariste rythmique atteint de démence précoce, bassiste à la retraite et batteur en justice : le tableau ne prêtait guère à spéculer sur un gros retour de flamme. Pourtant, à l’exception de son frère mort (et remplacé par son neveu), Angus a réussi à remotiver les troupes au delà de toute espérance et à remettre le son (Power Up). Convenablement appareillé, Brian Johnson chante aussi bien que toujours (voire mieux) sur ce nouvel opus qui sent plus la winne que le sapin. La section rythmique ne fait pas son âge, le jeunot gratteux non plus, Angus riffe et choruse comme si l’avenir de l’Australie en dépendait et les chansons sont plutôt très bonnes. Les trois premières (« Realize », « Rejection », « Shot in the Dark ») sont même carrément excellentes, de même que la 7e, « Demon Fire« , habile démarquage de « Whole Lotta Rosie/Let There Be Rock » (et sommet de l’album), qui fournira matière à de belles cavalcades en live si le Covid n’a pas définitivement tué les concerts en stade. Le reste est plus moyen, mais reste intéressant, dans un genre étonnamment mélodique, comme si le groupe s’amusait à jouer du hard FM à sa manière. Il y a même un semblant de power ballad (« Through the Mists of Time« ) et le dernier titre, « Code Red« , sonne comme du Aerosmith. Bon signe : on a joué de la Air Guitar tout le long en l’écoutant. Comme la galette ne dépasse pas 41 minutes et que la pochette est super belle, l’achat en vinyle s’impose, comme au temps de Back in Black. Sauf que là, c’est plutôt Back in Red !
Yakuza : Like a Dragon
Par Cédric Coppola
C’est avec la larme à l’œil que les passionnés retrouveront la série Yakuza. Depuis 2005, c’est en effet la première fois qu’ils ne suivront plus le périple de l’emblématique Kiryu Kazuma, qui s’est terminé en 2018 dans un fracassant sixième épisode. L’heure est donc au changement. Un nouveau héros : Ichiban Kasuga et un nouveau terrain de jeu Yokohama, qui remplace le quartier historique de Kamurochô où se déroulait également l’excellent Judgement… Une initiative forte, tout comme celle de changer l’approche des combats qui se déroulent désormais au tour par tour. Des choix radicaux… mais payants ! On ne fera pas durer plus longtemps le suspens, Like a dragon fait partie des meilleurs titres sortis cette année. Entièrement sous-titrée en français (les voix sont au choix en Japonais ou en Anglais), cette aventure narrative hautement cinématographique prend aux tripes et insuffle une atmosphère captivante tout en créant une véritable connexion entre les personnages auxquels on s’attache rapidement. Notre nouveau héros élevé dans une maison close, va par fidélité pour son maître, porter le chapeau d’un meurtre commis par un haut gradé afin d’éviter une guerre entre les différents clans. 18 ans plus tard, à 42 balais, il sort de tôle mais se retrouve banni et manque de se faire tuer par son propre mentor… A la rue, il se lie d’amitié avec un sans -abri et un policier qui cherche à faire tomber son ancien patron corrompu jusqu’à l’os… Un trio improbable qui va s’étoffer au fil du temps pour essayer de rétablir la justice.

Non dénué d’humour (les mini jeux comme ramasser des canettes à vélo ou empêcher des moutons de vous endormir devant des films sont hilarants), de références (Ichi est fan de Dragon Quest et on retrouve les salles d’arcades avec d’anciens titres Sega) et riche en rebondissements, l’écriture fait mouche. C’est certes bavard mais le jeu des acteurs est convaincant et on prend plaisir à suivre toutes ces péripéties. Bien qu’il modifie considérablement la formule, l’esprit de la série est conservé. On retrouve donc ses marques rapidement. En plus de passer aux combats au tour par tour, avec des capacités spéciales (certaines sont burlesques), des états (sommeil…), des coups normaux, des armes… ce volet lorgne aussi davantage du côté du RPG, avec des points d’expérience mais aussi de « métier » dans lesquels on se spécialise. De quoi varier tous les affrontements. Le résultat est probant : c’est à la fois dynamique et stratégique. Une bonne nouvelle tant il n’était pas évident de faire oublier les joutes Beat’em’all auxquelles ont était habitués. Et si Yokohama dans sa structure est voisine du précédent quartier, son côté plus lumineux apporte une variété bienvenue. Comme la durée de vie est solide, avec une flopée de missions secondaires et des secrets à découvrir, Yakuza : like a dragon impose sa griffe et accroche, au point qu’on a du mal à quitter sa manette ! (Jeu testé sur PS4 Pro)
Dirt 5
Par Cédric Coppola
Ce n’est pas un secret, Codemasters maîtrise les jeux de course. Ils en sont même les spécialistes. En charge des célèbres Formula 1, ils s’illustrent aussi à travers la série Dirt, anciennement connue des fans sous le nom du regretté Colin McRae. Au programme, du rallye sous toutes ses formes dans un esprit arcade purement décomplexé. De quoi donner des sensations fortes aux pilotes virtuels sur PS4 et Xbox One … Mais aussi sur la prochaine où le titre sera optimisé, histoire de se présenter sur son plus bel écrin. Le mode carrière donne le ton : on va à l’essentiel. La démarche est simple on passe une épreuve, on gagne des jetons qui débloquent les suivantes. Petite particularité on peut choisir entre différents embranchements et revenir en arrière quand bon nous semble. Au fil des exploits, on acquiert de l’expérience qui sert à séduire des sponsors toujours prêts à nous lancer des défis et on gagne de l’argent. Celui-ci servant à acheter des bolides de plus en plus puissants. Les réglages sont minimalistes : les voitures ont une note de vitesse de pointe et de maniabilité.. Forcément, plus on approche du rang S, plus elles sont chères… Les aides au pilotage sont elles aussi présentes pour les débutants. Au niveau des variantes il y a de quoi faire, avec des courses en circuits fermés avec des sections techniques, sur routes ouvertes, des buggys au comportement si particulier… Les décors (Grèce, Afrique du Sud, Norvège, Maroc, New York) ont tous un charme propre et participent au dépaysement. Les tracés sont dans l’ensemble bien conçus et les sensations pad en mains sont là, sur toutes les surfaces. Idem en ce qui concerne l’impression de vitesse, satisfaisante. Autre point positif, la possibilité de jouer en écran splitté sur la même console. Techniquement, si le rendu est propre avec des couleurs volontairement saturées, des petits problèmes d’affichage (on voit par exemple le décor apparaître au loin) sont à corriger. On aurait également aimé un contenu plus étoffé. La carrière se parcourt finalement assez vite et les modes en ligne ou arcade se limitent au strict minimum. Tout semble dépendre du succès du « Battlegrounds » où l’on peut créer ses propres arènes, en choisissant par exemple d’y faire se dérouler une course à checkpoints, des concours de tricks ou du dégommage d’objets en temps limité. L’éditeur est assez basique, mais a le mérite d’être clair et se prend rapidement en main. Bien évidemment, l’idée est de publier ensuite son circuit pour en faire bénéficier les membres de la communauté qui, on l’espère, se prêtera au jeu (Jeu testé sur PS4 Pro)
Working Men’s Club
Si vous pensiez que Fontaines DC avait tué le game et que vous vous apprêtiez à ranger vos disques de Shame, Idles et Murder Capital, attendez d’avoir écouté le premier album de Working Men’s Club pour faire le ménage sur vos étagères. Cette jeune formation des environs de Manchester (Todmorden, West Yorkshire) est en train de réveiller les fantômes de Madchester et de l’Hacienda, avec un album à la fois dansant, rageur et engagé qui rebat les cartes du rock anglais, décidément en plein boom post-punk. Le disque démarre plutôt gentiment, pour ne pas effrayer le chaland sur les plateformes de streaming, avant de se durcir progressivement et de culminer sur un « Be My Guest » séminal qui synthétise le Cure de Pornography, Joy Division et les Chemical Brothers. Derrière, « Teeth » vrille les dents. Bienvenue au club des travailleurs !
Sapiens
Par Denis Allard
Il y a cinq ans paraissait en France Sapiens, l’essai de l’historien Yuval Noah Harari. Véritable phénomène d’édition (650 000 exemplaires vendus en France, 15 millions dans le monde), ce livre s’attachait à nous expliquer de façon claire et pédagogique la naissance de l’humanité. Fort de ce succès, les éditions Albin Michel ont décidé de prolonger l’aventure humaine et éditoriale en adaptant l’essai en bande dessinée. Le pari était risqué, mais il est réussi. Sous la houlette de David Vandermeulen (scénario) et Daniel Casanave (dessin), ce livre composé en quatre parties, nous transporte à travers le temps où Yuval Noah Harari incarné en personnage de Bd nous sert de guide, ainsi qu’à sa nièce Zoé, comme lors de la visite d’un musée. On y apprend qu’il y a 2,5 millions d’années, l’espèce humaine originaire d’Afrique de l’est n’était rien d’autre qu’une espèce animale parmi d’autres. On dénombrait alors pas moins de six espèces humaines différentes : l’Homo Erectus, l’Homo Néanderthalensis, l’Homo Luzonensis, l’Homo Denisovensis, l’Homo Floresiensis et l’Homo Sapiens. De ces six espèces, seule l’Homo Sapiens, dont nous sommes les descendants directs, a survécu. Selon l’auteur, deux événements majeurs sont à l’origine de ce destin. D’abord la révolution cognitive (-70000 ans) qui offrit à Sapiens le sens de la communication et de la coopération en grand nombre. De cette révolution naquit la conquête et la domination du monde. L’autre grande révolution fut agricole (-12000 ans) avec la domestication des plantes et des animaux. Le tour de force de cette Bd est qu’elle parvient à la fois à nous instruire et à nous divertir tout en instillant une dose d’humour. Ainsi, le dernier chapitre du livre appelé Serial killers intercontinentaux met en scène Sapiens (surnommé « le gang des Sapiens » !), lors d’un procès contemporain, dans le rôle du tueur en série responsable de l‘extinction des espèces animales passées. Une Bd réussie en tout point, qui à coup sûr séduira un large public et sera le cadeau idéal pour les fêtes de fin d’année.
Bruce Springsteen: Letter to You
On a découvert les chansons du nouvel album de Bruce Springsteen dans le makin of de l’album qu’Apple TV+ a diffusé la veille de la sortie du disque. Un film de 90 minutes en noir et blanc où on voit le Boss enregistrer l’album « live en studio » avec le E Street Band, dans leur local du New Jersey. Entre deux toasts (ça picole sec) et trois compos dont on le voit parfois chanter la démo pour le groupe en s’accompagnant à la guitare acoustique, le Boss contextualise et se raconte en voix off, comme il l’avait fait pour son show de Broadway et pour le film du concert de Western Stars (tous deux également réalisés par Thom Zimny). Il explique n’être jamais lassé de la conversation qu’il a entamée avec son public il y a plus de 40 ans et constate épaté, en écoutant les bandes, que son groupe joue mieux que jamais. Effectivement, dès que le E Street Band se met en branle les chansons prennent une ampleur formidable. Ainsi enregistrées (en 5 jours chrono), elles ont la puissance et la spontanéité du live. Les textes ont beau paraître parfois simplistes, des thématiques fortes s’en dégagent : le temps qui passe, les amis qui s’en vont, la vie qui file, les bonheurs qu’elle dispense (l’amitié, l’amour, la beauté du monde, la musique) et dont il faut profiter avant qu’il ne s’enfuient… L’album est dédié à George Thiess, avec lequel Bruce avait formé son premier groupe en 1965, les Castiles, dont il est aujourd’hui le dernier membre survivant. Il compte aussi deux chansons écrites avant Greetings From Ashbury Park, auxquelles le groupe donne une nouvelle vie. Après la parenthèse Broadway et son album country (Western Stars), le Boss revient à ses racines avec cet album à la fois spontané et nostalgique, plein de guitares et de glockenspiel, qui ravira les fans de la première heure. On prie pour que le Covid le laisse venir le jouer chez nous, puisqu’on apprend dans le film que la tournée mondiale était censée débuter au stade de San Siro, à Milan.
Gainsbourg : Palace 1979
(Photo Patrick Siccoli)
En décembre 1979, ayant écoulé quelque 400 000 exemplaires de son album reggae (Aux armes et cætera), Gainsbourg investit Le Palace à Paris, avec ses musiciens jamaïcains, pour 13 concerts qui resteront dans les annales. La setlist se compose des titres de l’album, complétés par trois anciennes chansons réorchestrées pour l’occasion : « Docteur Jekyll et Monsieur Hyde », « Harley Davidson » et « Bonnie and Clyde ». Pour ceux qui avaient eu la chance d’y assister, l’album live sorti dans la foulée ne donnait, hélas, qu’une piètre idée de la magie de ces 13 soirées. Pour cette réédition, les bandes enregistrées les 26, 27 et 28 décembre 1979 ont été entièrement remixées et remasterisées et le concert est enfin présenté dans son intégralité et sa continuité. Ça change tout ! Le nettoyage piste par piste des bandes a permis de gagner en netteté de façon significative, tout en conservant tout le spectre des fréquences sur la voix de Gainsbourg. Un minutieux travail de restauration sonore a également permis de sauver de l’oubli deux prises inédites de haut vol : « Daisy Temple » et « Docteur Jekyll et Monsieur Hyde ». Quarante ans après, cette nouvelle version du Live au Palace est le témoignage unique de la résurrection scénique de Gainsbourg, porté par un groupe de légende. Rigoureusement indispensable.
Rolling Stones: SW Live
(Photo Kevin Mazur)
En 1989, après 8 ans d’absence des scènes mondiales (et de bonnes cures de désintoxication pour Keith Richards et Ron Wood), les Rolling Stones sont de retour et imposent avec la tournée Steel Wheels un nouveau format scénique : le stadium rock. Le show est grandiose, spectaculaire et d’une longueur inusitée pour le groupe : 2h30. Ils jouent tous leurs tubes et les bonnes chansons du nouvel album éponyme. Contrairement aux tournées suivantes, où seul le décor de scène changera, la setlist est encore toute fraîche et on sent un véritable plaisir de revisiter leurs tubes. Le son est énorme: les oreilles de ceux qui étaient au concert du stade Vélodrome à Marseille s’en souviennent encore ! Celui proposé sur cette édition CD+Dvd a été capté à Atlantic City, où le groupe était rejoint sur scène par Eric Clapton , Axl Rose et John Lee Hooker. Une nouba gargantuesque ! L’image n’est pas terrible, mais les pistes audio déchirent.
The Apartments : In And Out…
In and Out of the Light (on adore déjà le titre) décrit assez bien la position de The Apartments dans le paysage musical international. Ce groupe Australien, essentiellement composé de Peter Milton Walsh, ne cesse d’apparaître et de disparaître des écrans radars depuis 1985, prenant juste le temps de déposer à portée d’esgourdes quelques chansons parfaites avant de s’évanouir aussitôt dans la nature. « Beauté pure », « Clair obscur », « splendeur mélancolique », « élégance » sont les termes qui reviennent le plus dans la chronique de leurs magnifiques albums. In and Out… est leur septième et ne fait pas exception: c’est une merveille qui rappellera de bons souvenirs aux fans de Prefab Sprout et des Daintees. Avec ces 8 nouvelles chansons à écouter au coin du feu, on est parés pour l’hiver.
Jeux Indés 3
Par Cédric Coppola
A l’heure où les mots PS5, RTX 3080, Xbox Series X et « ruptures de stocks » sont sur toutes les lèvres des gamers, nombre de jeux indés essaient d’exister et de se créer une place sur PS4 ou Nintendo Switch. Zoom sur certaines propositions conçues aux quatre coins du monde, qui brillent par leur originalité et ont de quoi occuper plusieurs heures à prix modéré…
OkunoKA
Le premier d’entre eux, « OkunoKA » vient d’Italie et s’inspire fortement du best-seller « Super Meat boy ». La mission du petit héros Ka est d’empêcher un grand méchant de corrompre des esprits et ainsi sauver le monde. Jusqu’ici la mission semble classique… Pad en main, c’est une autre paire de manche puisque le Die and Retry est de rigueur. Sauter, courir… et changer de couleur, en l’occurrence d’éléments pour transformer des nuages en plateforme… Les actions ne sont pas très nombreuses, mais la prise en main est limpide et Ka répond au doigt et à l’œil. La structure des petits tableaux est, par contre, extrêmement fourbe avec des ennemis à foison et des pièges qui nous obligent à calculer puis à doser le moindre déplacement. Ne pas se fier donc au design mignon et coloré. Le jeu est dur, très dur, véritablement pensé pour le speed-run. Seuls les meilleurs et/ou les persévérants en verront le bout. (Jeu testé sur PS4 Pro)
No Straight roads
C’est en Malaisie qu’a été développé « No Straight roads ». Là encore, l’originalité est de rigueur puisque les petits gars de Metronomik ont situé l’histoire dans une ville gouvernée par l’électro… Forcément cela ne convient pas au groupe de rockeurs que l’on est sommé d’incarner dans cette aventure en 3D. En plus des phases d’exploration ponctuées de plateformes, rappelant volontairement l’ère des 32 bits, on note des combats de boss endiablés. Tous ont leur propre rythme qu’il faut capter, puis contrer à l’aide de ses instruments. Les notes de musiques servent de munitions. De quoi proposer un gameplay hybride, inspiré par le jeu de rythme mais où l’action reste prioritaire.… Autre bon point, la BO – contrairement aux doublages en VF, présents mais à la synchronisation labiale décevante – est réussie. Quant au design, avec des graphismes un peu cubiques et des couleurs flash, il a son charme, mais ne plaira pas à tout le monde. Il est en tous les cas cohérent avec cette proposition peut-être pas inoubliable, mais plaisante à parcourir. (Jeu testé sur PS4 Pro)

Maid Of Sker
Rendez-vous au pays de Galles… pour « Maid Of Sker ». Wales Interactive situe, en effet, son aventure dans une inquiétante bâtisse au fin fond du pays britannique. Inspiré par une histoire vraie qui serait survenue en 1987, le périple nous demande d’incarner un certain Thomas, homme qui reçoit un appel à l’aide de sa dulcinée. Arrivé sur les lieux, il découvre un hôtel délabré et l’horreur ne tarde pas à pointer le bout de son nez. Un lieu hanté où les petits frissons sont garantis. Pas question ici de sortir l’artillerie lourde, mais d’avancer à tâtons en retenant sa respiration et en résolvant des énigmes. Pas très difficile – l’IA n’est pas la meilleure qui soit et il est facile de la prendre à revers -, le jeu brille essentiellement par sa narration et son ambiance, travaillée avec soin. Les amateurs d’horreur apprécieront. (Jeu testé sur PS4 Pro)
Windboud
Last but not least, direction… l’Australie et plus précisément à Brisbane lieu où 5 lives Studios, a imaginé « Windboud ». Comme principale influence de leur jeu de survie, les développeurs se sont inspirés du cultissime « Zelda Breath of the Wild ». Sans égaler cette référence, le titre ne manque pas d’intérêt et propose un réel défi. L’héroïne que l’on dirige, dans le mode histoire, découpé en chapitres ou dans son pendant survie, où chaque mort est définitive doit composer avec son environnement. A savoir un archipel coloré, qui abrite une faune et une flore conséquentes. Pour rester en vie mieux vaut gérer convenablement ses jauges de vie et d’endurance. Surtout lors du combat. Il faut également crafter un maximum de matériaux pour construire des objets très pratiques. Au fil du temps, le personnage gagne en confiance et s’attache à améliorer son bateau pour rejoindre d’autres îles. Mais comme le titre le suggère, le vent joue un rôle prépondérant et il faut sans cesse composer avec lui lorsqu’on s’improvise capitaine. En résulte un jeu frais, un peu répétitif à la longue mais qui a le mérite de dépayser les joueurs Switch durant quelques (Jeu testé sur Nintendo Switch)
Mylène Farmer: L’ultime création
Le pitch
Épilogue hors normes d’une œuvre débutée avec l’album Désobéissance, cette série documentaire, sur les préparatifs des concerts donnés en juin 2019 à Paris La Défense Arena, est un voyage immersif inédit dans l’univers créatif de Mylène Farmer, rythmé comme un compte à rebours fascinant qui nous mène jusqu’au grand rendez-vous avec le public.
Ce qu’on en pense
En juin 2019, Mylène Farmer a donné 9 concerts complets à La Défense Arena à Paris, avec un show si gigantesque (62 semi remorques de matériel !) qu’il ne pourra être donné nulle part ailleurs. A défaut de tournée, le film du concert a été diffusé au cinéma cet hiver et est disponible en dvd. Le making of, découpé en trois épisodes, fait désormais l’objet d’une mini série sur la plateforme Amazon Video. Les caméras de Mathieu Spadaro ont suivi la chanteuse de 5 semaines avant le premier show jusqu’au soir du dernier. On l’y voit en répétition, en coulisses et sur scène, confiant en voix off ses doutes, ses peurs et ses pensées. Le travail avec les danseurs tient la majeure partie du documentaire, qui ravira sans doute les fans (Mylène n’a jamais été très prodigue de coulisses et de confidences), mais ne leur apprendra pas grand chose malgré sa longueur inusitée (3 X 50 min !). Tout est centré sur la chanteuse, les membres de son équipe et de sa garde rapprochée ne font que des apparitions dans le cadre, certains ne sont même pas nommés. On aurait pourtant aimé en savoir plus sur leur collaboration et sur la performance technique qu’a constitué l’élaboration de ce spectacle. Le plus énorme qu’ait donné Mylène et peut-être le dernier, comme semble le suggérer le titre du documentaire…
Sign O’ The Times Super Deluxe
Par Philippe DUPUY
« In France a skinny man died from a big disease with a little name » . En 1987, Prince refermait le cercueil sur les années Sida avec Sign O’ The Times , double album qui marqua le sommet de sa carrière discographique. 37 ans plus tard, alors qu’un autre « gros virus avec un petit nom » fait des ravages, l’album ressort en version remastérisée Super Deluxe, augmenté de 68 (!) titres rares, lives et inédits répartis sur 8 CDs et un DVD. Et force est de constater que, non seulement il n’a pas vieilli, mais que personne n’a fait beaucoup mieux depuis. Sign O’ The Times est un chef-d’oeuvre du calibre de Blonde on Blonde (Dylan) ou de Bitches Brew de Miles Davis, qui fait une apparition quasi miraculeuse sur le live que la succession Prince a mis en ligne sur Youtube pour la sortie de la réédition. Enregistré le 31 décembre 1987 à Paisley Park, devant une toute petite audience, ce show caritatif du nain pourpre rappelle a quel point les concerts de Prince étaient exceptionnels. Ils le furent jusqu’au bout, mais celui-là restera un des plus incroyables qu’il ait jamais donnés. A cause de la présence divine de Miles à l’un des multiples rappels, bien sûr, mais aussi parce qu’il s’inscrivait à la fin de la tournée Sign O’ The Times et que le groupe princier, avec Sheila E à la batterie, était au sommet de sa formidable cohésion. En DVD dans le coffret Super Deluxe, le live de Paisley Park est accompagné d’un CD du concert donné Utrecht durant la même tournée. Le son est encore meilleur et même sans l’image, la magie princière déborde les enceintes.
Les Graciées
1617, Vardø, au nord du cercle polaire, en Norvège. Maren Magnusdatter, vingt ans, regarde depuis le village la violente tempête qui s’abat sur la mer. Quarante pêcheurs, dont son frère et son père, gisent sur les rochers en contrebas, noyés. Ce sont les hommes de Vardø qui ont été ainsi décimés, et les femmes vont désormais devoir assurer seules leur survie. Trois ans plus tard, Absalom Cornet débarque d’Écosse. Cet homme sinistre y brûlait des sorcières. Il est accompagné de sa jeune épouse norvégienne, Ursa, qu’il a épousée en chemin, comme on achète un chien de traîneau. Enivrée et terrifiée par l’autorité de son mari, elle se lie d’amitié avec Maren et découvre la dure vie des femmes de pêcheurs. Absalom, lui, ne voit en Vardø qu’un endroit où Dieu n’a pas sa place, un endroit hanté par un puissant démon… Inspiré de faits réèls, Les Graciées immerge le lecteur dans une Norvège moyenâgeuse, glacée et boueuse, où les femmes peuvent encore être brûlées vives pour avoir porté un pantalon de travail, où être accusées de sorcellerie pour avoir exposé sur leur cheminée de simples amulettes en guise d’ex-votos. La prose viscérale et immersive de Kiran Millwood Hargrave envoute et captive jusqu’au terrible final, avec des descriptions précises et de superbes personnages de femmes. On voit le grand film historique qu’un réalisateur nordique pourrait tirer de ce magnifique roman…
Goat’s Head Soup: Super Deluxe Edition
Par Philippe DUPUY
Onzième album des Rolling Stones, sorti le 31 août 1973, Goat’s Head Soup fait l’objet comme ses deux prédecesseurs (Sticky Fingers et Exile on Main Street) d’une réédition « super deluxe » avec nouveau mixage, remasterisation et nombreux bonus (mixes alternatifs, versions instrumentales, 3 inédits, 1 album live, épais livret, posters…). Décrié à sa sortie, malgré le gros succès commercial d’ « Angie » et jamais vraiment réhabilité, l’album fait pourtant partie des chefs d’oeuvre du groupe. Ce que cette luxueuse réédition devrait permettre de confirmer car…
L’album original est un chef-d’oeuvre
Porté par la ballade lacrymale « Angie » (le plus grand tube des Stones depuis « Satisfaction« ), Goat’s Head Soup regorge de chansons devenues des classiques ( « Dancing with Mr D », »Starfucker », « Silver Train », « Heartbreaker ») et d’autres qui auraient mérité de le devenir (« 100 Years Ago », « Comin Down Again », « Hide Your Love »). Les parties de guitare de Mick Taylor (qui venait visiblement de découvrir la pédale wha-wha) sont fabuleuses et c’est le dernier album du groupe produit par Jimmy Miller, qui travaillait avec eux depuis Beggar’s Banquet. Beggar’s, Let it Bleed, Sticky Fingers, Exile… Que des chefs d’oeuvre ! Goat’s Head Soup ne fait pas exception.
Le nouveau mix sonne plus propre
Jagger a souvent dit qu’il regrettait le mixage de Goat’s Head Soup (En même temps, il a dit ça de la plupart des albums classiques des Stones…) . Le nouveau mix a, semble-t-il, essentiellement consisté à mettre le chant en avant, sans trop écraser le reste. Alors que l’album original paraissait baigner dans une brume opiacée (à laquelle renvoie d’ailleurs la magnifique pochette de David Bailey), le nouveau mixage a éliminé ce léger voile entre les pistes, pour mieux les séparer. Ça sonne plus propre (on comprend même les paroles et la basse de Bill Wyman est ressuscitée), mais on préfère quand même le mix crade original de Jimmy Miller.

Keith en studio en 1973 (Photo Jim Marshall)
Les inédits sont sympas
Trois chansons extraites des séances d’enregistrement et jamais publiées officiellement font partie des bonus de cette réédition. « Criss Cross » est la plus aboutie et aurait très bien pu trouver place sur l’album original. Un bon riff de Keith, suivi d’une progression d’accords qui rappelle celle de « Brown Sugar« (un peu trop peut-être ?) et la voix de Jagger au sommet de sa « sexitude ». « Scarlet » ressemble plus à une jam de studio avec Jimmy Page, le guitariste de Led Zeppelin, qui a peut-être apporté le gros riff zeppelinien. La chanson fait l’objet de deux remixes étonnants signés War on Drugs et The Killers+ Jacques LU. « All The Rage » annonce un peu le format futur des chansons des Stones: une ligne de guitare sautillante, la voix de Jagger très en avant, solo de Keith et Mick Taylor aux abonnés absents. Loin de la musicalité extrême de Goat’s Head Soup, qui reste le dernier grand disque mélodique des Stones.
Les bonus sont intéressants
Mix alternatif (« Hide Your Love« ), instrumentaux (« Heartbreaker », « Dancing with Mr D »), les bonus méritent d’être écoutés. Mais si on remet le disque bonus sur la platine, c’est surtout pour la version piano-voix de « 100 Years Ago« . Grande chanson, superbe version.
Le live est top
Qui ne connaît pas le live Brussel’s Affair ? Cet enregistrement pirate du concert des Stones au Forest National de Bruxelles, qui a fait déjà l’objet d’une édition « From the vault » il y a quelques années, fait partie des « must have » de tout fan qui se respecte. Interdit de séjour en France depuis les frasques de Keith à Nellcote, le groupe jouait pour ses fans français (acheminés en train par une radio périphérique parisienne) et avait visiblement mangé du lion ce soir-là. Keith est totalement survolté et même Mick Taylor a du mal à suivre le tempo. Jagger est obligé de terminer de chanter seul « Happy » car Keith a tout donné. Le final sur « Street Fighting Man » (dis)sonne comme du Velvet Underground, mais la version de « Gimme Shelter » est une des meilleures jamais enregistrées par les Stones en live. C’est le meilleur témoignage officiel des mythiques tournées 1972-1973 et sans aucun doute le meilleur live des Stones avec Get Yer Ya Ya’s Out.
Le coffret vinyles s’impose
La pochette originale est une oeuvre d’art (signée David Bailey) qu’on a envie d’exposer ou en tout cas de manipuler pendant l’écoute. On choisira donc le coffret vinyles 4 LP plutôt que le 3CD +1 Blu Ray. A moins de vouloir absolument avoir les vidéos (Dancing With Mr D / Silver Train / Angie) du Blu Ray, qu’on peut trouver, en moindre qualité certes, sur Youtube…
















